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BROSSARD – Cole Caufield garde une approche très réaliste. Le numéro 13 des Canadiens de Montréal pense simplement à son prochain but et à s’améliorer loin de la rondelle. Il n’a pas les yeux sur un objectif plus lointain comme celui de graver son nom sur le trophée Maurice-Richard, décerné au meilleur buteur de la LNH.

À quelques heures du départ de l’équipe pour Minneapolis, Caufield a esquissé un sourire quand un collègue lui a rappelé qu’il partageait le sommet des marqueurs de la LNH avec Sam Reinhart et Leon Draisaitl. Les trois attaquants ont chacun touché la cible à 12 reprises.

« C’est juste le mois de novembre, a rappelé avec justesse Caufield. Il n’y a pas trop de choses à analyser. Je veux aussi être meilleur loin de la rondelle. Mais oui, je me sens bien. »

À sa quatrième saison complète à Montréal, Caufield a plusieurs étapes à franchir avant de rêver au sommet des buteurs. Il n’a toujours pas une saison de 30 buts derrière la cravate. Il a atteint un sommet personnel l’an dernier avec 28 buts.

Mais on connaît son ADN. Il est un marqueur naturel. Un jour, le petit ailier originaire du Wisconsin devrait obtenir une saison de 40 buts et peut-être même de 50.

Chez le CH, il n’y a pas eu un marqueur de 40 buts ou plus depuis Vincent Damphousse (40 buts en 1993-1994) et aucun de 50 buts depuis Stéphane Richer (51 buts en 1989-1990).

Toujours encerclé par un petit groupe de journalistes, Caufield a conservé une attitude assez glaciale lorsqu’on lui a évoqué la possibilité de graver son nom sur le trophée Maurice-Richard à la fin de la saison.

« Oui, ce serait cool, a-t-il répliqué. Tu peux poser cette question à tous les joueurs et ils auraient tous la même réponse. Mais je vise maintenant un 13e but, rien d’autre. »

Un rythme insoutenable?

Caufield a marqué 12 buts cette saison après 16 matchs. Il a réussi la moitié de ses buts (6) en supériorité numérique. Le numéro 13 a aussi un taux de réussite anormalement élevé à 29,3 % (12 buts sur 41 tirs).

Parmi les joueurs de la LNH qui comptent un minimum de cinq buts cette saison, Caufield se retrouve au huitième rang pour le meilleur pourcentage de réussite. Draisaitl (5e) et Reinhart (7e), les deux autres meneurs dans la catégorie des buts, ont aussi le compas dans l’œil à 30,0 % et 29,3 %.

À ses trois dernières saisons, Caufield avait conservé des pourcentages bien plus modestes à 8,9 % en 2023-2024, 16,5 % en 2022-2023 et 12,2 % en 2021-2022. Malgré des chiffres à la hausse en ce début de saison, l’Américain n’a pas le sentiment de maintenir un rythme insoutenable.

« Pour vous dire la vérité, je crois que je ne décoche pas assez de tirs, a-t-il répliqué. Je sens que la chance peut être un facteur, mais nous pouvons traverser de telles séquences. Parfois, tu peux décocher bien des tirs et tu ne marques pas. Je ne m’en plains pas. Mais comme je le dis, je désire être meilleur loin de la rondelle et j’aimerais générer encore plus de chances de marquer. »

Le ciel n’est pas uniquement bleu dans le cas de Caufield. À cinq contre cinq, le petit ailier a un début de saison pénible comme en témoigne son indicateur de tirs tentés (Corsi) à 40,65 %. Parmi les attaquants réguliers de l’équipe, seul Alex Newhook a un pire rendement à 39,68 %.

Lors du dernier match à Buffalo, Martin St-Louis a séparé ses deux inséparables, Nick Suzuki et Caufield. Le capitaine a patiné au centre de Kirby Dach et de Juraj Slafkovsky, alors que Caufield était à l’aile gauche avec Jake Evans et Newhook. Une expérience qui se répétera face au Wild jeudi soir à Saint-Paul.

