MONTRÉAL – Le tapis aurait bien pu glisser sous les pieds des joueurs des Canadiens, samedi. On pouvait voir le même scénario, vécu un peu trop souvent depuis le début de la saison, s’écrire lentement.
Après une domination dans une première période au cours de laquelle elle s’était taillé une mince avance d’un but, la troupe de Martin St-Louis est sortie complètement à plat en deuxième période. Elle a encaissé le but égalisateur, et ne générait à peu près rien de bon.
Fragile comme elle est en ce moment, elle aurait bien pu s’effondrer et laisser les Blue Jackets de Columbus se sauver avec la victoire. Au lieu de ça, le capitaine Nick Suzuki a redonné l’avance aux siens avant de retourner au vestiaire, et ils ont enfilé trois buts en troisième pour confirmer un gain de 5-1.
« De temps en temps, on va ressentir les effets de la jeunesse de notre équipe, a affirmé le pilote après la deuxième victoire des siens en neuf matchs. On a joué un match solide pendant de longs moments. Mais dans ces neuf minutes, j’avoue que j’étais un peu inquiet. »
Pas qu’il s’agisse nécessairement d’une mauvaise tendance, mais il n’est pas rare de voir la formation montréalaise échapper des matchs en raison de courtes périodes de relâchement, cette saison.
Ces neuf longues minutes au cours desquelles le Tricolore a été dominé 4-1 aux tirs et 1-0 dans la colonne des buts auraient facilement pu s’ajouter à cette liste déjà exhaustive. Or, les locaux ont trouvé le moyen de se réanimer – peut-être grâce à l’électrochoc du furieux combat qu’a livré Arber Xhekaj à Mathieu Olivier.
Personne n’y a fait allusion directement, mais l’imposant défenseur a justement accepté de valser avec le dur à cuire québécois dans la neuvième minute de l’engagement. Il n’y a pas de coïncidence.
« J’étais agacé et les gars sur le banc aussi, a renchéri St-Louis. On avait de la difficulté à mettre des rondelles derrière eux. On avait des occasions, mais on se compliquait la vie. Il fallait qu’on simplifie notre jeu et je crois que le trio de (Christian) Dvorak a fait exactement ça pour nous remettre sur les rails.
« Tout le monde s’est dit : ‘’Ok, on a le momentum à nouveau.’’ »
Suzuki marquait quelques instants plus tard, et c’est tout ce dont les hommes de St-Louis avaient besoin pour venir à bout d’une équipe qui avait battu les Penguins de Pittsburgh 6-2 à domicile, la veille. Lucas Condotta, Jake Evans et Josh Anderson ont terminé le travail en troisième.
Fait à noter, c’était la deuxième fois en trois matchs – et la troisième fois de la saison – que le Tricolore inscrivait au moins cinq buts dans un match.
« Les choses n’ont pas tourné souvent en notre faveur offensivement, récemment, a souligné Suzuki. Nous avons gardé le cap. Nous comptons sur plusieurs joueurs qui peuvent marquer dans ce vestiaire, mais la confiance s’était un peu évaporée. J’espère que ça pourra nous lancer sur une bonne séquence. »
Voilà pour l’aspect offensif. À l’autre bout de la patinoire, malgré l’absence d’un David Savard blessé au haut du corps, la brigade a bien gardé le fort. Elle a limité les Jackets à 26 tirs, dont huit de qualité selon NaturalStatTrick – une amélioration bien sentie et appréciée, notamment par Samuel Montembeault.
Le gardien québécois a accordé un but ou moins pour la troisième fois seulement de la saison, une première depuis le troisième match du calendrier face aux Sénateurs d’Ottawa, le 12 octobre.
« Quand on est en reconstruction, on essaie de voir l’identité qu’on veut donner à l’équipe pour l’avenir, a expliqué St-Louis. On veut être une équipe difficile à affronter offensivement, et une équipe difficile à affronter défensivement. »
On a pu en voir les fondations, samedi. La question est de savoir si ça se poursuivra lors de ce séjour à domicile contre des équipes plus menaçantes, dont les Oilers d’Edmonton, lundi.
Slafkovsky dans la niche
Si le jeu collectif s’est mérité une bonne note pendant 51 minutes, on ne peut en dire autant au chapitre individuel. Insatisfait du rendement de Juraj Slafkovsky, St-Louis ne lui a offert qu’une seule présence en deuxième moitié de deuxième période.
Le gros Slovaque a dû patienter cinq minutes en troisième avant de finalement retrouver sa place sur le trio de Suzuki en compagnie de Kirby Dach. Pendant son purgatoire, le jeune de 20 ans est demeuré au bout du banc, accoudé sur le bord de la bande, visiblement mécontent.
« J’ai parlé à Slaf, je n’ai pas trop aimé son langage non verbal, a raconté le capitaine. Tu ne peux pas avoir l’air abattu comme ça. Je savais qu’on aurait besoin de lui en troisième. Il devait se tenir prêt. C’est une leçon pour lui. Il reste un bon joueur. Ces choses-là se produisent parfois. »
En fin de compte, Slafkovsky a été utilisé pendant 16:56, à peine deux minutes de moins que Dach. Le message de l’entraîneur a toutefois été passé.