MONTRÉAL- André Tourigny allait concrétiser un rêve en dirigeant un match de la LNH au Centre Bell, mardi. L'entraîneur recrue des Coyotes de l'Arizona aimerait que davantage de ses homologues québécois aient la même chance que lui.
Vibrant plaidoyer d'André Tourigny pour la LHJMQ
L'entraîneur recrue des Coyotes de l'Arizona s'explique mal qu'il y ait si peu de « têtes de hockey » de la 'Q' dans la LNH
À quelques heures de l'affrontement des Coyotes contre les Canadiens de Montréal, Tourigny y est allé d'un vibrant plaidoyer à l'endroit du talent des « hommes de hockey » de la LHJMQ, qu'il juge être trop souvent ignoré.
« Je suis un gars de la 'Q' et je trouve ça dommage qu'on ne reconnaisse pas la 'Q' », a commencé par dire le pilote âgé de 47 ans. « Il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs de la LHJMQ qui sont dans la LNH. Pas uniquement des Québécois, mais des gars qui proviennent de la LHJMQ. Il n'y en a pratiquement pas. Il y a Mario Duhamel (Arizona), Pascal Vincent (Columbus) et moi. Je ne pense pas qu'on en trouve d'autres. C'est épouvantable. »
En fouillant quelque peu, on en trouve quelques autres comme Gerard Gallant qui est entraîneur des Rangers de New York et Frantz Jean qui est entraîneur des gardiens du Lightning.
« Je trouve ça triste de voir que nous ne sommes pas plus reconnus », a repris Tourigny du même souffle. « C'est la même chose pour les recruteurs. Il y a des directeurs généraux dans la LHJMQ qui ne seront jamais engagés. Je pense à Jacques Carrière qui est un très bon DG (Eagles du Cap-Breton). Je pourrais en parler longtemps.
« Benoît Groulx est le meilleur entraîneur contre lequel j'ai dirigé dans la 'Q' et il n'a pas encore obtenu sa chance dans la LNH, a-t-il relevé plus tard. Il va finir par l'avoir, mais ça ne me rentre dans la tête qu'il ne l'ait pas encore eue », a lancé Tourigny en parlant de l'entraîneur du Crunch de Syracuse, équipe-école du Lightning de Tampa Bay dans la Ligue américaine.
Tourigny a expliqué qu'il a dû s'expatrier dans la Ligue junior de l'Ontario afin qu'on remarque son potentiel. Il a été à la barre des 67 d'Ottawa pendant trois saisons, avant d'obtenir le poste d'entraîneur des Coyotes l'été dernier. Il avait auparavant passé 11 saisons dans la LHJMQ, incluant 10 avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Il avait par ailleurs fait une première incursion dans la LNH en agissant comme adjoint de Patrick Roy au cours des trois saisons que Roy a dirigées avec l'Avalanche du Colorado, entre 2013 et 2016.
« Quand j'ai choisi d'aller coacher dans la OHL à Ottawa, deux personnes m'ont prédit que je passerais directement de la OHL à un poste d'entraîneur-chef dans la LNH. Ils ne m'ont pas dit que je serais adjoint, mais entraîneur-chef. Et c'est ce qui est arrivé.
« Il n'y a personne qui peut rêver de faire ça dans la 'Q' », a-t-il poursuivi son envolée oratoire. « Pourtant, j'ai coaché pendant 12 ans dans la 'Q'. Je reste le même gars. Je parle les mêmes langues et j'ai le même accent en anglais, au Québec ou en Ontario. Je trouve que la 'Q' est mésestimé au niveau des têtes de hockey. Je n'ai pas d'explications pour ça et je ne veux pas politiser le débat. »
Ça, c'était le volet A de la réponse qu'il a fournie à la question initiale qui était comment il avait accueilli l'embauche de l'inexpérimenté Martin St-Louis à la barre des Canadiens, à titre d'ancien de la LHJMQ qui avait mangé son pain noir avant de finalement se voir offrir une occasion dans la LNH?
« Je ne connais pas Martin St-Louis », a-t-il continué pour le volet B. « Je trouve qu'il apporte une très belle passion au Canadien. J'ai aimé sa première conférence de presse. Je vois aussi les succès du CH. C'est exceptionnel ce qu'il fait. Il possède les qualités pour occuper ce boulot, ça se voit. »
Sur le plan personnel, le pilote natif de Nicolet, près de Trois-Rivières, était heureux de pouvoir partager un moment heureux avec les membres de sa famille et de sa garde rapprochée.
« Moi, je suis un gars du peuple. Pour moi, de coacher mon premier match à Montréal, ça me rend surtout heureux de le faire devant ma famille et mes amis. Ça veut dire beaucoup pour moi. Le reste, c'est juste matériel. Ce n'est rien de concret. Ce qui me touche, c'est de voir la fierté ressentie par les gens que j'aime. »
Malade, le père de Tourigny n'a pas pu assister à la rencontre, mais sa mère était sur place.
« Mon père et ma mère sont des modèles pour moi. J'ai toujours appris d'eux et je repense à leurs leçons. Je dis toujours que ma mère commence à sourire avant de se réveiller. Elle est toujours de bonne humeur. Je veux garder cette mentalité. Il n'y a jamais de mauvaise journée. On peut mal jouer, mais le lendemain, on doit retrouver le sourire. Mon père, lui, c'est le calme et l'homme réfléchi. J'ai appris aussi avec le temps à devenir moins impulsif. Quand les fils commencent à se toucher, je peux me contenir mieux. Je me dis qu'on en reparlera le lendemain. Ça, c'est de mon père.
« Je 'coacherai' contre le Canadien avec mes parents qui regarderont le match. Je trouve ça 'hot' », a-t-il conclu.