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Pascal Dupuis a disputé 15 saisons dans la LNH, au cours desquelles il a pris part à 871 matchs, récoltant au passage 190 buts et 409 points. L'attaquant natif de Laval a notamment connu trois saisons de 20 buts et plus, et il a mis la main sur la Coupe Stanley avec les Penguins de Pittsburgh en 2009 et 2016. Jamais repêché dans la LNH, il est embauché par le Wild du Minnesota à titre de joueur autonome après avoir évolué avec les Huskies de Rouyn-Noranda et les Cataractes de Shawinigan dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). En plus du Wild, Pascal a porté les couleurs des Rangers de New York, des Thrashers d'Atlanta et des Penguins. Pascal a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com afin de traiter de divers sujets de l'actualité du hockey.
Le 26 février 2008, j'étais échangé des Thrashers d'Atlanta aux Penguins de Pittsburgh. Cette transaction a changé le cours de ma carrière, puisque j'ai ainsi eu la chance d'évoluer avec le meilleur joueur de sa génération, un joueur qui va d'ailleurs disputer un 1000e match dans la LNH samedi, nul autre que Sidney Crosby.

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On se souviendra que les Penguins souhaitaient faire l'acquisition de Marian Hossa pour évoluer avec Crosby dans la dernière ligne droite de la saison et pour les séries éliminatoires. Et comme Marian avait besoin de quelqu'un pour transporter ses bâtons et ses combines à l'aéroport, j'ai été inclus dans la transaction...
Blague à part, disons que bien des choses ont changé pour moi à la suite de cette transaction, moi qui évoluais sur un troisième trio dans un rôle défensif à Atlanta, et qui n'avait pas évolué sur le jeu de puissance depuis plusieurs années. Comme quelques joueurs se sont blessés peu de temps après mon arrivée à Pittsburgh, je me suis rapidement retrouvé sur le même trio que Sidney.
Je suis persuadé que ce n'est pas le rôle que les Penguins avaient en tête pour moi au moment de la transaction, mais ça a cliqué avec Sid, assez en tout cas pour que notre trio demeure intact pendant plusieurs saisons. Je me souviens très bien d'une discussion qu'il a eue avec moi et Chris Kunitz, et qui a en quelque sorte scellé notre union. Il nous a dit (en riant, et sans aucune arrogance) : « n'essayez de changer votregame pour vous adapter à moi… Ne vous inquiétez pas, moi, je vais être capable de m'adapter à vous. » De toute façon, même si moi et Kunitz l'avions voulu, on s'entend que nous n'aurions pas été capables d'élever notre jeu à son niveau!
Parce que pour les joueurs qui ne sont pas capables de jouer avec Sid, ce n'est pas une question de talent ou de compréhension du jeu, c'est souvent parce qu'ils changent leur façon de jouer avec lui. Ça peut être impressionnant de jouer avec Sidney soir après soir. Tu affrontes les meilleurs joueurs adverses et tu te retrouves sous les projecteurs.
Il faut comprendre que quand tu joues avec un joueur comme lui, c'est pour une raison. Il faut faire son travail. Notre trio fonctionnait avec Sid parce que moi et Kunitz apportions des éléments précis, et que nous le faisions avec constance.
Pour faire une analogie, c'est comme si Sid choisissait de me mettre sur son trio au jeu NHL 2015 sur sa PlayStation, où j'ai une note globale de disons 82. Il aurait pu jouer avec un joueur avec une note de 93, mais il savait que j'allais jouer à la hauteur de ma note de 82 tous les jours.
Si je voulais conserver ma place sur son trio, je me devais de continuer à faire toutes ces petites choses, match après match. Et c'était ainsi que je pouvais aider l'équipe… et mes statistiques par la même occasion. Je peux vous dire que j'en ai ramassé des points en remportant ma bataille en zone défensive pour ensuite rejeter le disque en zone neutre, seulement pour le voir partir en échappée et marquer. Mais pour obtenir ce résultat, il devait avoir pleinement confiance que j'allais remporter ma bataille, sinon il aurait fallu qu'il reste un peu plus derrière, et il n'aurait pas eu la chance de s'échapper.
