PERRON BADGE DUHAMEL

Quel sort les Sénateurs devraient-ils réserver à David Perron à ses débuts avec les Sénateurs d’Ottawa, cet automne?

« Premier trio, premier avantage numérique… Ben non, ce n’est pas vrai! »

Perron aurait pu être en droit de s’attendre à exercer de telles responsabilités. Après tout, c’est à l’aile droite de Dylan Larkin et de Lucas Raymond, puis sur la première vague d’attaque massive des Red Wings de Detroit qu’il a terminé la saison 2023-24.

Mais à 36 ans, le Québécois ne berce pas dans l’illusion. Il prévoit plutôt jouer au bon vétéran et être le « prolongement » de l’entraîneur-chef Travis Green au sein d’une équipe dont le noyau est encore très jeune. La saison dernière, seuls Claude Giroux et Dominik Kubalik avaient plus de 27 ans parmi les réguliers de l’attaque ottavienne.

« Je viens ici pour être un complément, peu importe le trio », a-t-il indiqué vendredi, quatre jours après avoir paraphé une entente de deux ans et 8 M$ (4 M$/saison) à l’ouverture du marché des joueurs autonomes. « J’ai déjà parlé à Travis et que ce soit à droite ou à gauche, là où j’en suis dans ma carrière, il faut que je sois un complément aux jeunes. 

« Et si l’entraîneur a un message, je peux le transmettre au vestiaire. C’est important que tous les joueurs croient au message et qu’il soit transmis de la bonne façon au vestiaire, pour que même lors des moments plus difficiles, chacun puisse continuer de faire les bonnes choses. Ainsi, deux mois plus tard, tout rentre dans l’ordre. »

Perron souhaite que son apport soit suffisant pour ramener les Sénateurs dans le portrait des séries éliminatoires après une absence de sept saisons. Alors que tous les espoirs étaient permis en 2023-24, l’équipe a présenté une fiche de 37-41-4 pour le septième rang de la section Atlantique, récoltant huit points de moins qu’en 2022-23. Un pas de recul qui n’est pas forcément une mauvaise chose aux yeux du nouveau venu.

« En 2018-19, je suis revenu chez les Blues de St. Louis, qui n’avaient pas participé aux séries lors du printemps précédent. Nous avons fini par remporter la Coupe Stanley, a-t-il rappelé. Je ne prétendrai pas que nous sommes des prétendants à la Coupe dès cette saison, mais parfois, un pas de recul permet aux joueurs de se regarder dans le miroir et de se dire que ce n’est pas une bonne saison qui te garantit les séries l’année suivante. Je m’attends à ce que tout le monde soit affamé, arrive au camp d’entraînement prêt et qu’il y aura une certaine hargne, avec la saison que les Sénateurs ont eue l’an passé. »

De Tkachuk père à Tkachuk fils

À son arrivée dans la LNH, en 2007, Perron évoluait chez les Blues en compagnie d’un certain Keith Tkachuk, qui, à l’époque, en était à ses derniers coups de patins au sein du circuit. Quatorze ans après la retraite de Keith, voilà que le Québécois s’apprête à jouer en compagnie de son fils Brady, capitaine des Sénateurs, qu’il a connu très jeune.

« En 2009, la veille du Match des étoiles à Montréal, Keith avait pris un avion nolisé et j’étais embarqué avec sa famille et lui, car je participais au match des joueurs de deuxième année, a raconté le Québécois. J’ai une photo – que je dois retrouver – avec Brady, neuf ans à l’époque, Matthew (Tkachuk, des Panthers de la Floride), 11 ans, et mon ancien coéquipier Patrik Berglund. »

L’année suivante, Perron avait accompagné les Tkachuk à Québec, alors que Matthew évoluait pour les Blues de St. Louis Jr et que Keith jouait le rôle d’adjoint pour le tournoi pee-wee.

« J’ai hâte de passer du temps avec Brady, de devenir l’un de ses chums, a-t-il confié. Je suis fier de jouer avec lui. »

Même s’il n’a que 24 ans, Brady Tkachuk a déjà une feuille de route bien remplie et il occupe le rôle de capitaine des Sénateurs. Perron pourrait néanmoins lui prodiguer ses conseils de vétéran comme Keith lui en donnait il y a une quinzaine d’années.

« Keith est l’un des joueurs les plus tough, qui m’a fait comprendre le plus de leçons pour devenir un professionnel exemplaire, pour que ce soit plus difficile de jouer contre moi sur la patinoire, a-t-il souligné. Quinze ans plus tard, c’est un de mes plus grands partisans. Je suis en constante communication avec lui. Je sais qu’il parle toujours en bien de moi. »

Près de la maison

Jamais, en 18 ans, Perron n’aura joué autant de matchs près de son patelin que cette saison. Le natif de Sherbrooke avait joué son hockey junior chez les MaineIacs de Lewiston, à plus de quatre heures de voiture du domicile familial. Même si la proximité du Québec n’était pas son principal critère lorsqu’est venu le temps de choisir une équipe, il s’en réjouit.

« Avec trois enfants, je ne voulais pas tomber n’importe où, a-t-il expliqué. Et en vieillissant, c’est bien que mes proches puissent venir me voir jouer plus souvent. Avant, à Noël, je ne pouvais pas ‘’descendre’’ les voir, mais maintenant, je peux prendre mon auto le 23 décembre et arriver là-bas rapidement. »

Et pour sa première de plusieurs allocutions cette saison auprès de médias francophones, Perron n’a exprimé qu’un souhait.

« J’espère que je ne sonnerai pas trop comme Martin St-Louis, des Canadiens, avec ses expressions qui sortent de tous les bords. C’est assez drôle! »