Dans le cadre des textes de la série « Tête-à-tête avec… », nous nous entretenons avec des acteurs du monde du hockey afin d'en apprendre plus sur leur vie sur la glace et à l'extérieur. Cette édition spéciale de saison morte met en vedette le nouvel entraîneur des Jets de Winnipeg Rick Bowness, qui a été embauché dimanche.
Tête-à-tête avec… Rick Bowness
Le nouvel entraîneur parle des changements qui devront s'opérer chez les Jets dans une entrevue avec LNH.com
WINNIPEG- Rick Bowness n'a aucun problème avec le fait d'être vu comme le deuxième choix des Jets de Winnipeg, sachant qu'ils ont tout d'abord courtisé Barry Trotz, qui leur a annoncé le 24 juin qu'il n'allait pas diriger la saison prochaine.
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« Il y avait beaucoup de bons entraîneurs dans ma position qui étaient le deuxième choix, non? », a lancé Bowness, lundi. « Je ne suis pas seul dans cette situation. Beaucoup d'entraîneurs de qualité ont eu une entrevue et sont de bons entraîneurs dans cette ligue, et ils étaient tous derrière Barry. Pour des raisons évidentes, Barry était le premier choix, et ça ne me dérange pas du tout. »
Bowness provient de Moncton, au Nouveau-Brunswick, et il remplace Dave Lowry, qui a conservé un dossier de 26-22-6 en 54 matchs après la démission de Paul Maurice le 17 décembre.
C'est la deuxième fois que l'homme de 67 ans est embauché comme entraîneur de Winnipeg. Il était devenu pilote de la mouture originale des Jets le 7 février 1989, après que Dan Maloney eut été congédié, et il avait conservé une fiche de 8-17 avec trois verdicts nuls pour terminer la saison.
Plus récemment, il a maintenu un dossier de 89-62-25 en trois saisons à la barre des Stars de Dallas, après avoir remplacé Jim Montgomery le 10 décembre 2019. Bowness a conduit Dallas à la finale de la Coupe Stanley en 2020, un revers en six matchs contre le Lightning de Tampa Bay.
Cette saison, les Stars ont conservé une fiche de 46-30-6 et sont entrés en séries éliminatoires de la Coupe Stanley en occupant la première place de quatrième as dans l'Association de l'Ouest. Bowness a démissionné le 20 mai, après que les Stars eurent perdu le match no 7 de la première ronde face aux Flames de Calgary.
Le directeur général des Jets Kevin Cheveldayoff a indiqué lundi qu'il a rapidement contacté Bowness après que Trotz l'eut avisé qu'il n'allait pas diriger la saison prochaine. Bowness ne compte pas perdre de temps à se soucier d'avoir été le plan de rechange.
« Je comprends les raisons pour lesquelles ils essayaient d'obtenir les services de Barry, et j'aurais fait la même chose, a ajouté Bowness. Le fait qu'il vienne du Manitoba et les succès qu'il a connus avec une conquête de la Coupe Stanley (en 2018 avec les Capitals de Washington)… J'aurais fait la même chose. »
En carrière, Bowness montre une fiche de 212-351-28 avec 48 matchs nuls en 639 rencontres de saison régulière derrière le banc des Stars, des Coyotes de Phoenix, des Islanders de New York, des Sénateurs d'Ottawa, des Bruins de Boston et des Jets, ainsi qu'un dossier de 26-23 en 49 parties des séries.
Ses 2787 matchs derrière un banc de la LNH comme entraîneur-chef, adjoint ou associé (2562 en saison régulière et 225 en séries) représentent un record dans l'histoire de la Ligue.
LNH.com s'est entretenu avec Bowness au Canada Life Centre après la conférence de presse lors de laquelle il a été présenté aux médias. Plusieurs sujets ont été abordés, incluant sa vision pour les Jets.
Qu'est-ce qui doit changer à Winnipeg?
« La culture d'équipe était un problème l'année dernière. D'après ce qu'on a pu comprendre avec les commentaires des joueurs, il s'agissait d'un problème. La stratégie et le plan de match ne fonctionneront pas si la bonne culture n'est pas en place, si tous les joueurs n'ont pas acheté le plan. Il faut changer ça. C'est là-dessus que je vais travailler durant l'été en ayant des conversations avec les joueurs. Ainsi, lorsque nous arriverons au camp d'entraînement, tout le monde connaîtra les attentes. La première chose que nous devons changer est certaines attitudes et la culture autour de l'équipe. »
Peux-tu procéder à ces changements rapidement?
« C'est une très bonne question. À en juger par les réactions initiales, je pense que ça va beaucoup aider que les joueurs soient aussi frustrés par la manière dont ils ont terminé la dernière saison. Ça va grandement aider. Ils n'ont pas aimé la manière dont ils ont joué. Ils n'ont pas aimé la manière dont la saison s'est terminée. Ils étaient tous déçus, donc ça m'aide à changer les choses. Je dois m'assurer qu'ils auront la bonne attitude en arrivant au camp. »
Qu'est-ce qui t'a déçu ou dérangé dans la façon dont ton passage à Dallas s'est terminé?
