OAKVILLE, Ontario – Macklin Celebrini fixait le plafond au-dessus de son lit. Pour le jeune homme de 17 ans, le temps semblait s’être arrêté. Les secondes duraient des minutes, les minutes duraient des heures.
« On aurait dit que je me trouvais là depuis une éternité », a-t-il raconté.
Comme tous les autres joueurs qui se trouvaient au camp de sélection de Hockey Canada en vue du Championnat mondial junior 2024, le natif de Vancouver a vu ses nerfs être mis à rude épreuve mercredi. Peu importe que la plupart des observateurs voient en lui le premier choix au total du repêchage 2024 de la LNH. Jusqu’à ce qu’un des responsables de l’équipe lui confirme sa place dans la formation, il ne tenait rien pour acquis.
Puis retentirent les petits coups tant attendus à la porte de sa chambre d’hôtel. Et tout a changé.
Il a immédiatement écrit un message texte à ses parents, dont son père, Rick, qui est le directeur de la médecine du sport et de la performance des Warriors de Golden State dans la NBA.
Le message était tout simple.
Il avait réussi.
« C’est incroyable, a-t-il lancé. Quand j’étais jeune, je regardais ce tournoi, celui des Jeux olympiques, et je rêvais de jouer avec le chandail du Canada sur le dos. Il s’agit de l’une des choses les plus spéciales que l’on peut espérer faire.
« Ça représente quelque chose de très important pour moi depuis que je suis tout jeune. »
L’ancien attaquant de la LNH Jay Pandolfo, l’entraîneur de Celebrini à l’Université de Boston, sait exactement à quel point ce tournoi est important pour lui.
« Nous avons discuté avant qu’il parte pour le camp, et je ne peux pas vous décrire le niveau de fierté que ce jeune peut ressentir lorsqu’il porte la feuille d’Érable sur sa poitrine, a expliqué Pandolfo depuis Boston. Ça représente tout pour lui. »
À un tel point que lorsqu’il s’est pointé au camp le week-end dernier, il avait des papillons dans le ventre.
« En fait, j’ai été nerveux tout au long du camp, a rectifié Celebrini. Il s’agit de quelque chose que je voulais accomplir. Alors oui, j’étais un peu nerveux. Mais une fois que je me suis retrouvé sur la patinoire, je me suis senti plus à l’aise. »
Et il a semblé à l’aise, lui qui a récolté un but et une passe au cours de la série de deux matchs du Canada contre une équipe des meilleurs joueurs du U Sports, le circuit universitaire canadien.
Il a été impressionnant, c’est le moins que l’on puisse dire, même aux yeux de certains de ses coéquipiers.
« Il est un joueur très spécial, un talent générationnel », a lancé l’attaquant Conor Geekie.
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Qu’est-ce qui rend Celebrini si spécial?
Alyn McCauley a pu le constater de près mardi.
Le directeur général adjoint des Flyers de Philadelphie était debout, sept rangées derrière le filet de l’équipe U Sports lorsque l’attaquant canadien s’est emparé de la rondelle dans l’enclave tard en deuxième période au Sixteen Mile Sports Complex.
Comme s’il avait des yeux derrière la tête, Celebrini, qui regardait dans la direction opposée, a repéré son coéquipier Jake Furlong qui s’amenait de la pointe. Il a pivoté et a remis au défenseur qui en a profité pour inscrire le troisième but du Canada dans un gain de 4-1.
Il s’agissait du premier match préparatoire du Canada en vue du tournoi qui sera présenté à Göteborg, en Suède. McCauley en est reparti impressionné par Celebrini, qui a mérité la cote de « A » sur la liste préliminaire des joueurs à surveiller du Bureau central de dépistage de la LNH publiée à la fin du mois d’octobre.
« Prenez ce jeu, a expliqué McCauley. J’ai toujours pensé que ce qui distingue les joueurs spéciaux des autres est leur capacité de sentir et ressentir le jeu à un niveau différent. Ils possèdent toujours un pas d’avance mentalement, dans le sens qu’ils savent déjà quel sera leur prochain jeu, dans des situations ou des endroits où rien ne semble se dessiner.
« Dans ce cas-ci, il a été capable de trouver qui était démarqué, qui ne l’était pas, et de réaliser le bon jeu rapidement. Il a pivoté, il regardait dans l’autre direction, et il a quand même repéré le défenseur qui s’amenait.
« Tout ce qu’il fait se situe au-dessus de la norme, et il devrait être capable d’effectuer une transition en douceur et potentiellement rapide dans la LNH grâce à ces attributs. »
Il ne faut donc pas s’étonner qu’il soit considéré comme l’un des plus beaux espoirs, sinon le plus bel espoir, en vue du repêchage de l’été prochain.
C’est ce qui explique pourquoi autant de gens travaillant pour des équipes de la LNH étaient présents dans l’aréna, comme McCauley, le directeur général des Maple Leafs de Toronto Brad Treliving, le directeur général adjoint des Coyotes de l’Arizona John Ferguson Jr, et Trent Mann, conseiller au développement des joueurs et au dépistage pour les Penguins de Pittsburgh.
Ils ne se trouvaient évidemment pas tous sur place exclusivement pour observer Celebrini, mais ce qu’ils ont pu voir, ce sont ses aptitudes exceptionnelles, que plusieurs amateurs de hockey vont pouvoir observer à la télévision lorsque le Canada va amorcer son tournoi contre la Finlande le 26 décembre. Historiquement, sauf si votre nom était Sidney Crosby, Connor McDavid ou Connor Bedard, il a été très difficile pour les jeunes de 17 ans de percer la formation canadienne pour ce tournoi. Ça n’a toutefois pas empêché Celebrini de rejoindre ces joueurs sur cette liste.