Juraj Slafkovsky, qui a été le premier choix au total du Repêchage de la LNH 2022 par les Canadiens de Montréal, a accepté de partager mensuellement avec LNH.com les dessous de sa vie de hockeyeur professionnel. Pour une troisième année déjà, il discute de sa saison sur la glace, mais aussi de ses expériences à l'extérieur de la patinoire.
Bonjour à vous tous,
Il y a une façon de décrire mon début de saison. Honnêtement, je ne suis pas heureux de mon départ. Nous arrivons au quart de la saison. Je sais que je peux en offrir plus. Il y a plus de bon hockey en moi. Je l’ai démontré l’an dernier.
Je me concentre peut-être trop sur des aspects précis et j’arrête de jouer mon style ou je m’éloigne de mon jeu de la saison dernière. J’ai probablement commis l’erreur de me placer un peu trop de pression sur les épaules. Je venais de passer un bon été à m’entraîner et j’avais confiance de poursuivre sur mon élan des derniers mois. Il y a des matchs où j’ai le sentiment que je veux tout faire sur la glace. Mais je ne m’aide pas. Il y a des rencontres où tu dois te contenter de réaliser les jeux simples et tu n’as pas à chercher la perfection.
Quand tu as un mauvais match dans le corps, tu dois te battre et accepter d’y aller de jeux moins compliqués. Je ne marquerai pas quatre buts tous les soirs, mais je dois être efficace et trouver des façons d’aider mon équipe. Depuis trois ou quatre matchs, je sens que je me dirige dans le bon chemin.
Je regarde mes statistiques individuelles et je peux choisir le bon côté de la médaille. Après 15 matchs l’an dernier, j’avais seulement deux points (un but, une passe).
J’ai joué 16 matchs cette saison et j’ai 11 points (un but, 10 passes). C’est déjà mieux. Mais oui, je veux m’améliorer et mieux jouer. J’ai espoir que les buts viendront. Je dois simplement m’assurer de faire les bonnes choses sur la glace. J’espère finir la saison avec plus de buts que l’an dernier (20) malgré mon lent départ.
Pour débloquer et pour décocher plus de tirs, j’ai besoin de mieux patiner. Quand je ne patine pas assez, je ne me place pas aux bons endroits. J’ai confiance en mon tir, ce n’est pas que je ne veux pas l’utiliser. Je dois trouver des façons de me libérer sur la patinoire et de me placer dans les zones payantes. Je regarde des vidéos et je cherche des solutions.
Au début de la saison, je jouais avec Nick (Suzuki) et Cole (Caufield). Depuis le match contre les Sabres à Buffalo (11 novembre), je patine avec Nick et Kirby (Dach) après quelques expériences avec Jake (Evans) et Newy (Alex Newhook).
Cole et Kirby sont deux droitiers, mais on parle de deux ailiers différents. Cole est un marqueur naturel, alors que Kirby joue un style lourd un peu comme moi. Il y a des changements au sein des trios, mais c’est une bonne chose d’avoir plusieurs options. D’ici peu, nous compterons aussi sur le retour de Patty (Patrik Laine). Il occupera une place dans le top-6. Tu dois développer une complicité avec plusieurs joueurs, pas juste un ou deux joueurs.
Physiquement, je me sens bien aussi. J’ai manqué trois matchs à la fin du mois d’octobre. Je sais qu’un peu tout le monde parlait d’une blessure à une épaule pour moi. Ce n’était pas le cas. Je m’étais fait mal lors du match contre les Kings de Los Angeles (17 octobre). Je ne peux pas dire la nature exacte de ma blessure, mais je ressentais une douleur près de l’épaule quand je décochais des tirs. J’ai eu besoin d’un peu de repos. J’ai manqué une semaine, mais je n’ai plus de problème. J’ai regagné toute ma force et ma mobilité, je suis de retour à 100%.
Écouter la bonne voix
J’en parlais dans le vestiaire après un gain de 7-5 contre les Sabres à Buffalo. Nous venions de freiner une série de six revers (0-5-1), et je me cherchais. Pour bien jouer, je dois écouter la bonne voix dans ma tête. Je l’ai dit aux journalistes à Buffalo. Mais je vais l’expliquer encore une fois.
