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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
Le seul joueur acquis par le directeur général des Canadiens de Montréal Kent Hughes le jour de la date limite des transactions, le défenseur québécois Frédéric Allard, a pu obtenir son baptême de feu avec le Tricolore dimanche contre les Golden Knights de Vegas, mais son arrivée était davantage destinée à garnir les rangs du Rocket de Laval dans sa course aux séries.

Allard s'ajoute à une liste de plus en plus longue de joueurs natifs de la Belle Province qui obtiennent une occasion de relancer leur carrière à un jet de pierre du Centre Bell. Tous repêchés par une autre organisation que les Canadiens, Brandon Gignac, Anthony Richard et Nicolas Beaudin connaissent une très bonne saison à Laval et voient tous le bénéfice de poursuivre leur carrière dans l'environnement du Rocket.
S'il manque encore six points à Gignac pour égaler son sommet en une saison dans la LAH (36), Richard (55) et Beaudin (18) ont déjà éclipsé leur meilleure récolte en carrière. Ce qui est assez remarquable dans les trois cas, c'est qu'ils ont tous senti que changer d'air allait être salutaire pour leur carrière afin de s'approcher encore plus près de leur but premier : jouer dans la LNH.
« Quand tu es plus jeune, je pense que c'est une bonne chose d'aller jouer aux États-Unis », a mentionné Richard, le meilleur pointeur du Rocket. « Tu es rendu plus loin de la famille, tu habites dans un appartement, tu te débrouilles dans tes affaires et tu apprends parfaitement l'anglais. Je pense qu'après quelques années, tu te rends compte à quel point jouer au Québec, c'est spécial. Quand tu es rendu à un deuxième ou à un troisième contrat [et que tu n'es pas encore un joueur de la LNH], c'est certain que tu y penses de rentrer à la maison. J'ai fait presque tous les amphithéâtres dans la Ligue américaine, et c'est vraiment Laval qui est la meilleure place pour jouer. »
Richard n'a pas eu à faire un plaidoyer auprès de son grand ami Allard très longtemps, eux qui ont joué ensemble pendant cinq ans dans l'organisation des Predators de Nashville. Le nouveau venu chez le Rocket est bien au fait des succès que connaît le Rocket aux guichets depuis six ans. C'est encore plus vrai cette année, alors qu'un record d'assistance devrait être établi par le Rocket d'ici la fin de la saison. Le match des étoiles du circuit présenté au début du mois de février a été une vitrine exceptionnelle pour présenter aux meilleurs joueurs de la Ligue la qualité des installations et l'ambiance incomparable qu'on retrouve à l'intérieur de la Place Bell.

« Je l'ai vécu pendant le match des étoiles, on se faisait demander constamment, Alex (Belzile) et moi, si c'était tout le temps comme ça dans les gradins, a poursuivi Richard. Ils étaient tous vraiment impressionnés de l'appui de la foule et de l'engouement qu'il y avait à Laval. Quand tu as un mauvais match, tu veux revenir en force le lendemain pour plaire à ces gens-là ainsi qu'à ta famille et à tes amis qui viennent te voir tous les soirs. »
Beaudin avait quant à lui bon espoir de retrouver à Laval les atouts qui lui avaient permis d'être réclamé au premier tour (27e au total) par les Blackhawks de Chicago en 2018. Son étoile avait pâli à Chicago, et plusieurs défenseurs l'avaient devancé dans la hiérarchie, à un point tel qu'on avait rayé son nom de la formation à plusieurs reprises dans la LAH. Avec le Rocket, Beaudin vient de surpasser sa meilleure production offensive dans une saison, mais en 38 matchs de moins.
« À Chicago, ma tête n'était vraiment plus là, et l'équipe avait perdu confiance en moi, a admis Beaudin. Montréal a décidé de venir me chercher afin de me donner une deuxième chance. Je produis offensivement, mais je me sens aussi plus à l'aise sur 200 pieds. Je suis un gars qui aime profiter des gros moments pour me faire un nom et aider l'équipe à gagner. »
À l'autre bout du vestiaire, Gignac sait aussi à quel point changer d'environnement peut représenter une bénédiction. À sa quatrième année de développement dans l'organisation des Devils du New Jersey, Gignac avait tellement dégringolé aux yeux de l'équipe qu'il avait passé presque toute la saison dans l'ECHL, à Jacksonville. On ne s'est donc pas bousculé aux portes pour le mettre sous contrat comme joueur autonome à l'été 2021, et il a dû accepter une entente à un volet de la LAH avec le Rocket.
Son jeu solide la saison dernière lui aura permis de décrocher une prolongation de contrat de deux ans, une première en six ans offerte par le Rocket à l'un de ses joueurs. À cette entente est rattachée une option de la LNH, si jamais une autre formation lui faisait de l'œil.

« Quand tu obtiens une nouvelle chance, tu as tout à rebâtir dans un certain sens, a philosophé Gignac. Souvent, tout est positif, et il faut que tu en soutires le meilleur. Je pense que la venue de Fred va être excellente pour lui, et pour nous aussi. Il ne jouait plus beaucoup à Ontario (avec le Reign, le club-école des Kings de Los Angeles), et je suis certain qu'il va obtenir plus de responsabilités ici. Il a beaucoup de talent et je suis certain qu'il va repartir en force. »
L'entraîneur du Rocket Jean-François Houle voit d'un bon œil la compétition qui va s'installer pour les six places de défenseurs réguliers dans sa formation. L'ajout d'Allard lui donne présentement huit arrières de calibre de la LAH, dont six possèdent des ententes de la LNH en bonne et due forme. Le rendement irrégulier de la défensive de l'équipe, qui se classe au 28e rang du circuit au chapitre des buts accordés, n'est probablement pas étranger à l'acquisition d'Allard, un arrière réputé pour sa fiabilité.