KOVACEVIC BADGE CHAUMONT

NEWARK, New Jersey – Johnathan Kovacevic n’avait reçu aucune promesse à son arrivée avec les Devils. Quand une équipe cède un simple choix de quatrième tour pour obtenir tes services, elle ne te déroule pas le tapis rouge.

« Je l’ai déjà dit, mais nous n’avions pas encerclé son nom parmi nos six premiers défenseurs lors du camp. Il a profité d’une blessure à Brett Pesce. Il a élevé son jeu et il n’a jamais perdu sa place. Il a fini par changer notre plan avec Simon Nemec, nous avons choisi de le retourner dans la Ligue américaine.

« Kovy (Kovacevic) a une belle personnalité, une grande intelligence et il veut apprendre en posant toujours de bonnes questions. Il n’y avait pas de grandes attentes pour lui à ses débuts au New Jersey. Il se disait qu’il était pour se battre pour un poste. »

Dans un corridor du Prudential Center vendredi matin, Sheldon Keefe a offert ce constat en décrivant les débuts de Kovacevic au New Jersey.

Kovacevic ne s’est pas juste battu pour un poste. En quelques mois seulement, le grand défenseur droitier de 27 ans est devenu un roc à la ligne bleue des Devils. Et il fait passer son directeur général, Tom Fitzgerald, pour un génie. Les Devils ont donné un quatrième choix à l’encan de 2026 aux Canadiens pour l’attirer à Newark.

« Je ne savais pas si c’était pour devenir un bon mariage avec les Devils, a rappelé Kovacevic lors d’une entrevue avec LNH.com. Je ne connaissais pas beaucoup de choses au sujet de Jersey, mais je savais que les Devils avaient de bons défenseurs. Je me suis dit que je devais simplement faire de mon mieux. J’ai gardé une bonne attitude. Je dirais que cet échange représente maintenant une bonne chose pour ma carrière. J’ai pris un pas important avec les Devils. Je sens que je peux agir comme un défenseur important et contribuer aux succès de mon équipe. »

À quelques heures d’un 30e match avec les Devils pour la visite de l’Avalanche du Colorado, Kovacevic se retrouve au sommet de deux statistiques importantes au sein de son équipe : le différentiel (+14) et le temps de jeu en infériorité numérique (79 min 25 s ou 2 min 44 s par rencontre).

« Je suis heureux de toutes les statistiques mentionnées, a répliqué Kovacevic lorsque mis au parfum de ses chiffres personnels. Je veux surtout être un défenseur vers qui mes entraîneurs peuvent se tourner. Je joue du hockey solide défensivement avec Sieg (Jonas Siegenthaler). Nous jouons souvent contre les gros trios de l’équipe adverse et nous retirons une fierté de notre jeu défensif. »

D’un défenseur qui se cherchait un simple poste à Montréal lors des deux dernières saisons, Kovacevic a trouvé une stabilité et un rôle clé chez les Devils. En 29 matchs, il a amassé 10 points (1 but, 9 passes), mais il joue surtout près de 20 minutes (19:58) par match.

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« Il joue avec une grande confiance et ça se reflète sur son jeu, a noté Keefe. Il est très constant. Il cadre bien au sein de notre équipe. Il est un grand défenseur droitier. Il a un jeu complet même s’il n’est pas le plus offensif. Il réussit sa première passe et il sort de notre territoire rapidement. Il brise des jeux, il bloque des tirs, il est robuste, il protège notre filet, il nous aide en désavantage numérique et il est aussi un très bon gars. Nous sommes tous heureux pour lui. »

« Kovy (Kovacevic) est génial pour nous », a renchéri le capitaine des Devils, Nico Hischier. « Il est un défenseur très solide pour nous. Il forme un bon duo avec Siegenthaler. Ils sont calmes, ils protègent bien notre territoire et ils ont de grands bâtons pour intercepter des passes. Ce n’est pas agréable de jouer contre des défenseurs comme eux. »

Montréal : une place dans son cœur

Kovacevic n’a gardé aucune rancœur contre les Canadiens. C’est tout le contraire, il se dit reconnaissant envers l’organisation.

« Je me doutais qu’il y avait une possibilité d’une transaction pour moi, a-t-il affirmé. Je ne savais pas quand c’était pour arriver. Je me disais qu’il y avait des chances lors du repêchage. Les deux journées du repêchage se sont déroulées à Vegas et il n’y a pas eu d’échange. Je pensais alors que j’allais rester avec le CH. Mais dès le lendemain du repêchage, j’ai appris mon départ pour le New Jersey.

« Je garderai un souvenir très précieux de mes deux années à Montréal, a-t-il poursuivi. C’était un moment unique dans ma vie. J’ai adoré mes deux saisons avec les Canadiens. J’avais la chance de jouer pour une équipe riche en histoire et je jouais au Centre Bell tous les soirs. Je regarde encore les matchs des gars (Canadiens). J’ai suivi la rencontre de jeudi contre Nashville. Je sais à quel point c’est agréable quand tu gagnes dans cet édifice. Il y a eu des moments plus difficiles lors de mon séjour à Montréal, mais j’ai grandi dans l’adversité. Je suis un meilleur défenseur aujourd’hui grâce à mes jours à Montréal. J’ai tellement appris, il y a des leçons que je n’oublierai jamais. »

Kovacevic a aussi appris qu’il n’y a jamais de certitude au niveau de la LNH. Il n’y a pas si longtemps, il devait convaincre Martin St-Louis et Stéphane Robidas qu’il méritait sa place parmi le top six à la ligne bleue.

« Je mentirais si je disais que c’est facile quand tu rentres et sors de la formation, a-t-il affirmé. À Montréal, je devais jongler avec cette réalité. Plus tôt cette année, j’ai croisé les gars quand ils sont venus jouer au New Jersey. J’ai parlé avec Arber (Xhekaj) et JB (Justin Barron). Ils se retrouvaient dans une situation semblable à la mienne l’an dernier. Je sais que ce n’est pas facile, mais tu dois souvent être confronté à cette réalité. Dans toutes les équipes, tu retrouves de bons défenseurs. Mais tu ne serais pas humain si tu ne ressens pas une plus grande nervosité quand tu n’as pas une place garantie au sein de la formation. Tu crains toujours de commettre une erreur et de sortir de la formation lors du match suivant. J’ai appris de mes moments avec le CH. »

À Montréal, Kovacevic était aussi l’un des rares joueurs à suivre des cours de français assidûment. Il voulait s’imprégner de la culture québécoise. Il n’a d’ailleurs pas perdu son français, en échangeant quelques mots avec l’auteur de ces lignes, mais aussi avec Nathan Légaré dans le vestiaire des Devils.

Kovacevic, qui écoule la dernière année d’un contrat de trois ans à un salaire de 0,767 M $, n’est pas juste un bon défenseur pour les Devils cette saison. Il représente aussi l’une des meilleures aubaines de la LNH. Il n’a toutefois pas encore cogné à la porte de son DG pour parler d’une prolongation de contrat.

« Je dirais que c’est trop tôt », a répliqué calmement le grand gaillard de 6 pieds 5 pouces.