J’entends parfois la voix de Marty (Martin St-Louis) dans ma tête. Pour moi, c’est une bonne chose. Il y a des moments où j’avais plusieurs voix dans ma propre tête : la mienne et celle de plusieurs autres personnes. Je reçois parfois des textos de ma mère (Gabriela) qui me demande encore de décocher plus de tirs. Elle le fait encore même à mon âge. Je lui ai conseillé de me parler d’autres sujets que le hockey! Il y a des matchs où je devenais trop tendu. Je n’aimais pas ce sentiment. Quand j’oublie toutes les voix et que je me concentre uniquement sur les enseignements et les paroles de Marty, je redeviens le joueur que je désire être. J’aime ça quand j’entends les mots de Marty. Je dirais que ça me motive encore plus.
J’ai une bonne relation avec mon coach. Il me teste assez souvent, il veut me pousser. Je ne suis pas toujours le joueur le plus facile. Mais je dirais que j’ai la même passion que lui. Nous partageons aussi une autre chose : nous détestons perdre. Marty me donne des conseils, mais il écoute aussi mes recommandations. Il y a toujours un dialogue. J’ai parfois le sentiment que mon idée est meilleure, mais je dois admettre qu’il a plus souvent raison que moi! Il est un très bon motivateur. Je lui ai parlé souvent lors des dernières semaines.
J’ai répondu à des questions après la victoire de 5-1 contre les Blue Jackets de Columbus (16 novembre). Dans ce match, j’ai sauté mon tour à quelques reprises en fin de deuxième période et au début de la troisième. Mais c’était de ma faute. J’étais le responsable. À mon retour au banc en deuxième période, j’ai fracassé mon bâton en revenant pour un changement. J’étais fâché contre moi. Quand un entraîneur remarque qu’un joueur brise son bâton et qu’il ne gère pas bien ses propres émotions, il n’a pas le choix de réagir. Je venais d’obtenir de mauvaises présences, j’avais perdu des rondelles faciles et j’ai mal géré mes émotions. Marty avait raison d’envoyer les joueurs qui jouaient un bon match. J’ai compris la leçon. Il y a des matchs où tu as de mauvaises présences, mais tu ne dois pas baisser les bras. Tu dois toujours te battre pour revenir.
J’ai parlé avec Marty depuis cet incident. Il ne m’a pas rencontré immédiatement après le match contre les Blue Jackets, mais le lendemain. Il m’a expliqué qu’il voyait ma frustration et qu’il sentait que je me mettais une pression inutile. Il m’a dit qu’il voulait revoir le joueur des derniers mois de la dernière saison.
À mes yeux, il y a une clé essentielle pour redevenir ce joueur. Je dois bouger mes pieds. Ça peut sembler simple, mais c’est vraiment ça. Je n’utilise pas assez mes pieds, je ne patine pas assez et je ne me sers pas assez de mes grosses cuisses. Quand je ne patine pas, je ne peux pas frapper et récupérer des rondelles puisque je deviens en retard.
Un mini-camp au mois de novembre
Il y a tellement de matchs pendant une saison. Nous jouons pratiquement aux deux jours et nous devons souvent voyager. Pour cette semaine, c’est différent. Il y avait un match lundi et le suivant était juste samedi. Nous avons quatre jours entre deux matchs. Nous avons donc profité de trois entraînements complets. J’ai donc le sentiment de me retrouver au cœur d’un mini-camp.
J’ai aussi reçu la visite de ma mère cette semaine. J’étais heureux de passer du temps avec elle. Mon père m’a visité au début de la saison pour une semaine et ma mère a fait la même chose lors des derniers jours. Mais avec ma maman, j’ai eu la chance d’avoir des repas comme à la maison en Slovaquie. Ça fait toujours du bien. Elle m’offre toujours de suivre ses recettes, mais je n’ai pas la patience. Quand je me fais à manger, je veux toujours que ce soit rapide et que je ne me retrouve pas avec trop de vaisselle après. Je ne consacre pas le même niveau d’amour que ma maman !
J’ai assez parlé. Je dois maintenant partir pour une rencontre avec les attaquants de l’équipe. Je vous redonne des nouvelles le mois prochain.
*Propos recueillis par Jean-François Chaumont, journaliste principal LNH.com