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MONTRÉAL – Daniel Brière avait promis un rendez-vous téléphonique à 9 h 30 un mardi matin du mois de décembre. À 9 h 30 tapant, le téléphone sonne. Le directeur général des Flyers de Philadelphie a une heure de libre devant lui pour décrire l’art de reconstruire une équipe tout en maintenant un niveau de compétition assez élevé.

Il n’y a aucune potion magique quand une équipe choisit d’entrer dans une phase de reconstruction. Le chantier peut s’éterniser comme celui à Buffalo, où les Sabres n’ont pas participé aux séries lors des 13 dernières saisons, un record de la LNH.

À Philadelphie, une ville où les partisans n’ont pas la plus grande des patiences, Brière a hérité du mandat de rebâtir les Flyers sans tout démolir. Il doit danser sur cette fine ligne où il cherche à maintenir une culture gagnante pendant une période tumultueuse.

Les Flyers gardent encore une fois la tête hors de l’eau cette saison avec un dossier de 15-16-4. Pour recycler une expression populaire dans le cercle des dirigeants des Canadiens, ils restent dans le mix (portrait) pour une participation aux séries.

« On le dit depuis le départ. Nous avions comme plan de garder une équipe compétitive même à l’intérieur d’une reconstruction, a dit Brière en entrevue à LNH.com. Nous voulions changer la culture au sein de l’organisation. Nous avons fait des changements importants. Nous désirons aussi garder une équipe compétitive par respect pour nos partisans à Philadelphie. Tu ne peux pas juste démolir. Nous voulons nous battre dans nos matchs. Pour nous, il était hors de question d’envoyer une équipe sur la glace qui n’a aucune chance de gagner un match ou qui n’est pas intéressante à voir. Nous ne voulions pas suivre ce chemin. »

« Oui, nous avons une équipe compétitive encore cette année, a poursuivi Brière. Nous avons aussi un entraîneur comme John Tortorella qui pousse toujours ses joueurs. Je sais que mon équipe se battra tous les soirs. Pour la culture de l’équipe, nous suivons le bon chemin, mais nous avons encore des trous à combler à plusieurs endroits. Nous restons à la recherche et nous voulons toujours nous améliorer. »

Le repêchage est toujours une arme clé dans la reconstruction d’une équipe. L’an dernier, les Flyers ont parlé au 13e rang lors du premier tour, sélectionnant le centre Jett Luchanko. Ils avaient techniquement le 12e choix, mais ils ont reculé d’un rang en transigeant avec le Wild du Minnesota. Pour le repêchage de 2023, les Flyers ont choisi au septième rang, frappant un circuit avec l’ailier russe, Matvei Michkov.

À ses deux premières saisons dans le siège de DG des Flyers, Brière n’a donc pas encore obtenu un gros choix au premier tour.

« Oui, nous aimerions miser sur un choix dans le top-5, c’est toujours une bonne chose, a-t-il noté. Mais nous ne voulons pas y arriver au détriment de perdre nos partisans avec trop de revers. Pour nous, ce n’est pas viable. Nous ne voulons pas bâtir de cette façon. Il y a toujours une combinaison entre préserver une bonne culture et ajouter de bons jeunes joueurs à l’organisation. Les choix sont toujours intéressants. Nous aurons de bons joueurs, mais il faut aussi trouver des façons de bien les développer. Ce n’est pas juste une question de les repêcher.

« C’est plus notre philosophie. Nous ne voulons pas juste perdre et ramasser les gros, gros choix au repêchage en parlant un, deux ou trois. »

Toujours à la recherche d’idées

À 47 ans et à sa troisième saison dans le rôle de DG des Flyers, Brière vient déjà au 22e rang sur les 32 directeurs généraux de la LNH en matière d’expérience au sein de la même formation. Le 10 mars 2023, il a remplacé Chuck Fletcher comme DG par intérim à Philadelphie. Deux mois plus tard, il devenait officiellement le DG de l’équipe.

