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PITTSBURGH – « Connor, bienvenue dans la LNH, mon homme. »

Même sans ces paroles de l’arbitre en chef Kelly Sutherland, Connor Bedard aurait compris dans quelle ligue il se trouvait. Devant lui à la mise au jeu initiale, nul autre que Sidney Crosby, le joueur qu’il a idolâtré alors qu’il gravissait les échelons pour finalement parvenir jusqu’à son rêve, mardi.

« C’était vraiment cool, a raconté la jeune vedette des Blackhawks de Chicago après le premier match de sa carrière. C’était assez difficile de tout apprécier parce que j’étais surtout concentré sur le match. Il y avait de la nervosité, c’est certain. C’était un assez grand moment dans ma vie. J’essayais seulement de garder les deux pieds sur terre. »

Le face-à-face entre le capitaine des Penguins de Pittsburgh et Bedard avait quelque chose de symbolique.

Le « Kid », maintenant âgé de 36 ans et qui a à peu près tout gagné à ses 18 premières saisons dans la LNH, contre le nouveau « kid », le plus récent talent générationnel à qui l’on prédit un brillant avenir. Il ne s’agissait toutefois pas de la passation des pouvoirs. Pas encore.

Crosby lui a rappelé en remportant cette mise au jeu – et tous leurs duels, sauf un – et en touchant la cible contre le trio de son jeune opposant. Mais c’est ce dernier et les Blackhawks qui ont eu le dernier mot en comblant un retard de deux buts pour l’emporter 4-2 au PPG Paints Arena de Pittsburgh.

Bedard s’est même permis de récolter le premier point de sa carrière, un aide sur le premier but des siens, l’œuvre de Ryan Donato. Il n’en a toutefois pas fait de cas. On imagine qu’il garde ses énergies pour son premier but.

« Le souvenir est toujours meilleur quand tu gagnes à la fin », a-t-il lancé avec un sourire en coin à la dizaine de journalistes qui avaient fait le voyage pour assister à ses débuts.

CHI@PIT: Donato compte, 1er point pour Bedard

Et il avait raison de sourire. Le no 98 des Blackhawks avait l’air de tout sauf d’une recrue à la recherche de ses repères dans la grande ligue. Il a été l’attaquant le plus utilisé (21:29) par son entraîneur Luke Richardson et a tenté 11 tirs sur le filet de Tristan Jarry, dont cinq ont atteint la cible – le plus haut total chez les visiteurs.

« Il se sent toujours confortable sur la patinoire, a souligné le pilote des Hawks. Il veut seulement jouer au hockey, il veut bien faire et il veut que l’équipe connaisse du succès. Il a démontré ce soir qu’il ne craignait pas de se servir de son talent quand il sent que l’adversaire est vulnérable.

« Il a vraiment été notre meneur de jeu, plus le match a progressé. Il est tellement dangereux sur certaines séquences qu’on dirait que le jeu défensif gravite autour de lui. »

Hué timidement par la foule en début de rencontre, Bedard a réussi à mettre les amateurs de son côté après quelques présences. On pouvait sentir l’excitation qu’il suscitait à peu près chaque fois qu’il prenait son élan en zone neutre pour menacer la zone des Penguins. Qui n’aurait pas voulu assister à son premier but?

Des chances

Le jeune homme au tir foudroyant a cogné à la porte à quelques reprises.

Parmi ces chances, on retiendra celle qu’il a obtenue sur un retour de lancer à l’embouchure du filet au premier tiers et celle qu’il a générée en tentant de surprendre Jarry d’un angle restreint en deuxième période – ce dernier évitant de justesse de se retrouver dans les faits saillants pour le restant de ses jours.

« J’ai l’impression d’avoir généré un bon nombre de chances pour moi-même et quelques-unes pour mes coéquipiers, a-t-il analysé. C’est sûr que j’ai de la misère à marquer ces temps-ci, mais j’imagine que ça viendra. Tant que je crée des choses, je peux me sentir bien. »

Ça finira bien par rentrer, un jour ou l’autre. On peut gager un vieux deux là-dessus. Ce sera peut-être contre les Bruins de Boston, mercredi, contre les Canadiens de Montréal, samedi, ou bien contre les Maple Leafs de Toronto, lundi.

Trois équipes originales. Trois marchés hautement médiatisés, où il sera de nouveau le centre d’attention et où la pression pourrait être encore plus élevée que lors de ce duel contre Crosby et ses Penguins. S’il s’en tire aussi bien qu’il l’a fait sous les projecteurs nationaux, mardi, tout devrait bien aller.

« Il est très mature pour son âge, a résumé Jason Dickinson, l’auteur du but gagnant. Il a beaucoup de pression sur les épaules, mais ça ne le dérange pas. Je ne sais même pas si ça l’atteint. Il pratique le sport qu’il aime, et le bruit extérieur, c’est juste pour vous (les journalistes).

« C’est tout ce qu’il fait. Il joue au hockey. C’est tout ce qu’il connaît et c’est tout ce qu’il veut faire. »