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LAS VEGAS - Pendant tout ce temps, Jonathan Marchessault savait ce qui allait se produire. Il avait tout vu : la conquête des Golden Knights, les célébrations avec la Coupe Stanley sur la glace du T-Mobile Arena et les retrouvailles émotives avec sa femme et ses quatre enfants.

« Tu sais, cette vision de nous en train de gagner la Coupe Stanley? On ne portait pas les chandails blancs, on portait les chandails dorés! », a-t-il crié à l'oreille de son coéquipier Brett Howden alors que le triomphe des siens face aux Panthers de la Floride venait à peine d'être confirmé.

Ironique, parce que devant les médias, l'attaquant québécois évitait à tout prix de se projeter dans l'avenir.

Après la victoire en demi-finale face aux Stars de Dallas, il avait simplement dit que ce n'était qu'une étape de plus vers l'objectif ultime, mais que rien n'était encore gagné. Même chose lorsque les Knights ont pris une avance de 3-1 en finale contre les Panthers. Il paraissait en mission.

Pas moyen de lui soutirer quoi que ce soit sur la possibilité de réaliser son rêve. Mais pendant tout ce temps, il avait des prémonitions sur ce qui attendait sa bande.

« Je ne sais pas pourquoi, mais je savais avant les matchs si on allait gagner ou perdre », a-t-il expliqué au podium, entouré par ses quatre enfants et par le trophée Conn-Smythe - on y reviendra.

« J'en parlais à Brett et c'était notre rituel. Après le troisième match, je suis allé le voir et je lui ai dit qu'on allait gagner les deux prochains matchs. Même chose après le quatrième match contre Edmonton (en deuxième ronde). C'est juste quelque chose que j'avais vu. »

Il s'était même fait à l'idée que sa troupe ne balaierait pas la finale, même après qu'elle eut pris une avance confortable de 2-0 avant de s'envoler vers la Floride.

« Je me voyais gagner dans mon gilet or. Je savais qu'on allait perdre un des deux matchs en Floride. Ça ne changeait rien à la manière dont je jouais, je travaille fort tout le temps. Mais j'avais un feeling au début des séries et j'en parlais à Brett lors de nos trajets vers l'aéroport. »

La destinée s'est réalisée exactement comme il l'avait imaginée. Les Knights n'ont fait qu'une bouchée des Panthers devant leurs partisans, et les six membres de l'édition originale - dont Marchessault fait partie - ont réussi là où ils avaient échoué à leur première présence en finale, en 2018.

« Je ne sais pas si je le réalise, a-t-il lancé sur la glace. Je suis juste tellement content d'avoir gagné la Coupe avec un groupe formidable. C'est un grand sentiment d'accomplissement. J'ai travaillé fort toute ma vie pour y arriver et je suis content d'atteindre mon rêve avec mon équipe. »

Dans l'angle mort

La seule chose qu'il n'avait peut-être pas envisagée, c'était qu'il n'aurait pas que la Coupe Stanley à ramener à la maison. Avec sa récolte de 25 points, dont 13 buts, en 22 matchs, il a mis la main sur le trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile des séries.

« Il y avait plusieurs bons candidats, a relevé l'entraîneur Bruce Cassidy. "Marchy" n'a pas que marqué de gros buts, il a joué dans plusieurs situations. Il a bien joué défensivement, il a été un des meneurs au chapitre du différentiel. Il a tout fait de bien. C'est un gars génial et je suis heureux pour lui. »

VGK@FLA, #3: Marchessault complète Eichel en A.N.

Après avoir été blanchi de la colonne des buts lors des sept premiers matchs, le natif de Cap-Rouge s'est mis en marche et n'a plus regardé derrière. Il a conclu sur une séquence de 10 matchs avec au moins un point et en a amassé un de moins que son coéquipier Jack Eichel - le meneur des Knights en séries.

Pas mal pour un joueur qui n'a jamais été repêché et qui n'avait pas été protégé par ces mêmes Panthers au repêchage d'expansion.

« Ce n'était pas le plus beau parcours, a-t-il conclu. J'ai eu un chemin plus long que prévu, mais je ne serais probablement pas ici sans ça. J'ai grandi mentalement à travers ça. J'aurai du temps pour réfléchir à mon cheminement. Pour l'instant, je veux juste apprécier le moment. »

À voir son large sourire, il faut croire que le moment était à la hauteur de ce qu'il avait vu dans sa boule de cristal.