Retour dans le temps : Match ultime de la Finale de 1987

Avec la saison 2019-20 de la LNH interrompue depuis le 12 mars en raison des inquiétudes entourant le coronavirus, LNH.com vous offre un retour dans le temps en revisitant six matchs ultimes de la Finale de la Coupe Stanley - de 1987 à 2006 - d'un point de vue actuel et plutôt léger.
Aujourd'hui, le match no 7 de la Finale de 1987 opposant les Flyers de Philadelphie aux Oilers d'Edmonton.
Avouons-le, il est bien difficile d'être aussi fébrile que les amateurs de l'époque lorsqu'on regarde ce match en plein isolement volontaire, 33 ans plus tard.

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Ça n'a toutefois pas pris beaucoup de temps avant d'être plongé en plein cœur de cette jeune rivalité, qui s'était amorcée en 1985 quand les deux équipes avaient croisé le fer en Finale pour la première fois.
Les Oilers de Glen Sather n'avaient alors fait qu'une bouchée des Flyers en l'emportant en cinq matchs pour triompher une deuxième année de suite. Mais voilà que, deux ans plus tard, le scénario était bien différent.
Menés par un gardien recrue du nom de Ron Hextall, les Flyers avaient surmonté un déficit de 1-3 dans la série pour forcer la tenue d'un match ultime au Northlands Coliseum d'Edmonton. Contre une équipe qui comptait sur les Wayne Gretzky, Mark Messier, Jarri Kurri et Paul Coffey, ça relevait presque du miracle.
Petite précision ici : l'auteur de ces lignes - un jeune millénial - ne se souvient pas avoir vu jouer ces joueurs pendant une très longue période, mais il a entendu assez de récits pour déduire qu'ils se débrouillaient assez bien au hockey.
Alerte au divulgâcheur :
le sommaire du match se trouve ici
si vous voulez le consulter avant de retourner dans le temps.
Voici donc trois éléments marquants de cette rencontre :
Duel relevé devant le filet
L'histoire du match, outre le fait que les Oilers ont soulevé la Coupe Stanley pour la troisième fois en quatre ans, est sans contredit la prestation époustouflante de Ron Hextall. Le gardien des Flyers a fait face à un barrage de 43 lancers et n'a cédé qu'à trois reprises - face à Mark Messier, à Jari Kurri et à Glenn Anderson.
Et mis à part le but d'Anderson, un boulet entre les jambes qui a fait 3-1 avec moins de trois minutes à faire au match - c'est ici que vous apprenez que les Oilers l'ont emporté par cette marque - il n'a pas grand-chose à se reprocher.
Il a d'ailleurs réussi quelques vols, dont un particulièrement impressionnant aux dépens de Craig MacTavish quand il a étendu le bâton pour l'empêcher de faire 2-1 en début de deuxième période. C'était la belle époque à laquelle l'instinct prédominait sur le style. Force est d'admettre que ça faisait le travail.

Hextall a conclu les séries avec une moyenne de buts alloués de 2,76 et un taux d'efficacité de ,908 pour mettre la main sur le trophée Conn-Smythe, malgré la défaite des siens. Comme me l'a dit un collègue, le jeune gardien a presque volé la Coupe pour les Flyers, cette année-là. C'est d'ailleurs la seule fois de sa carrière qu'Hextall a été aussi près de mettre la main sur le trophée de Lord Stanley.
De l'autre côté, Grant Fuhr a été beaucoup moins occupé dans ce match ultime, mais il a réalisé certains arrêts importants sur les 20 tirs qu'il a affrontés. L'attaquant finlandais Ilkka Sinisalo a d'ailleurs goûté à la médecine du membre du Temple de la renommée à deux occasions en deuxième.

Je dois avouer ici que je m'attendais à bien pire devant le filet - surtout après avoir vu le but marqué par Murray Craven en tout début de match contre Fuhr. Un tir d'un angle restreint qui semble aujourd'hui anodin, mais pour lequel les hommes masqués n'avaient encore pas développé de technique.

Le reste du match a été une tout autre affaire et les deux portiers ont fait mentir Guy Lafleur, qui a récemment déclaré que les « gardiens n'étaient pas bons » pour expliquer ses succès offensifs de l'époque!
Le réveil de Messier
Oui, oui, vous avez bien lu : le réveil d'un attaquant qui avait récolté 107 points, dont sept buts, en 77 matchs au cours de la saison régulière et 27 points en 20 matchs éliminatoires avant cet affrontement ultime.
Le problème, c'est qu'après avoir amassé un but et trois mentions d'aide au cours des trois premières rencontres de la Finale, le troisième meilleur pointeur de l'équipe en saison - derrière Gretzky et Kurri - était tombé en panne sèche.
Le Moose avait été blanchi en trois matchs et les Oilers avaient encaissé deux revers au cours de cette courte disette, de quoi rappeler de mauvais souvenirs aux partisans anxieux de l'équipe.
Le no 11 avait toutefois gardé son meilleur match dans sa manche. Il a touché la cible pour créer l'égalité en première période et a été de tous les combats par la suite. Il a terminé la rencontre avec un différentiel de plus-2, quatre minutes de pénalité et autant de tirs au but.

