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BROSSARD – Un froid assez glacial et une petite neige servaient de décor en ce mercredi matin sur la Rive-Sud de Montréal. De la neige, Kent Hughes en a souvent vu tomber dans sa longue carrière d’agent de joueurs et maintenant comme directeur général des Canadiens de Montréal.

Hughes a assez d’expérience pour contrôler ses émotions, autant dans une période heureuse, comme celle que traverse son équipe depuis la mi-décembre, que dans une période de crise.

Jamais trop haut, jamais trop bas. Ce bon vieux cliché du sport collait parfaitement avec l’attitude du DG lors de son bilan de mi-saison, mercredi, au Complexe Sportif CN.

Même si le CH est de retour dans le portrait des séries, Hughes n’a pas l’intention de lancer son fameux plan aux poubelles. Il ne placera pas une pancarte acheteur devant le Centre Bell.

« Je ne pense pas qu’on va dévier du plan, a-t-il répondu. Le plan est de construire une équipe capable de se battre pour un championnat pour des années. Il y a encore 22 matchs avant la date limite des échanges (7 mars), il y a encore plusieurs choses à apprendre. On joue beaucoup mieux qu’en début de saison. On n’a rien accompli encore. On va voir d’ici la date limite et on prendra des décisions. »

Le Tricolore a réalisé une remontée spectaculaire au classement dans l’Association de l’Est depuis la dégelée de 9-2 contre les Penguins de Pittsburgh au Centre Bell. Depuis ce revers cinglant du 12 décembre, le CH a gagné huit de ses onze derniers matchs.

Au cours de cette période, le CH a marqué 3,73 buts par rencontre (à égalité au 2e rang dans la LNH) et donné 2,45 buts par rencontre (à égalité au 7e rang). Le jeu en avantage numérique roule à 25 % (10e LNH) et le désavantage numérique est à 84,6 % (11e LNH).

Sur le plan individuel, Cole Caufield (12 points), Nick Suzuki (11 points) et Lane Hutson (11 points) produisent à un rythme d’un point par match ou un peu plus. Jake Evans (8 points), Emil Heineman (8 points) et Joel Armia (7 points) passent également pour des génies au sein d’un quatrième trio plus que productif. Avant d’attraper une vilaine grippe, Patrik Laine avait touché la cible cinq fois en huit matchs en supériorité numérique. Et même Kirby Dach a regagné sa touche avec quatre buts et cinq points à ses onze derniers matchs.

Le train du CH roule donc à fond de train. Mais est-ce une cadence maintenable d’ici la fin de la saison? Hughes n’avait logiquement pas la réponse, mais il s’est gardé une certaine réserve dans ses propos quand le collègue Marc de Foy lui a demandé s’il avait le sentiment que son équipe avait maintenant traversé les pires étapes de sa reconstruction.

« J’espère, a-t-il dit avec le sourire. Malgré cela, je trouve ça difficile de dire que le pire est passé. On connaît une très bonne séquence présentement. Je ne pense pas qu’on gagnera huit matchs sur dix pour toutes les autres tranches de dix matchs d’ici la fin de l’année. On est sur le bon chemin avec les joueurs que nous avons et ceux qui s’en viennent. Je ne veux pas être trop confiant. On sait ce qui peut arriver. Les Sabres ont cogné à la porte des séries l’an dernier, mais ils ont probablement reculé cette année. On peut dire la même chose avec les Red Wings, mais ils ont remonté au classement dernièrement (depuis le congédiement de Derek Lalonde). »

Une progression importante

Pour un DG, un bilan de mi-saison au cœur d’une série de huit victoires en dix matchs représente du bonbon. Les questions détonnaient de ceux des deux dernières saisons où l’équipe à pareille date pensait déjà à vendre des actifs et regardait vers le prochain repêchage.

Au tournoi de golf du Tricolore au mois de septembre, Hughes, Jeff Gorton, Martin St-Louis et Geoff Molson avaient tous utilisé le même slogan: être dans le « mix ». Après un faux départ pour les premières semaines du calendrier, les Canadiens ont trouvé une façon d’être dans le portrait des séries avec un dossier de 19-18-3.

Il y a toutefois un pas à franchir entre se battre pour une place et y accéder. Questionné à savoir s’il avait sous la main une équipe susceptible de participer aux séries, Hughes n’a pas voulu se mouiller.

« J’aime regarder ça d’un autre angle, a souligné l’homme de 54 ans. Nous voulions faire partie du mix (portrait des séries) afin de constater une progression au niveau de l’équipe et d’ultimement nous diriger vers cet objectif. Nick Suzuki est notre capitaine. Il a vécu une seule fois les séries (finale en 2021). Nos joueurs ont besoin de savoir à quoi ressemble une course pour les séries. Ils doivent apprendre à gagner quand la pression devient plus élevée. »

Il n’y a pas eu un coup de baguette magique pour sonner la renaissance du CH.

« Ce ne sera pas une surprise pour personne, on n’était pas heureux de notre début de saison, a dit Hughes. On ne jouait pas à notre potentiel. C’était la même chose pour les joueurs sur le plan individuel. Ça affectait notre confiance. On a vu qu’on était fragiles. Il y a eu des défaites de 7-2 ou 8-2. La confiance n’y était pas. Mais je dois lever mon chapeau aux joueurs et aux entraîneurs.

« Dans une période sombre dans un marché comme Montréal, tout le monde en parle. Ça devient parfois difficile de retrouver ta concentration quand il y a autant de bruit. Les joueurs ont remonté la pente. Lors de notre match à Vegas (31 décembre), on perdait 2-0 et j’avais dit à Jeff (Gorton) qu’on était pour voir si notre confiance était de retour. On a réalisé une remontée pour finalement gagner ce match. À Denver, on perdait aussi 1-0 et on n’a pas abandonné. Et contre les Canucks lundi, on perdait aussi 3-1 et on a encore trouvé une façon de gagner malgré la fatigue au retour d’un long voyage. »

Il y a aussi un coup de chapeau qui revient à Hughes et Gorton. L’acquisition du défenseur Alexandre Carrier a changé le visage de l’équipe à la ligne bleue et le rappel de Jakub Dobes a offert un peu de repos à Samuel Montembeault en plus d’ajouter quatre points au classement.