De beaux problèmes parce que la présence de Crosby dans l'enceinte assurait un succès aux guichets, mais il leur fallait faire des pieds et des mains pour permettre au plus grand nombre possible d'amateurs de s'entasser dans l'aréna.
Ce fut encore pire à sa deuxième saison - son année d'admissibilité au Repêchage de la LNH - en raison du lock-out dans le circuit Bettman. Les amateurs de hockey voulaient quelque chose à se mettre sous la dent.
« La demande était beaucoup trop grande pour ce qu'on était en mesure d'offrir », se souvient Alain Danault, qui était alors directeur du marketing et annonceur-maison des Tigres de Victoriaville. « On avait fait imprimer des billets pour des chaises pliantes qu'on avait installées autour de la patinoire.
« Aussitôt qu'on l'annonçait, tout était vendu dans l'heure. C'était extraordinaire. Je crois même que ce n'était pas tout à fait légal de mettre les chaises là, mais c'était exceptionnel. On en a profité à Victoriaville comme toutes les autres équipes. C'était une petite mine d'or. »
Labonté, qui a pris la relève de Donald Dufresne derrière le banc en 2004-05, venait à peine de vivre les années de Vincent Lecavalier à la fin de la décennie 1990 et la conquête de la Coupe Memorial avec Brad Richards en 2000, mais il n'avait jamais vu un engouement aussi marqué pour un joueur.
« C'était très hostile, mais c'était motivant, a rappelé le pilote. On savait que l'équipe locale allait en mettre beaucoup plus. Partout où on allait, c'était tel joueur contre Crosby et on attendait de voir qui allait avoir le dessus. Les gens payaient plus cher pour le voir, mais ils se liguaient contre lui rendu au match. »
Encore possible?
Presque 15 ans après le dernier match de Crosby au niveau junior, les choses ont beaucoup changé et on se demande si l'on pourra revivre une frénésie aussi importante envers un joueur.
Prenez Alexis Lafrenière, par exemple. Il pourrait être le premier Québécois repêché au tout premier rang du Repêchage de la LNH depuis Marc-André Fleury en 2003. Il connaît du succès, il est poli, sage et toujours sympathique avec les médias. Mais il est loin d'attirer les foules autant que Crosby.
« Les époques sont différentes, constate Labonté. Ça se peut qu'un autre crée autant d'engouement, mais il n'est pas là présentement. Lafrenière est bon, il suscite de l'intérêt, mais ce n'est pas le même punch. […] Ça prendrait tout un phénomène pour égaler ce qu'on a vécu avec Sidney. »
Les amateurs s'intéressent à Lafrenière, on le sent dans les médias et sur les réseaux sociaux surtout, mais ça ne se traduit pas nécessairement aux guichets comme à l'époque de Crosby.