Bossy-badge-Laflamme

Mike Bossy était un gentilhomme, d'une générosité sans borne. Un pince-sans-rire, en plus.

J'étais tombé sous son charme à l'âge de 13 ans. C'était en juillet 1978, après sa première saison dans la LNH.
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Bossy était le clou de notre semaine de stage passé à l'école de hockey Jacques Saint-Jean, à Laval.
Pour mon inséparable cousin Martin et moi, qui venions d'un petit village de la région de Québec, c'était une grosse affaire (on remercie encore tante Marie-Marthe de nous avoir hébergés!)
Ce souvenir nous est évidemment revenu en mémoire à la suite du départ beaucoup trop hâtif d'un des plus grands buteurs de l'histoire.
Bossy nous en avait mis plein la vue. Je me souviens qu'il avait commencé son laïus en nous disant qu'il nous dévoilerait un secret.
« Les gens me demandent comment je fais pour marquer des buts. Eh bien, c'est simple. Je ne sais pas où je tire, alors les gardiens ne savent pas où la rondelle va aller », avait-il lancé au groupe.
Au début de l'adolescence, on ne saisit pas toujours le deuxième degré des propos. Il a vu à nous faire comprendre que ce n'était pas réellement le secret, en y allant d'une démonstration de son savoir-faire.
Il nous demandait où on voulait qu'il vise dans le but et, chaque fois, il faisait mouche à l'aide de tirs tout aussi puissants que précis. On n'en croyait pas nos yeux, qui étaient grands comme des rondelles!
Bossy s'était par la suite prêté volontiers à une séance d'autographes. Je lui avais fait signer mon bâton « Québec NFL » en bois. Je n'ai plus le bâton, mais j'ai toujours la signature! J'ai pris soin de scier le morceau de bois sur lequel il a inscrit son nom, une fois le bâton brisé.

Bâton_Bob_Autographe_Bossy

Bossy avait fait une si forte impression qu'il m'avait fait changer d'allégeance. Moi qui étais un ardent partisan de Guy Lafleur et des Canadiens de Montréal, j'ai commencé à bifurquer vers les Islanders de New York (tout en gardant une place de choix pour Lafleur dans mon cœur).
Les Islanders avaient Bossy, mais également Bryan Trottier, auquel je m'identifiais beaucoup comme joueur de centre.
Je ne le savais pas à ce moment, mais ma nouvelle équipe allait me faire vivre de grands moments. J'ai vécu fièrement la période des quatre conquêtes d'affilée de la Coupe Stanley, au début des années 1980.
Comme journaliste plus tard, j'ai eu un accès privilégié aux principaux acteurs de la dynastie, comme Denis Potvin, Bossy et Trottier.
Il y a deux ans, en préparation d'une série d'articles sur le 40e anniversaire de la première conquête des Islanders en 1980, Bossy avait été généreux de son temps en entrevue. J'avais alors saisi l'occasion, après toutes ces années, pour lui confier mon secret à moi.