Au bout du fil, Ken Peroff prend un court instant avant de répondre à la question.
L’entraîneur adjoint des Otters d’Erie devait bien se douter qu’elle s’en venait. On sent toutefois qu’il veut placer ses idées pour offrir une réponse bien réfléchie quand on lui demande ce qu’il a appris sur son poulain Matthew Schaefer au cours de la dernière année.
« J’ai vu à quel point il aime la game, amorce Peroff au bout d’un moment. Je pense que le hockey est devenu un genre d’espace rassurant pour lui. Quand il saute sur la glace, qu’il décoche des tirs et qu’il rivalise avec les autres, ça lui permet d’oublier un peu ce qui se passe à l’extérieur de la patinoire. »
On lui pose cette question parce que le jeune défenseur n’a pas été épargné par le destin, la saison dernière. Il a plutôt été frappé de plein fouet.
Sa mère Jennifer est décédée d’un cancer du sein à l’âge de 56 ans, en février dernier, après une bataille de deux ans contre la maladie. Cette perte tragique est survenue seulement trois mois après que sa mère de pension, Matson, se soit enlevé la vie.
Ça en ferait beaucoup à gérer émotionnellement pour n’importe qui, encore plus pour un adolescent de 16 ans. Mais Schaefer a trouvé la force de revenir au jeu rapidement, deux semaines après le décès de sa mère.
« Elle me manque tellement, a-t-il dit en entrevue avec LNH.com. Elle est l’une des personnes les plus fortes que je connaisse. Elle a eu à traverser tellement d’épreuves, et tu ne veux jamais voir ta mère souffrir comme ça. Elle s’est battue aussi longtemps qu’elle a pu pour rester avec sa famille.
« Mais maintenant, je sais qu’elle est à mes côtés tous les jours, peu importe ce que je fais. Elle est toujours avec moi, sa force aussi. C’est une femme forte. »
Ça explique peut-être en partie pourquoi, malgré tout ce qu’il a vécu, Schaefer est parvenu à garder le cap et à poursuivre sa progression pour devenir l’un des joueurs les plus étroitement surveillés en vue du prochain repêchage. Son nom est de plus en plus évoqué quand il est question du premier rang au total.
Il fait d’ailleurs partie des 33 joueurs invités, cette semaine à Ottawa, au camp de sélection de la formation canadienne en vue du Championnat mondial junior – un fait rare pour un joueur de 17 ans. Et il a de bonnes chances de s’y tailler un poste.
Mais ce n’est pas en discutant avec Schaefer que l’on pourrait deviner qu’il est autant convoité par les équipes de la LNH. Le jeune homme est humble comme pas un, et la maturité qu’il a acquise en étant confronté à des deuils aussi épouvantables se ressent à des kilomètres à la ronde.
« Quand vous connaissez Matthew Schaefer et que vous avez une idée de ce qu’il a surmonté dans les derniers mois, vous comprenez qui il est comme individu », a fait valoir Peroff, qui est responsable des défenseurs. « Vous saisissez toute sa personnalité et à quel point il est bien dans sa peau.
« Il a un énorme cercle de soutien, et il l’a créé simplement en étant une bonne personne. Il est un excellent coéquipier. Quand il a eu besoin d’eux, ils étaient là pour lui. Il est très proche de sa famille, de son frère Johny et de son père Todd. Les deux sont toujours là pour le soutenir. »
Un Noël au CMJ?
Vous comprendrez que Schaefer n’aura pas besoin de vendre sa salade quand les dirigeants des équipes de la grande ligue lui demanderont comment il réagit devant l’adversité. Inspiré par sa mère, le jeune homme a démontré énormément de force dans les derniers mois pour se relever.
Même quand la vie lui a envoyé une autre balle courbe.
Après avoir aidé le Canada à remporter l’or au Championnat mondial des moins de 18 ans, au printemps, et à la Coupe Hlinka-Gretzky, cet été, il a été terrassé par une mononucléose. Il a raté les neuf premiers matchs de la saison, mais a repris exactement là où il avait laissé à son retour au jeu.
« Je n’en pouvais plus d’attendre dans les gradins à regarder les matchs, a dit le natif d’Hamilton au sujet de son absence. Mais je voulais m’assurer de revenir à 110 % plutôt que de traîner ça toute la saison. Quand je suis revenu au jeu, j’étais encore plus affamé. »
Ç’a paru. Au moment de mettre le cap vers Ottawa pour le camp de l’équipe canadienne, il avait amassé sept buts et 22 points en 17 matchs – déjà cinq points de plus que son total en 56 rencontres, l’an dernier.