Quand on lui demande s’il se sent plus solide dans ses fonctions, il n’hésite pas une seule seconde.

« Je suis pas mal plus confortable qu’à mes débuts, à ma première saison comme DG avec les Flyers, a-t-il répliqué. Il n’y a pas de doute là-dessus. Je réalise toutefois que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. On apprend toujours. Il ne faut jamais arrêter d’apprendre et d’innover.

« Je parle souvent avec Torts (Tortorella) et il y a une phrase que j’aime beaucoup de lui. Il dit qu’il ne faut pas devenir des dinosaures. Il faut évoluer, suivre les nouvelles tendances et s’adapter aux jeunes d’aujourd’hui. Je reste toutefois bien plus à l’aise pour gérer le quotidien des Flyers. »

Pour évoluer, Brière se plongera le nez dans un livre ou il cognera à la porte d’un collègue avec les Flyers.

« Je prends mes idées un peu partout. Je partage aussi des conversations avec plusieurs personnes. Dans mon entourage, je compte sur plusieurs anciens DG de la LNH avec Bobby Clarke, Paul Holmgren, Dean Lombardi et Bob Murray. Ils ont tous déjà été assis dans le siège d’un DG.

« Je lis aussi beaucoup et je me garde toujours informé. Keith Jones, un de mes adjoints, a aussi de nombreux contacts dans le monde du hockey. On est toujours à la recherche d’inspirations.

« Je peux lire des biographies. Dernièrement, j’ai lu l’histoire de Theo Epstein qui a bâti les Red Sox de Boston et les Cubs de Chicago. C’est un exemple. Je cherchais à comprendre sa vision pour bâtir une équipe même s’il y a bien des différences entre le baseball et le hockey. Tu peux y trouver des idées. Je veux toujours savoir comment d’autres meneurs dans l’industrie du sport ont du succès. Il y a de bonnes idées partout. »

Sans tourner les coins ronds, Brière sait que l’horloge jouera contre lui dans une ville comme Philadelphie. Les Flyers n’ont pas joué en séries lors des quatre derniers printemps.

« On se bat contre plusieurs sports. Il y a les Eagles, les Phillies et les 76ers. Il n’y a pas juste les Flyers, a-t-il mentionné. C’est un marché très compétitif. Tu dois miser sur une équipe compétitive. Il n’y a pas de doute que c’est une ville où les gens sont passionnés. C’est un honneur pour moi d’en faire partie. J’ai joué pour les Flyers et maintenant je veux bâtir une bonne équipe comme DG. »

Tortorella : une pièce maîtresse

Aux yeux de Brière, les Flyers misent sur le bon chef d’orchestre derrière le banc avec Tortorella. S’il a un caractère bouillant et qu’il peut parfois être difficile avec ses jeunes joueurs, il a surtout des directives claires.

Brière se dit toujours très heureux dans sa relation avec son entraîneur-chef.

« Ça va très bien avec John. Il comprend aussi la réalité de notre équipe, a-t-il souligné. Il sait que la reconstruction est une étape importante et que nous devons développer nos jeunes joueurs. J’aime travailler avec lui, j’aime la culture qu'il amène au sein de l’équipe.

« Il a grandement aidé à rebâtir notre culture au sein du vestiaire. Tu ne peux pas te la couler douce. Je dirais que le vestiaire maintenant se contrôle plus par les joueurs qu’avec Torts. Et c’est une transition naturelle. C’est lui qui a donné cette erre d’aller.

« Il n’y a pas de passe-droit avec lui ou de zones grises. C’est noir ou c’est blanc. Les joueurs sont traités de la même façon. Sean Couturier est passé dans le tordeur, Travis Konecny aussi, Matvei Michkov aussi. Tout le monde finit par y passer. Ça fait partie du contrat quand tu joues pour John Tortorella. Tu dois apprendre à la dure, mais tu deviens un meilleur joueur de hockey, un meilleur meneur et une meilleure personne. »