Il a même reçu une longue ovation en fin de troisième période quand il est revenu au jeu après avoir retraité momentanément vers le vestiaire à la suite d'un tir bloqué. Son apport au cercle des mises en jeu était tout simplement trop important pour que les Oilers puissent s'en passer.
Le trio qu'il complétait avec Glenn Anderson, qui a amassé un but et une aide, et Kent Nilsson, auteur d'une passe, a de loin été le plus menaçant de la soirée. Le dynamisme et la vitesse du duo Messier-Anderson est probablement bien connu de ceux qui se souviennent de cette époque, mais ç'a sauté aux yeux du millénial-habitué-au-jeu-rapide que je suis.
Messier a finalement conclu le tournoi printanier au deuxième rang des pointeurs de l'équipe avec 12 buts et 16 aides, six points de moins que Wayne Gretzky et un de plus qu'Anderson.
La hache
On dit souvent que les joueurs recrues doivent respecter l'ordre établi et ne pas faire trop de vagues avant d'avoir pris du galon. Visiblement, Hextall n'avait pas vu passer le mémo.
Dès la première minute de jeu du match, le gardien de 23 ans a perdu son calme quand Mark Messier a foncé au filet en lui assénant un tout petit double-échec derrière la tête après qu'il eut immobilisé la rondelle. La table était mise pour le reste de la rencontre.

Les Oilers ont saisi absolument chaque occasion de déranger Hextall avec des petites poussées, des chutes « accidentelles » ou des petits coups de bâton - on peut en déduire que c'était l'un des éléments principaux du plan de match.
Et disons que les règles entourant la protection des gardiens étaient probablement un peu plus lousses à l'époque - comme la très grande majorité des règlements, d'ailleurs. Pas étonnant que la marmite ait sauté en troisième période alors que les Flyers tiraient de l'arrière 2-1.
Enfargé par un défenseur des Flyers en tentant de couper au filet, l'attaquant des Oilers Marty McSorley a eu le malheur de glisser dans les jambes du bouillant gardien. S'en est suivi une longue escarmouche, qui a coûté deux minutes chacun à Hextall, Rick Tocchet, Marty McSorley et Craig MacTavish.

Avec le recul et la réputation que l'impulsif gardien s'est bâtie au fil des années, cet épisode n'a rien de bien spectaculaire. On se souviendra de son attaque à la hache contre Chris Chelios lors des séries de 1989, qui lui avait valu 12 matchs de suspension… On peut confirmer aujourd'hui qu'il y avait eu des signaux d'alarme en 1987!
Pensées en bref
- Tiens donc, cette formation des Oilers de 1986-87 a été nommée la cinquième plus grande équipe de l'histoire de la Ligue lors d'un vote tenu auprès des partisans dans le cadre des cérémonies du Centenaire de la LNH. Dans le top-5, on retrouvait aussi les éditions 1984-85 (1ere) et 1987-88 (4e) des Oilers.
- La rondelle se distribue plutôt facilement au sein d'une première vague d'avantage numérique qui compte sur les Gretzky, Messier, Anderson, Coffey et Charlie Huddy…
- La technique de la remorque pour ralentir un adversaire était sous-estimée à l'époque et la distribution de solides coups de Sher-Wood là où ça fait mal (avec un vrai bâton en bois) est un art qui s'est perdu au fil des années.

• Je me demande si la courbe du bâton de Marty McSorley était légale lors de cette Finale…
  - Bien que spectaculaire à plusieurs occasions, Hextall a reçu l'aide de ses poteaux à au moins quatre reprises au cours de la rencontre. Je soupçonne même que Messier aurait fait 2-1 en fin de première période si les Oilers avaient pu avoir recours à la reprise vidéo. On a jugé que c'était un poteau…

• Je songe désormais à partir une pétition pour ramener les trompettes dans les gradins des amphithéâtres de la LNH.
  - Kjell Samuelsson (6 pieds 6 pouces, 235 livres) et Brad Marsh (6-3, 220) sur le même duo à la ligne bleue des Flyers, c'est de là qu'est partie l'expression « gros bonhomme »?