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ARLINGTON, Virginie – Sur le strict plan géographique, il y a 2832 kilomètres qui séparent Bakersfield, en Californie, de la capitale albertaine, Edmonton. Malgré la distance et une frontière entre les deux villes, Olivier Rodrigue a le sentiment qu’il a déjà parcouru un bon bout du chemin.

À 24 ans, Rodrigue est à l’aube d’une saison déterminante pour sa jeune carrière. Maintenant établi comme l’un des bons gardiens de la Ligue américaine, le Québécois aspire à passer à l’étape suivante, celle de la LNH.

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« Cette année, je dirais que c’est la première fois que je sens que je peux avoir une chance, a dit Rodrigue. J’aimerais au minimum jouer mes premiers matchs dans la LNH et recevoir des rappels. Je verrai ça comme un vote de confiance. »

Les Oilers miseront encore sur Stuart Skinner comme numéro un et sur Calvin Pickard comme adjoint. Pickard, un vétéran de 32 ans, a paraphé un contrat de deux ans (1 million $ par saison) le 28 juin dernier.

Même s’il se retrouve dans le siège du troisième gardien encore une fois, Rodrigue n’a pas l’intention de baisser les bras.

« Je m’en vais à Edmonton immédiatement après mon passage à Arlington (4 septembre), a-t-il précisé. Je pars là-bas avec comme objectif de gagner une place au sein des Oilers. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Il peut toujours y avoir une blessure. Quand je me présente à un camp, j’ai toujours comme mentalité que je veux obtenir une place dans l’équipe. On ne peut pas contrôler ce que l’organisation peut penser ou les décisions. Mais je peux contrôler mes performances. Je donnerai tout ce que je peux. »

Choix de deuxième tour des Oilers au repêchage de 2018, Rodrigue a maintenant une carte de plus dans son jeu. Si Stan Bowman, celui qui a remplacé Ken Holland comme directeur général des Oilers, ne lui trouve pas une place à Edmonton, il pourrait le perdre au ballottage.

Rodrigue est conscient de cette réalité.

« Au bout de la ligne, tu cherches surtout à obtenir une opportunité », a affirmé le gardien originaire de Chicoutimi. « On est attaché à notre équipe, mais ça reste une business. Tu dois parfois être égoïste. Je joue pour moi aussi et pour une place. J’aimerais avoir ma chance, idéalement avec les Oilers. Mais si ce n’est pas le cas, avec une autre organisation. »

À sa quatrième saison chez les pros, Rodrigue a montré un dossier de 19-12-5 avec une moyenne de 2,73 et un taux d’efficacité de ,916 avec les Condors de Bakersfield. Il a partagé le filet pour une grande portion de la saison avec Jack Campbell, qui a vu son lourd contrat être racheté par les Oilers à la fin de l’année.

« Je m’entendais vraiment bien avec Jack, a souligné Rodrigue. Au départ, il n’était pas heureux de se retrouver dans la Ligue américaine et je pouvais le comprendre. Mais il a rapidement chassé ses mauvais sentiments pour agir comme un très bon mentor. Il m’aidait beaucoup. »

À la vitrine des meilleurs espoirs de la LNH, un événement organisé conjointement par l’Association des joueurs et le fabricant de cartes Upper Deck, Rodrigue était l’unique espoir des Oilers parmi les 35 joueurs. Ivan Fedotov, des Flyers de Philadelphie, avait aussi reçu un carton d’invitation comme unique autre représentant chez les gardiens.

« Je me trouve vieux ici », a lancé Rodrigue avec un sourire en coin. « Je gravis les échelons et je m’approche de la LNH. Je trouve ça agréable d’obtenir une reconnaissance. Pour un gardien, on dit souvent que le développement prend plus de temps. »

Le départ du paternel

À Bakersfield, Rodrigue restait loin d’Edmonton et du Saguenay, mais il ne se retrouvait pas complètement déraciné. Son père, Sylvain, occupait le poste d’entraîneur des gardiens.

Au sein de l’organisation des Oilers depuis la saison 2014-15, Sylvain a choisi de vivre une aventure différente cette saison avec les Panthers de la Floride. Il agira comme entraîneur des gardiens pour les Checkers de Charlotte, l’équipe-école des Panthers dans la Ligue américaine.

Le fils devra maintenant s’adapter à un quotidien sans la présence du paternel.

« On a toujours travaillé ensemble, a-t-il répliqué. Durant l’été, je serais stupide de ne pas travailler avec mon père. Il est un très bon entraîneur des gardiens. J’aimais être avec lui. J’ai passé quatre belles saisons avec lui. Parfois, tu dois jongler entre la relation du père et du fils, et celle de l’entraîneur et du joueur. Nous nous entendions bien, il n’y avait pas de chicane. C’est la personne qui me connaît le plus au monde, avec ma mère. Il savait quoi me dire pour me faire réagir quand je passais une journée plus difficile. Il m’a toujours dit que la journée où il sentirait que je suis prêt, il me laisserait aller. C’est maintenant le cas. »

Skinner comme modèle

Au printemps dernier, Rodrigue a passé beaucoup de temps dans l’environnement des Oilers comme membre de l’escouade des réservistes (black aces). Sans partager la glace lors des entraînements, il a renoué avec un ancien coéquipier en Stuart Skinner.

« J’ai croisé Skinner à mes deux premières saisons chez les pros, a-t-il rappelé. À la première saison après la COVID, nous avions joué une saison au complet ensemble à Bakersfield. Pour la saison suivante, je me faisais promener un peu plus. J’ai un parcours un peu similaire à Skinner au même âge. Je peux grandir aussi de mes expériences. Je sais que je pourrais bien jouer au prochain niveau. Je viens de connaître deux très bonnes saisons à Bakersfield. Je souhaite bâtir là-dessus. Skinner est une inspiration pour moi.

« Il vient d’Edmonton, il a la ville derrière lui, mais il avait aussi beaucoup de pression. Il a bien joué en séries. C’est un gardien fort mentalement, il sait toujours se relever. »