« Rien en particulier. Il y a des problèmes avec lesquels le personnel d'entraîneurs a dû composer, certaines attitudes et des choses qui n'étaient pas là l'année d'avant. Mais c'est correct, ça fait partie du travail d'un entraîneur dans la LNH d'aujourd'hui. Le plus important, c'était le personnel qui était en place. Nous nous sommes rassemblés et nous avons poussé cette équipe le plus loin possible. Nous étions si proches d'aller affronter Edmonton en deuxième ronde. Nous avons atteint la prolongation du match no 7 (contre Calgary) et nous avons eu des chances de qualité dont nous n'avons pas su profiter. Nous avons ensuite démissionné en disant que nous avions poussé cette équipe le plus loin possible. Il n'y a rien qui me déçoit vraiment. Aurions-nous pu gagner quelques matchs de plus? Absolument. Est-ce que ça aurait changé notre position au classement? Non. Nous n'étions pas une équipe de 110 ou 115 points. Nous avons donc poussé cette équipe le plus loin possible, et tout le personnel en était fier. »
Quel est le meilleur conseil qu'on t'a donné durant ta carrière d'entraîneur?
« Je dirais que c'est d'être honnête envers soi-même. Je ne sais pas si j'ai développé cela ou si on me l'a appris. Quand je suis devenu entraîneur, je savais que je voulais diriger de la manière dont j'aurais voulu être dirigé comme joueur. C'était il y a longtemps, mais Tom Watt a eu une grande influence sur moi. Il était le premier entraîneur aussi préparé pour les entraînements et attentif aux détails parmi ceux pour qui j'ai joué. C'était avant-gardiste à l'époque, et il insistait sur le fait d'être préparé, d'avoir une structure et de préparer tous tes entraînements. Ça m'a ouvert les yeux comme joueur, mais ç'a aussi changé toute mon approche comme entraîneur. J'ai toujours dit que si je devenais entraîneur, j'allais diriger à ma façon, et que si on me congédiait, ce serait à ma façon, pas celle de quelqu'un d'autre. »
Tu as énormément d'expérience avec 40 ans derrière un banc, incluant comme entraîneur adjoint ou associé. À quel point cette transition est-elle difficile et comment te sers-tu de cette expérience quand tu deviens entraîneur-chef?
« Je ne suis pas certain que j'ai déjà vu ça de cette façon-là. Peu importe le rôle, je comprends qu'il y a toujours du travail à faire pour diriger une équipe. Je sais que certains entraîneurs ne reviendraient jamais dans un rôle d'adjoint. De mon côté, je voulais diriger. J'adore le hockey, donc je voulais rester derrière le banc et j'ai accepté des rôles moins importants à certains endroits. Je ne me suis jamais vraiment soucié des titres. Pourvu qu'on me donne la liberté de faire les choses à ma façon - et ç'a été le cas avec tous les entraîneurs avec qui j'ai travaillé. J'ai été très chanceux de pouvoir le faire. Je n'ai jamais travaillé pour un entraîneur-chef qui m'a dit : "Non, tu ne peux pas faire ceci ou faire cela de cette manière." C'était important pour moi de travailler avec des gens qui allaient me laisser faire, qui pouvaient me faire confiance pour faire les choses à ma façon. Ça m'a beaucoup aidé. Le plus difficile aurait été qu'on ne me laisse pas la liberté de travailler à ma façon, mais je n'aurais probablement jamais accepté un tel emploi de toute façon. »
Tu as été embauché pour diriger la mouture originale des Jets le 9 février 1989, il y a plus de 33 ans. De quoi te souviens-tu le plus de ce premier emploi comme entraîneur-chef?
« Regardez à quel point j'avais l'air jeune à l'époque! Je me souviens que lorsqu'on m'a appelé pour me dire qu'on me faisait faire le saut de Moncton (dans la Ligue américaine de hockey) pour remplacer Don Maloney, je n'étais pas enthousiaste, car je savais que je n'étais pas prêt. Au fond de moi, je le savais. À ma première année à Moncton, un an plus tôt, nous avions 12 recrues qui arrivaient des rangs universitaires et nous avions connu une année difficile. L'année suivante, quand on m'a passé un coup de fil pour remplacer Maloney, nous étions en première position au classement, et je pense que nous aurions pu être champions cette année-là. C'est dire à quel point j'avais confiance en mon équipe! J'étais déçu de ne pas pouvoir finir le travail, mais tu dois faire ce que l'organisation te demande. »
À quel point Rick Bowness, l'entraîneur, est-il différent après toutes ces années?
« J'en sais beaucoup plus sur le hockey et sur le rôle d'un entraîneur. Je n'étais pas prêt pour ce premier emploi. J'ai beaucoup plus confiance en dirigeant les joueurs aujourd'hui. C'est une ère complètement différente. Même à l'époque, j'étais surtout un communicateur. Je n'étais pas le genre d'entraîneur fermé qui impose sa vision. Je n'ai jamais été ce genre d'entraîneur. Mon style s'est amélioré au cours des 10 ou 12 dernières années comparativement à avant, simplement parce que c'était complètement différent à l'époque. On ne pouvait pas être aussi ouvert ou tenter de communiquer de la même façon, ou être proche des joueurs. Ça ne fonctionnait pas comme ça quand je jouais. Quand je suis allé à Boston (lors de la saison 1991-92), j'ai probablement perdu mon emploi parce que l'équipe était très "vieille école" et dure, tandis que je ne l'étais pas. J'étais ouvert avec les joueurs et j'aimais communiquer avec eux. Quand je pense que nous avons gagné deux rondes et atteint la finale d'association et que j'ai quand même perdu mon poste, je réalise que c'était mon approche avec les joueurs et la communication qui les dérangeaient. Ç'a joué un grand rôle dans mon congédiement. Mais je préfère faire les choses à ma manière et perdre mon emploi plutôt que changer mon approche. »