La barre était haute et les Canadiens de Montréal ne parvenaient plus à la surpasser.
L'inquiétante glissade de l'équipe à ses huit derniers matchs (2-4-2) et l'incapacité de Claude Julien à redresser la barque rapidement dans une saison écourtée ont incité le directeur général Marc Bergevin à congédier son entraîneur et son associé Kirk Muller pour faire place à Dominique Ducharme, mercredi.
Le CH avait besoin d'une « nouvelle voix »
Le directeur général Marc Bergevin avait le sentiment que le message de Claude Julien ne passait plus dans le vestiaire
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« Claude n'a pas perdu son vestiaire, mais j'ai vu une équipe perdue qui manquait de sens, de direction, a expliqué le grand patron. Ce sont des choses qui arrivent dans le sport professionnel. Parfois, les joueurs ont besoin d'une nouvelle voix. Après une certaine période de temps, le message ne passe plus.
« J'ai pris la décision finale au cours de la nuit, mais j'y réfléchissais depuis un bout. C'est une décision très importante que j'assume entièrement et que je n'ai pas prise à la légère. »
Il n'y a pas si longtemps, pourtant, le Tricolore semblait filer lentement et sans trop de difficultés vers les séries éliminatoires grâce à un départ canon (7-1-2) ainsi qu'une profondeur et une force de frappe que l'on n'avait pas vues depuis des années. Mais les mauvaises habitudes des dernières saisons sont revenues au galop.
La crainte de voir les siens être plongés au cœur d'une longue séquence d'insuccès, comme ce fut le cas à deux reprises l'an dernier, a entraîné les changements qui sont survenus au lendemain d'une deuxième défaite de suite contre les Sénateurs d'Ottawa (6-14-1).
« Ce qui a été difficile, ç'a été de voir notre équipe passer d'un groupe dévoué qui jouait avec beaucoup de rythme et de vitesse à un groupe qui courait après sa queue, a illustré Bergevin. Nous manquions de cohésion. C'était frustrant pour moi. Parfois, on peut mettre le blâme sur les blessures, mais nous n'en avions aucune, zéro. Si le message demeure le même et que les joueurs répondent différemment, des changements ont besoin d'être apportés. »
C'est dans ce contexte plutôt difficile que Ducharme prendra la barre de l'équipe après un long parcours sinueux, qui s'est amorcé, il y a presque 20 ans, dans le réseau universitaire canadien, puis dans la ligue junior AAA. Un bel accomplissement, certes, mais une journée en demi-teinte tout de même.
« Si j'avais écrit un film qui se termine par une nomination comme entraîneur des Canadiens, ce n'est peut-être pas le scénario que j'aurais choisi, a laissé entendre le nouvel élu. C'est un sentiment partagé parce que je perds deux collègues que j'appréciais beaucoup. Ce sont des personnes extraordinaires qui m'ont ouvert la porte de la LNH.
« Je n'ai pas pris l'autoroute pour me rendre ici. J'ai emprunté les routes secondaires et j'en suis fier. Ça m'a fait grandir comme entraîneur. […] Je me sens prêt. Quand tu es bien préparé pour un examen, tu n'es pas nerveux et tu te fous des questions. J'ai confiance en ce que ce groupe peut accomplir et je suis prêt pour l'aventure. »
Le Joliettain de 47 ans occupait le poste d'adjoint chez le CH depuis deux saisons. Le pilote québécois sera toujours épaulé par Luke Richardson et Stéphane Waite, tandis qu'Alex Burrows, qui était l'adjoint de Joël Bouchard à Laval, se joindra au personnel d'entraîneurs et sera responsable des unités spéciales.
Ducharme portera l'étiquette d'entraîneur « par intérim » jusqu'à la fin de la saison, mais Bergevin a clairement indiqué qu'il était son homme - à condition, bien sûr, de faire le travail.
« C'est pour donner un peu de temps à tout le monde de s'ajuster », a-t-il expliqué à propos de l'astérisque qui accompagne le titre. « La décision finale sera prise en fin de saison, mais j'ai confiance en Dominique et je crois qu'il est capable d'amener nos joueurs au niveau auquel ils ont déjà été. J'ai totalement confiance qu'il est la bonne personne pour redresser l'équipe. »
Approche différente
Avec la nomination de Ducharme, les Canadiens prennent un autre virage dans le processus de « réinitialisation » entamé il y a quelques années. Alors que le noyau de l'équipe s'est rajeuni, voilà que le nouveau pilote en est un qui est plus connecté sur la réalité de la nouvelle génération.
« Il correspond au nouveau type d'entraîneur, a fait valoir Bergevin. Il a connu du succès au niveau junior et au Championnat mondial. C'est une nouvelle voix et c'est ce dont l'équipe a besoin. C'est un bon communicateur, et c'est souvent ce que les jeunes recherchent.
« Dominique était encore dans le junior, il n'y a pas si longtemps. Ça ne veut pas dire que Claude communiquait mal - ce n'est pas ça du tout - mais parfois un petit ajustement peut faire une grosse différence. »
L'ancien entraîneur des Mooseheads d'Halifax et des Voltigeurs de Drummondville est reconnu depuis longtemps comme un pilote proche de ses joueurs qui sait comment s'y prendre pour soutirer le meilleur des outils qu'il a sous la main. Il a maintenant la lourde tâche de le faire dans un vestiaire qui compte sur des jeunes talentueux et des vétérans aguerris.
« Nous sommes tous différents et nous communiquons tous différemment, a conclu Ducharme. Il n'y a personne de pareil, tout le monde a son style et sa personnalité. J'ai ma façon de faire. Pour moi, les choses sont assez claires quand on les met sur la table et les joueurs savent à quoi s'attendre. »