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Lukas Cormier est au sommet de son art.
À quelques semaines du début des séries éliminatoires dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), le défenseur acadien pointe au troisième rang des pointeurs du circuit grâce à sa récolte de 42 points, dont 14 buts, en seulement 30 matchs. Inutile de préciser ici qu'il est aussi l'arrière le plus productif de la Ligue - neuf points devant son plus proche poursuivant.

« J'ai toujours été un défenseur offensif et je prends de plus en plus confiance avec les années », a indiqué le défenseur de 18 ans, presque 19, qui en est à sa troisième campagne avec les Islanders de Charlottetown.
« On a aussi une bonne équipe cette année, alors ça aide. […] Je pense que l'amélioration était au rendez-vous l'année passée malgré ma blessure. Cette fois, j'ai connu un bon début de saison et j'ai pu continuer sur ma lancée après Noël. »
Cormier avait conclu la dernière campagne avec 36 points, alors qu'il avait été limité à 44 rencontres en raison d'une fracture de la cheville qui lui avait fait rater près de deux mois d'activités.
Cette fois, il est en pleine forme et il envoie un sérieux message au reste de la Ligue ainsi qu'aux Golden Knights de Vegas, qui l'ont repêché au 68e échelon au dernier repêchage : ses qualités offensives ne sont pas de la frime, et sa progression est on ne peut plus intéressante.
Le contexte pandémique nous oblige toutefois à jouer à l'avocat du diable. Depuis le 7 novembre, les Islanders ne se sont mesurés qu'exclusivement aux Mooseheads d'Halifax et aux Eagles du Cap-Breton - deux équipes de bas de classement - étant donné les restrictions sanitaires imposées dans les Maritimes.
« C'est assurément un défi de remettre les statistiques et les records en contexte puisque nous n'affrontons pas toutes les équipes de la Ligue », a fait valoir l'entraîneur de Charlottetown Jim Hulton. « Nous n'avons aucun contrôle sur les circonstances. Lukas n'a pas décidé d'affronter les mêmes équipes à répétition, mais il a été en mesure d'afficher une grande constance dans ses performances et dans sa préparation mentale. Tout le mérite lui revient pour ça. »
Sans rien enlever aux prouesses de Cormier et à la domination de la troupe de Hulton, ce n'est peut-être pas un hasard si l'équipe montre une fiche de 27-4-0 et que ses joueurs occupent les quatre premiers rangs du classement des pointeurs. Dans ces circonstances, on peut se demander si les statistiques de Cormier sont gonflées aux stéroïdes ou bien s'il aurait connu une campagne similaire en temps normal.
Il est impossible d'avancer une réponse scientifiquement prouvée, mais Hulton a sa petite idée là-dessus.
« Je n'ai aucun doute qu'il produirait au même rythme, a-t-il lancé sans hésiter. Il n'a fait que passer à l'étape suivante. Ce n'est une surprise pour personne dans notre équipe. Il a marqué 15 buts à sa première saison et il aurait atteint le plateau des 60 points sans sa blessure, l'an dernier.
« Il était rendu à cette étape. Je crois fermement qu'il aurait pu amasser 80 ou même 90 points dans une saison normale. Il est talentueux à ce point-là. »
Une pépite
Une telle production pour un défenseur, on n'a pas vu ça dans la LHJMQ depuis que Samuel Girard a conclu sa dernière saison avec une récolte de 75 points en 59 matchs, en 2016-17. C'est justement à l'arrière de l'Avalanche du Colorado que pense Hulton quand on évoque les perspectives d'avenir de son poulain.
« Son jeu offensif a toujours été sa carte de visite et ce le sera toujours, a vanté le pilote. Mais il a grandement progressé dans son jeu sans la rondelle. Il a un bon jeu de bâton et il utilise son coup de patin comme une arme dans sa zone. C'est le signe d'un jeune qui comprend ce que ça prendra pour jouer au plus haut niveau.
« Je vois une trajectoire similaire à celle de Girard pour Lukas. Samuel a été en mesure de bien transposer son style de jeu chez les professionnels, et Lukas a des attributs similaires; il est intelligent, il est mobile, il est actif et il peut diriger un avantage numérique. La transition se passera très bien. »
La question est maintenant de savoir à quel moment ça se produira. Les Golden Knights lui ont déjà consenti un contrat de recrue, mais Cormier n'a encore jamais mis les pieds à Vegas, ne serait-ce que pour un camp de développement. Tout ça est encore loin.
Pour l'instant, le no 51 des Islanders a les yeux sur les séries à venir et sur la chance qu'il aura d'enfin pouvoir se mesurer à d'autres équipes. Peut-être même éventuellement aux autres puissances du circuit.
« On se concentre sur le moment présent, a-t-il conclu. Je suis convaincu qu'on a une équipe pour rivaliser contre n'importe qui dans la Ligue. On est prêts à le prouver et à faire tous les sacrifices pour y parvenir. »