HUTSON BADGE LEPAGE

OTTAWA – Cole Hutson connaît exactement son rôle avec l’équipe nationale américaine au Championnat mondial junior. Aussi discret que son frère Lane, le défenseur des Canadiens de Montréal, il ne voudrait surtout pas causer d’incident diplomatique lorsque vient le temps de se pencher sur ses responsabilités.

« Mon objectif est d’apporter de la production secondaire », a amorcé le défenseur de 18 ans, en entrevue avec LNH.com. « Nous avons notre gars ici, Zeev (Buium). Il détruit tout dans la NCAA depuis un bon bout et il était avec l’équipe, l’an dernier, quand elle a remporté ce tournoi.

« Les entraîneurs lui donnent évidemment la chance d’être le quart-arrière. Moi, je suis ici pour le soutenir. »

L’ironie dans tout ça, c’est qu’Hutson disait ça, en bon soldat, après avoir amassé cinq aides et maintenu un différentiel de +7 dans une victoire de 10-4 contre l’Allemagne en lever de rideau, jeudi. Notons ici qu’il s’agissait de son tout premier match chez les moins de 20 ans sur la scène internationale.

« Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j’ai obtenu cinq points dans un match, a rigolé l’attaquant Ryan Leonard, un autre espoir des Capitals. Ce gars est assez spécial. »

Hutson s’est donc réveillé, au lendemain de la première journée d’activités, au sommet des pointeurs du tournoi. Pendant ce temps, sans rien lui enlever, Buium est toujours à la recherche de son premier point.

L’adversaire était bien sûr à portée des Américains, reste que le frère de l’autre a démontré qu’il ne retenait pas du voisin. Le choix de deuxième tour des Capitals de Washington possède la même agilité sur patins, la même vision et les mêmes habiletés avec la rondelle que son aîné.

Pas besoin d’avoir fait d’études supérieures en hockey pour faire l’association entre les deux.

« Sa manière de tromper l’adversaire et sa capacité à attaquer, à faire hésiter ceux qui tentent de le freiner, me sautent aux yeux », a vanté l’entraîneur David Carle, qui a dirigé Lane au CMJ l’an dernier. « Il est toujours deux coups d’avance sur le jeu. Il est très dynamique. Il possède des habiletés qui ne s’enseignent pas. »

Le pilote se retrouve donc avec un beau problème entre les mains. Buium est le vétéran d’expérience qui évolue sur la première paire. Huston est le jeune poulain qui marche dans ses traces… et qui pourrait éventuellement s’acquitter davantage de tâches offensives.

Il pourrait devenir difficile de s’en priver. Après un petit match, Cole a déjà plus de points que Lane à sa première participation (4), et il en a besoin de deux autres pour surpasser sa production de l’an dernier (6).

« Les deux voient le jeu comme nul autre », a comparé Leonard, qui a fait équipe avec Lane en Suède. « C’est assez facile d’être sur la glace en même temps qu’eux. Je m'estime chanceux d’avoir joué avec les deux. On dirait qu’ils trouvent ta palette, même quand tu ne t’y attends pas. »

« Quand tu es sur la glace avec eux, tu les regardes et tu les laisses faire leurs trucs », a quant à lui illustré l’attaquant Gabriel Perreault.

Imiter le grand frère

Si ce n’est qu’une question de temps avant que Cole puisse se vanter d’avoir amassé plus de points que son aîné au CMJ, ce dernier a quand même une médaille d’or et une autre d’argent de plus à son palmarès. Le petit frère a regardé ses prouesses lors des deux derniers tournois et il tentera de faire mieux.

« Ça veut dire beaucoup pour moi de suivre ses traces, a reconnu Cole. En grandissant, c’était un tournoi auquel nous rêvions de participer. On dirait que je ne réalise pas encore que c’est mon tour. […] J’espère poursuivre la séquence et gagner l’or cette année… et peut-être même encore l’an prochain. »

Tout ça est encore loin. Ça dépendra bien sûr de la tangente que prendra son développement. L’arrière de 5 pieds 10 pouces et 165 livres a jusqu’ici récolté quatre buts et 14 points à ses 16 premiers matchs avec l’Université de Boston, dans la NCAA, et continue de gravir les échelons vers la LNH.

« La NCAA est l’une des ligues de développement les plus dures, a-t-il conclu. Je sais que ça me prépare bien pour le prochain niveau d’affronter des gars qui ont plusieurs années de plus que moi. Si ça ne me permet pas d’être prêt pour la grande ligue, je ne sais pas ce qui le fera. »