Samuel Girard badge Boucher

Philippe Boucher a disputé 17 saisons dans la LNH, récoltant 94 buts et 300 points en 748 matchs. Le défenseur natif de Saint-Apollinaire a notamment connu deux saisons de 40 points et plus. Il a participé au Match des étoiles en 2007, en plus de soulever la Coupe Stanley avec les Penguins de Pittsburgh à sa dernière saison dans la LNH en 2009. Choix de première ronde (13e au total) des Sabres de Buffalo en 1991, il a successivement porté les couleurs des Sabres, des Kings de Los Angeles, des Stars de Dallas et des Penguins. Au terme de sa carrière de joueur, il a occupé des postes de direction chez l'Océanic de Rimouski, les Remparts de Québec et les Voltigeurs de Drummondville dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Philippe a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com afin de traiter de divers sujets de l'actualité du hockey.
Il ne fait pas grand bruit, mais il y a un jeune défenseur québécois dans l'Association de l'Ouest qui fait sa marque cette saison et qui se fait remarquer de plus en plus à travers la LNH. Je parle ici de Samuel Girard de l'Avalanche du Colorado.

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On a moins la chance dans l'Est, surtout cette saison, de suivre les activités des équipes américaines évoluant dans l'Ouest. Mais si vous le pouvez, portez attention aux matchs de l'Avalanche et plus précisément au jeu de Girard. En l'absence dernièrement de Cale Makar, blessé, le jeune homme natif de Roberval a relevé le niveau.
Samuel n'est pas le plus imposant physiquement, mais c'est un cerveau sur deux pattes. Il est le type de défenseur carrément fait sur mesure pour le hockey d'aujourd'hui, qui est tout en vitesse et en relance. Son intelligence au jeu lui permet de faire des jeux et d'en couper.
Les Predators de Nashville avaient réalisé un coup de maître en le réclamant au 47e rang de la séance de repêchage 2016. Je m'explique toutefois mal la décision qu'ils ont prise de l'échanger à l'Avalanche, tôt dans sa carrière.
Les Predators ont le don de dénicher d'excellents défenseurs au repêchage. On n'a qu'à penser aux Shea Weber, Roman Josi, Ryan Ellis et Seth Jones. Ne pensez-vous pas qu'ils se porteraient mieux s'ils avaient gardé Samuel Girard et Seth Jones? Moi, en tout cas, je voudrais que ma concession compte sur deux défenseurs de leur trempe, entourés des Josi et Ellis.
L'Avalanche a gagné le gros lot dans l'échange à trois équipes impliquant Girard, avec les Sénateurs d'Ottawa. Les vétérans attaquants Matt Duchene et Kyle Turris, qui ont été les deux autres pièces maîtresses de la transaction, sont sur la pente descendante.
C'est peut-être la plus grosse transaction depuis celle d'Eric Lindros, entre les Nordiques de Québec et les Flyers de Philadelphie, en 1992.
Girard n'est âgé que de 22 ans et je ne vois vraiment pas de limite à son potentiel. Il peut aspirer à être un des meilleurs défenseurs de la Ligue, année après année. Il jouera peut-être dans l'ombre de Makar, c'est dur à dire. Son nom fera partie de la discussion pour l'obtention du trophée Norris. Il pourrait devenir un habitué des matchs des étoiles et j'estime qu'il mérite d'être considéré pour un poste dans l'équipe canadienne en vue des Jeux olympiques de 2022. Le Canada regorge de défenseurs droitiers, tout dépendra de la philosophie des dirigeants. Étant gaucher, ça peut lui donner une chance.
Peu importe, je suis convaincu que Samuel aura représenté son pays sur la scène internationale avant la fin de sa carrière. Le ciel est la limite pour lui.
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On voyait venir Samuel Girard depuis longtemps dans les cercles québécois du hockey. Dès les rangs pee-wee, il ne passait pas inaperçu. À l'époque, je dirigeais l'équipe du Québec des moins de 15 ans et on m'avait demandé d'identifier des jeunes de grand talent. La première fois que j'ai vu Samuel en action, il m'a fait écarquiller les yeux. J'ai tout de suite parlé du petit numéro 44 du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Hockey Québec. On m'avait répondu que ça faisait un bout qu'on l'avait à l'œil.
Plus tard, Samuel a joint le groupe de gérance d'athlètes, dont fait partie Pat Brisson. Le groupe organise un camp estival annuel pour ses espoirs. J'y avais été invité à titre de conférencier l'année que Samuel y a pris part pour la première fois. On m'avait demandé d'être l'accompagnateur des jeunes Québécois. J'avais donc emmené Samuel et les autres pour le camp en Californie. Samuel était un adolescent timide et introverti. Ses parents étaient venus le reconduire chez nous la veille du départ, et il n'avait pas dit un mot.
Rendu en Californie, il avait volé la vedette. J'avais été assister à la dernière activité du camp, un match simulé qui regroupe tous les espoirs de l'agence. Les meilleurs y étaient, les Suédois et les Finlandais. Samuel était même plus jeune que la plupart d'entre eux. Mais après le match, il était le principal sujet de conversation parmi tous les agents du groupe. « C'est qui ce petit phénomène-là? », se demandait-on.

COL@SJS: Girard double l'avance avec un plomb

J'étais dès lors assuré qu'il ferait sa place dans la LNH, malgré sa petite taille. Ce qui a été 'plate', c'est que ç'a été trop facile pour lui dans le midget AAA et la LHJMQ. Il mystifiait tout le monde avec sa fameuse feinte 'spinorama'. Il devait monter de calibre.
C'est ce qu'il a fait assez rapidement. Il avait avalé de travers le fait d'avoir été un choix de deuxième ronde au repêchage. Il se voyait être réclamé beaucoup plus tôt. C'est sûrement en raison de son gabarit qu'il a glissé. Je pense que ç'a dû être pour lui une source de motivation additionnelle. Il voulait prouver qu'on aurait dû le réclamer bien avant.
Les années lui ont donné raison. Il figure parmi le top-10 des meilleurs joueurs de sa cuvée, qui n'était pas piquée des vers avec Auston Matthews comme chef de file, au chapitre des matchs joués et des points.
Plusieurs équipes doivent se mordre les doigts. J'aimerais bien savoir ce que pensent maintenant tous les directeurs généraux qui l'ont laissé filer et entendre le directeur général des Predators au sujet de l'échange.
Une suspension méritée
Un mot en terminant sur la suspension de sept matchs qu'on a imposée à Tom Wilson des Capitals de Washington.
Wilson méritait la sanction. C'est un récidiviste notoire. Cela dit, la mise en échec n'était pas si percutante. L'intention n'était pas de blesser. On a puni la résultante du geste à l'endroit du défenseur Brandon Carlo, qui a été blessé à la tête et qu'on a dû conduire à l'hôpital.
C'est correct. Il faut se montrer plus sévère pour tous les coups qui ont la tête comme point d'impact, peu importe l'intention derrière.
Si Wilson avait cassé un bras avec sa mise en échec, il n'aurait peut-être même pas été sanctionné. Parce que le coup a été porté à la tête, il faut le punir.
C'est malheureux parce que Wilson est un excellent joueur de hockey. C'est difficile de demander à des joueurs comme lui de modifier leur style. C'est plus fort qu'eux. Ils sont programmés pour jouer un style robuste.