Un véritable professionnel…
Si Sid a été aussi dominant au cours de ses 1000 premiers matchs en carrière, et qu'il continue à se maintenir parmi l'élite aujourd'hui, c'est parce que sa préparation est impeccable. Il ne laisse rien au hasard, et il aborde absolument tout ce qui touche au hockey avec le plus grand sérieux. Quand un joueur aborde un match et sait que sa préparation n'a pas été optimale, s'il n'a pas bien mangé ou dormi la veille par exemple, il se crée des doutes dans sa tête avant même que le match commence. Sid, ça ne lui arrive pas souvent. Autant physiquement que mentalement, il est au top. Si ça va moins bien un soir donné, il sait que ça va se replacer parce qu'il fait tout ce qu'il faut de son côté.
Et il a beau être l'un des meilleurs joueurs au monde, il n'a jamais cessé de travailler sur ses faiblesses. Par exemple, il était reconnu comme un passeur à ses premières années dans la ligue. Il a décidé qu'il voulait améliorer son tir pour être plus menaçant… et il a inscrit 51 buts la saison suivante pour remporter le trophée Maurice Richard. Même chose du côté des mises en jeu. Il était efficace, mais il voulait faire partie des meilleurs, alors il a demandé conseil aux meilleurs dans ce domaine.
C'est ça Sidney Crosby. Il n'hésite pas à aller chercher le petit élément que peut lui apporter une personne, et à l'intégrer dans son jeu. Même si cette personne ou ce joueur n'est pas le plus talentueux, s'il se démarque dans une facette du jeu, Sid ne se gênera pas pour lui demander conseil afin de devenir encore plus complet.

Voir le meilleur joueur de sa génération agir ainsi sans faire d'exception, ou si rarement, ça force un peu ses coéquipiers à suivre son exemple. Ce serait tellement facile pour lui de sauter un entraînement ou de se commander trois morceaux de gâteau au chocolat après un souper, parce que ça n'aurait pas d'impact le lendemain sur son jeu. Mais il est toujours à son affaire, et c'est ce qui fait qu'il est le leader de cette équipe depuis maintenant 15 ans.
… et un maudit bon gars
Les partisans voient tous le Sidney Crosby sérieux et professionnel lorsqu'il est sur la glace, mais laissez-moi vous dire qu'à l'extérieur de la glace, Sid est vraiment… sérieux et professionnel!
Dans un groupe, Sid demeure un gars sérieux, un peu comme on peut le voir sur la glace. Toutefois, il aime s'entourer de gars capables de faire des niaiseries, parce qu'il est un très, très bon public.
Il a d'ailleurs été mon cochambreur au cours de mes premières saisons à Pittsburgh, et nous sommes devenus très proches de cette manière. À un point tel, que lorsque j'ai atteint le plateau des 400 matchs dans la LNH, ce qui me donnait droit à une chambre individuelle à l'hôtel sur la route, Sid exigeait que nos chambres soient communicantes. Tous les jours, à un moment ou à un autre, la porte demeurait ouverte et nous discutions de tout et de rien.
On a eu un groupe tellement tissé serré à Pittsburgh. L'une des choses que j'ai pu constater au cours de ma carrière, c'est qu'on peut en dire beaucoup sur une équipe en étudiant comment les joueurs se regroupent pour le souper. Si on voit plusieurs petits groupes de trois ou quatre joueurs qui partent chacun de leur côté, ce n'est pas nécessairement un bon signe. Chez les Penguins, on était facilement 12, 13 voire 16 joueurs à aller manger ensemble… je vous le certifie, c'est moi qui m'occupais des réservations! J'ai toujours dit que dans notre domaine, le groupe doit passer du temps ensemble pour connaître du succès sur la glace, et c'était assurément notre cas.
Sid et moi, on se parle encore ou on s'envoie des messages textes dans le courant d'une saison. C'est surtout des petites niaiseries, des trucs légers. Il en a besoin, ça lui change les idées, et ça peut venir de lui comme de moi.
Félicitations pour tes 1000 matchs Sid! Ton chum Duper est pas mal fier de toi.
\Propos recueillis par Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com*