Logan-Mailloux-badge-Laflamme

BROSSARD - Logan Mailloux sait qu'il ne peut rien faire pour modifier le passé, mais il veut passer à l'action afin d'être un vecteur de changement. Un an après avoir été repêché dans la tourmente par les Canadiens de Montréal, l'espoir en défense assure avoir énormément cheminé sur le plan personnel.

« J'ai décidément évolué comme être humain au cours des deux dernières années. Je n'étais pas éduqué à ce moment et je le suis maintenant », a-t-il déclaré, avec beaucoup d'aplomb, au cours d'une mêlée de presse dans le cadre du camp de développement du Tricolore.
À LIRE AUSSI : Slafkovsky fait déplacer les partisans des Canadiens en grand nombre | Farrell habile et dominant contre les jeunes de son âge
Mailloux est ce jeune homme qui, au moment où il jouait en Suède il y a deux ans, a pris une photo d'une partenaire à son insu pendant un acte sexuel. Il l'a par la suite relayée à ses coéquipiers par le biais d'un réseau social en identifiant la jeune fille sans obtenir son consentement.
Accusé en Suède, il a été reconnu coupable d'atteinte à la vie privée et de diffamation, écopant d'amendes.
À son retour en Amérique, il avait demandé aux équipes de la LNH de ne pas le repêcher, estimant que c'était un privilège dont il était indigne.
Les Canadiens, avec le directeur général Marc Bergevin et son adjoint Trevor Timmins en tête, ont fait fi de sa requête en le réclamant au premier tour de la séance, au 31e rang.
La décision de l'organisation avait provoqué un raz de marée d'indignation et de mécontentement au Québec et au Canada, en plus d'envoyer le jeune homme en pâture sur la place publique.
Avec le recul, Mailloux évite de jeter la pierre au Tricolore, tout en réitérant que sa position était la bonne.
Suspendu par la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL) et appelé à se soumettre à de nombreux programmes de sensibilisation et d'éducation et thérapies, Mailloux dit être maintenant prêt à aller de l'avant dans la poursuite de son rêve de hockeyeur.
« Le plus difficile, c'est de me prouver que je mérite d'obtenir la chance qui s'offre à moi », a-t-il néanmoins admis. « Je le fais pour moi. À l'extérieur de la patinoire, je veux être un leader dans la communauté, que ce soit ici ou à la maison (Belle River, en Ontario). Je dois me le prouver, avant de le prouver aux autres. »
Présent à ses côtés, un des codirecteurs du développement chez le CH, Rob Ramage, est intervenu pour dire que Mailloux ne serait pas dans le giron de l'équipe si on jugeait qu'il ne faisait pas les efforts nécessaires.
Repentant et compatissant
Mailloux, qui a toujours affiché de la compassion à l'endroit de la victime, a affirmé qu'il n'y a pas une journée au cours de laquelle il ne repense pas à la grave erreur qu'il a commise et qui lui colle à la peau.
« Je ne peux pas entrer en contact avec elle, sous ordonnance de la cour. Mais j'espère qu'elle peut comprendre que je dois vivre avec ça tous les jours. C'est quelque chose qui me suivra toute la vie, comme ça la suivra pendant toute sa vie. J'espère qu'elle réalise la sincérité de mes actions et toute l'importance que j'y accorde. »
S'il y a un aspect positif d'avoir été repêché par les Canadiens, c'est la présence de Ramage. L'ancien défenseur de la LNH a lui-même commis une erreur impardonnable avec laquelle il doit vivre tous les jours. En 2003, à l'âge de 44 ans, il a pris le volant en état d'ébriété. Il a été impliqué dans un accident qui a causé la mort du passager dans l'auto qu'il conduisait, son ancien coéquipier dans la LNH, Keith Magnuson, âgé de 56 ans. Il a écopé d'une peine d'emprisonnement de quatre ans en 2007. Il a été libéré après 10 mois.
« Rob s'y connaît pour ce qui est de seconde chance, a noté Mailloux. Au cours de la dernière année, nous nous sommes parlé toutes les semaines ou presque. Il est un formidable mentor. Je peux toujours compter sur lui dans les moments difficiles. »
Un séminaire nécessaire
Ramage s'est dit impressionné par tout le sérieux que met le jeune de 19 ans dans sa démarche.
« Il ne se soumet pas à tout ce qu'on lui demande par obligation, mais pour être une meilleure personne, a-t-il mentionné. Encore lundi, à l'occasion du séminaire sur le respect et le consentement donné aux espoirs par l'ancien joueur Sheldon Kennedy, il s'est grandement impliqué. Il aurait pu donner le séminaire. »
À ce titre, Mailloux et Ramage ont mentionné que le séminaire de Kennedy devrait être une formation obligatoire pour toutes les équipes juniors et même dans le hockey mineur.
Mailloux a manifesté le désir de partager son histoire le plus possible. Il soutient que ça l'aidera à « transformer positivement un événement incroyablement malencontreux ».
« Le moment venu, je m'impliquerai afin de sensibiliser la prochaine génération d'athlètes », a-t-il annoncé.
« Le jeune homme a payé un lourd prix pour son geste, a repris Ramage, mais il a fait face à ses responsabilités. Il veut devenir une référence et faire une différence. Le plus important, c'est ce qu'il fera à compter d'aujourd'hui. »
Sur le plan hockey, Mailloux est contraint de s'entraîner en solitaire au camp de développement en raison d'une blessure à une épaule.
« Ç'a été une dernière année difficile avec seulement une douzaine de matchs, mais j'ai pu m'entraîner beaucoup avec les Knights de London, mon équipe junior. La longue période d'inactivité m'a permis de poursuivre mon cheminement personnel. »
Les Canadiens ont procédé à plusieurs changements au sein de la direction au cours des derniers mois, mais Jeff Gorton et Kent Hughes semblent prêts à donner sa chance à Mailloux, qui a pris congé des journalistes en leur souhaitant une bonne journée en français.