Comme il l’a dit plus d’une fois au cours des derniers mois, St-Louis a décrit Caufield comme un joueur amélioré dans plusieurs aspects.

« Il est meilleur sans la rondelle et il continuera de s’améliorer, a noté l’entraîneur en chef. On en parle beaucoup. Je sais que l’an dernier, il est passé à travers cette étape-là. On parlait de sa production pour les buts. Je l’ai toujours dit. Cole Caufield va toujours marquer des buts. Je ne lui apprendrai pas ça. Mais je vais l’aider à jouer d’une façon complète. C’est ça qu’on fait. »

Après 16 matchs cette saison, Caufield a des statistiques offensives dignes d’un gagnant du trophée Cy-Young au baseball avec 12 buts et une passe. Il n’a pas trouvé une explication scientifique à ce déséquilibre notoire entre les buts et les passes.

« Oui, je peux l’expliquer. J’ai plus de buts que de passes, a-t-il affirmé. Ce n’est pas une première pour moi. J’ai déjà connu une saison de 72 buts et 28 passes. On parlait d’une grande différence. Je veux surtout bien me sentir, bien jouer et aider mon équipe à gagner. Je ne suis pas fâché de mes statistiques. Je désire créer des chances de marquer, je ne serai jamais satisfait. »

Caufield avait marqué 72 buts en 2018-19 avec le l'équipe des moins de 18 ans du Programme de développement de l'équipe nationale de USA Hockey. C’était tout juste avant de se faire repêcher au 15e rang par le CH en 2019.

De bons mots pour son capitaine

À Buffalo, Caufield a marqué deux buts dans le gain de 7-5 contre les Sabres. Un gain qui freinait une série de six défaites (0-5-1). Suzuki a également montré le chemin à suivre dans cette rencontre avec deux buts et deux passes. Avant le départ de l’équipe au pays de Gilbert Perreault, Suzuki n’avait pas eu peur de dire qu’il trouvait ça plus difficile de mener son équipe quand il n’avait pas le sentiment de jouer à la hauteur de son talent.

« Nick est notre homme, il est notre meneur, a rappelé Caufield. Même quand il n’écrit pas son nom sur la feuille de pointage, il reste efficace sur la glace. Je sais qu’à ses standards, il veut faire les deux: produire et être efficace. Il a de grandes attentes envers lui-même. Pour le match à Buffalo, il a joué comme il le souhaite. Mais tu ne peux pas toujours être au sommet. »

« Nous traversons tous des moments plus difficiles, a-t-il poursuivi. Quand l’équipe ne gagne pas et que tu ne récoltes pas de point, tu te sens coupable. C’est probablement ce qu’il faisait. Il n’a pas trop démontré ses sentiments. Nick reste un joueur très humble. Je sais que tout le monde dans ce vestiaire le regarde comme notre meneur. Le match à Buffalo servira de tournant. Nous n’avons pas à nous inquiéter pour lui. »

Suzuki, quant à lui, n’a pas osé parler d’un soulagement pour sa performance face aux Sabres.

« Je ne sais pas s’il s’agit d’un soulagement, a souligné l’Ontarien. Je veux toujours jouer du mieux que je peux. Parfois, tu joues bien et tu n’obtiens pas de point. C’était une journée productive à Buffalo. Il y a eu plusieurs buts. J’étais heureux de la victoire. La victoire nous permet de mieux nous sentir pour notre prochain match. »

Samuel Montembeault obtiendra le départ pour le CH face au Wild. Il n’y aura pas un duel entre deux gardiens du Québec puisque Filip Gustavsson sera le partant.

À l’entraînement avec un chandail blanc, qui l’autorise pour les contacts, pour une première fois, Rafaël Harvey-Pinard ne jouera pas contre le Wild.