WINNIPEG – Connor Hellebuyck ne sera pas surpris s'il voit des rondelles lui passer tout le tour de la tête dans ses cauchemars pendant un bout de temps.
Le gardien des Jets de Winnipeg, quatre fois finaliste pour l’obtention du trophée Vézina, remis au meilleur gardien de la LNH, n’est pas habitué de faire face à un assaut offensif comme celui que les Jets ont vécu contre l’Avalanche du Colorado en première ronde des séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Avec une victoire de 6-3 mardi, l’Avalanche a éliminé Winnipeg en cinq matchs.
Hellebuyck, qui a pris le deuxième rang de la LNH pour les victoires (37), le troisième rang pour la moyenne de buts alloués (2,39) et le premier échelon pour le pourcentage d’arrêts (,921) chez les gardiens ayant joué au moins 30 rencontres en saison régulière, a vu ses chiffres péricliter contre l’Avalanche. Des résultats qui lui ont « brisé le cœur ».
Hellebuyck a conservé un dossier de 1-4 avec une moyenne de 5,23 et un pourcentage d’arrêts de ,870 durant la série, accordant au moins quatre buts dans chacune des cinq parties contre le Colorado.
« Vous n’allez probablement pas me croire, mais je jouais le meilleur hockey de ma carrière », a affirmé Hellebuyck, jeudi, lors du bilan de saison des Jets. « C’est vraiment ainsi que je me sens. Non seulement je jouais peut-être mon meilleur hockey, mais j’étais dans une zone où tu ne réfléchis pas et tu joues, tout simplement. […] Ça me brise le coeur d’avoir été incapable d’accorder moins de quatre buts (dans un seul match).
« Il faut leur attribuer du mérite pour ce qu’ils ont fait, mais quand j’y repense, je ne sais pas si j’ai vu la moitié des rondelles qui sont entrées dans le filet. Ils ont fait du bon travail, mais être incapable de m’imposer dans au moins un match me fait mal. Ce ne sont pas les performances que j’offre habituellement. »
Hellebuyck a remporté le Vézina en 2020 et le trophée William-M.-Jennings cette saison, après que Winnipeg eut accordé 199 buts (incluant les buts décisifs en tirs de barrage), le plus bas total de la LNH. Il a admis avoir eu besoin d’appuyer sur le bouton réinitialisation après avoir été retiré entre les deuxième et troisième périodes de la défaite de 5-1 dans le match no 4.
« Particulièrement lors du match no 4, j’étais extrêmement dans ma bulle en après-midi. Dès le moment où je me suis réveillé, j’étais prêt à voler le match, a raconté Hellebuyck. C’était mon approche avant chaque rencontre, mais particulièrement lors du match no 4. Et quand j’ai été retiré du match (après avoir accordé quatre buts sur 30 tirs) pour avoir plus de repos, une vague d’émotions m’a envahi. Des émotions que j’avais refoulées durant toute la série. C’est là que j’ai réalisé que je ne pouvais pas tout faire seul.
« Et je ne dis pas que je sentais le besoin de tout faire seul. C’était simplement mon approche : je devais le faire seul. J’ai réalisé que je dois me considérer comme un morceau de cette équipe et non pas être celui qui prend tout sur ses épaules. Je ne parle pas contre l’équipe, mais plutôt de la personne que je suis. Je suis fait de cette manière. J’essaie de tout prendre sur mes épaules. Je ne pense pas que c’est la bonne approche en séries. Je dois me plonger dans le jeu collectif et j’espère que ça m’offrira la paix d’esprit. »
Les Jets ont établi un record de l’ère moderne de la LNH cette saison en accordant trois buts ou moins dans 34 rencontres consécutives. Ce souvenir était bien lointain durant la série.
« Toute l’année, nous avons tiré de la fierté de notre jeu collectif », a souligné l’entraîneur Rick Bowness. « C’est ce qui nous a transportés, et [Hellebuyck] a été un morceau important de ce jeu collectif. C’est l’exemple parfait d’un joueur qui se met une pression indue sur les épaules. Il jugeait qu’il devait faire la différence. En séries, il y a toujours un match où une équipe ne joue pas bien, et le gardien vole un match. Je pense que c’est ce à quoi il fait référence.
« La raison pour laquelle nous l’avons retiré du match no 4, et je l’ai expliquée, est que nous voulions rejeter un peu de la responsabilité sur les épaules des joueurs. Nous voulions envoyer le message que nous devions resserrer notre jeu et que nous ne pouvions pas compter uniquement sur lui pour nous garder dans le coup lors de chaque partie. […] Ce qu’il faut se rappeler est que nous n’avons pas livré la marchandise quand ça comptait le plus, et c’est dans ces moments qu’il se met le plus de pression sur les épaules. »
Quand on lui a demandé ce que ça lui avait fait de voir une équipe gagnante du William-M.-Jennings s’effondrer en séries, le directeur général Kevin Cheveldayoff a répondu que son équipe n’avait peut-être pas eu la bonne approche.
« Ça démontre que les séries sont quelque chose de complètement différent, a dit Cheveldayoff. Tu dois être préparé à jouer de différentes façons pour avoir du succès. L’autre équipe a des joueurs talentueux. Être assis ici et dire que tout est notre faute ne rend pas justice à la grande équipe que nous avons affrontée, une équipe avec de bons joueurs et qui est bien dirigée.
« Quand nous parlions des transactions effectuées à la date limite des échanges, j’avais dit que nous n’avions rien accompli encore. Tant que tu n'es pas la dernière équipe en vie, tu n’as rien accompli. La responsabilité revient à tout le monde au sein de l’organisation. »