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TORONTO – La douleur, Chris Tanev connaît ça, après avoir bloqué 1652 tirs en 792 matchs en carrière dans la LNH.

Mais il admet avoir ressenti une douleur profondément différente en assistant aux funérailles de son ami et ancien coéquipier avec les Flames de Calgary Johnny Gaudreau et son frère Matthew, le 9 septembre dernier.

Le défenseur de 34 ans a retenu ses émotions en écoutant la famille Gaudreau rendre hommage aux deux jeunes hommes, surtout quand l’épouse de Johnny, Meredith, a annoncé qu’elle était enceinte du troisième enfant du couple.

Son estomac s’est retourné. Comme tout le monde dans l’assistance, il était sous le choc. Voilà qui est bien pire que se jeter devant un tir d’Alex Ovechkin.

« Un cauchemar », a dit Tanev à LNH.com la semaine dernière. « La première chose à laquelle tu penses dans une telle situation est d’aller embrasser ton fils et ton épouse, et de dire à tes parents que tu les aimes.

« Il n’y a pas de mots pour décrire la peine que tu ressens pour Meredith, les parents de Johnny et toute la famille. »

Johnny et Matthew sont décédés le 29 août quand ils ont été happés par une voiture alors qu’ils circulaient à vélo près de chez eux dans le comté de Salem, au New Jersey. Ils étaient âgés de 31 et 29 ans, respectivement.

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En écoutant les hommages aux frères Gaudreau, Tanev a réfléchi à sa propre famille. À son épouse, Kenda, et à son fils, Bobby. Au deuxième enfant que le couple va accueillir sous peu. À sa mère, Sophie, et à son père, Mike, qui l’ont soutenu dans son rêve d’atteindre la LNH en grandissant à East York, un quartier de 118 000 habitants tout juste à l’est du centre-ville de Toronto.

Il a aussi pensé à sa décision de signer un contrat avec les Maple Leafs de Toronto durant l’entre-saison, un choix qui lui permettra de jouer près de sa famille – ses parents, oncles, tantes, etc.

Évoluer près de ses êtres chers est l’une des raisons pour lesquelles il a signé un contrat de six ans d’une valeur de 27 millions $ (salaire annuel moyen de 4,5 millions $) avec les Maple Leafs le 1er juillet.

Les Stars de Dallas, qui l’ont acquis des Flames de Calgary le 28 février, voulaient conserver ses services après l’avoir vu jouer 19 matchs en fin de saison régulière et 19 autres en séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Mais comme le directeur général des Stars Jim Nill l’a dit, il ne pouvait pas lui offrir un avantage bien précis : un retour à la maison.

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Le parcours de Tanev d’East York jusqu’à la ligne bleue des Maple Leafs est remarquable aux yeux de ceux qui l’ont vu grandir dans le hockey mineur.

En grimpant les échelons, Tanev s’est frotté à certains des joueurs les plus talentueux de la région de Toronto. Il a déjà été le coéquipier des futures vedettes de la LNH Steven Stamkos et P.K. Subban. Il a souvent affronté John Tavares, aujourd’hui son coéquipier avec les Maple Leafs.

Ces joueurs avaient l’habitude de dominer les matchs. Chris Tanev? Pas vraiment.

« Si vous m’aviez dit à l’époque qu’il serait dans la LNH un jour et qu’il aurait une aussi belle carrière, j’aurais gagé un million de dollars que non », a lancé Chris Stamkos, le père de Steven.

« Il était petit et on ne le voyait pas vraiment. La rondelle quittait son bâton rapidement. Il était intelligent, mais rien ne montrait qu’il allait devenir le joueur qu’il est aujourd’hui. »

Chris Stamkos sait de quoi il parle.

Il a grandi à East York et étudié au même collège que Mike Tanev, le père de Chris. Les deux sont encore des amis proches à ce jour. Chris Stamkos a donc assisté de près à l’ascension de Tanev dans le hockey.

« Tanev a une belle histoire, a-t-il dit. C’est aussi la preuve que tu n’atteins pas la LNH à 8 ans. Les gens aiment parler des enfants qui sont dominants à un jeune âge et leur prédire un avenir dans la LNH. Ils ne sont que des enfants. Beaucoup de choses peuvent changer. Chris en est la preuve.

« Une chose est certaine : il a toujours été un fougueux compétiteur. »

C’est compréhensible, considérant qu’il a grandi avec deux jeunes frères : Brandon, un attaquant de 32 ans qui évolue avec le Kraken de Seattle, et Kyle, âgé de 30 ans. Des matchs de mini hockey dans le sous-sol de la maison familiale jusqu'aux parties de soccer et de baseball sur les terrains d’East York, tout était une compétition.

« Chris et moi avons toujours voulu avoir le dessus sur l’autre durant notre enfance, donc c’était compétitif dans la maison, a raconté Brandon. Tu ne veux jamais perdre contre ton petit frère. De mon côté, j’ai toujours voulu être le grand frère. »

Brandon se souvient des matchs de Chris au sein de la même équipe que Stamkos et Subban.

« Il y a de grands joueurs dans ce trio, a-t-il affirmé. C’est génial de regarder de tels joueurs, surtout Chris qui est mon frère, et d’avoir suivi leurs pas comme je l’ai fait.

« C’est la lumière au bout du tunnel quand tu vois à quel point il travaille fort et le genre de personne qu’il est. En grandissant, je voulais être comme lui. »

Au niveau novice à l’âge de 8 ans, Chris, Subban et Stamkos ont joué ensemble avec les Canadiens de North York, une puissance de la ligue de hockey du Grand Toronto. L’entraîneur Doug Sheppard estime qu’ils ont perdu seulement quatre matchs cette saison-là.

« P.K. et Steven étaient deux des meilleurs joueurs de la ligue, et de loin, et Steven jouait dans une catégorie d’âge supérieure, s’est remémoré Chris Tanev. Ils ont joué dans la LNH longtemps, et Steven joue toujours. Il est une vedette et marque 40 buts chaque année; c’est impressionnant. Je les ai côtoyés quand nous étions jeunes, et c’est génial que nous soyons tous dans le hockey encore aujourd’hui. »

C’est à cette époque que Sheppard a décidé de muter Subban de l’attaque à la défense, une position qu’il a toujours occupée par la suite. Il a également travaillé sans relâche avec Stamkos pour améliorer son tir, qui, croyez-le ou non, était sa faiblesse auparavant.

Malheureusement, Sheppard ne pouvait rien faire avec le petit gabarit de Tanev, un problème que seule mère Nature pouvait régler. Éventuellement, le chétif joueur de hockey est devenu le défenseur de 6 pieds 2 pouces et 193 livres que l'on connaît aujourd’hui.

« J’ai souvent joué contre lui dans ces années-là et je me souviens qu’il était l’un des plus petits joueurs de la ligue, a dit Tavares. Puis, tout d’un coup, il a grandi au fil des années.

« J’ai hâte de l’avoir comme coéquipier. Il vient du Grand Toronto comme moi, et je pense qu’il est impatient d’avoir la chance de jouer du bon hockey ici. »

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Avec le nombre de rondelles qui ont percuté son corps au fil des années, Chris Tanev s’est fait demander s’il a toujours eu cette tolérance à la douleur qui est un peu devenue sa marque de commerce dans la LNH.

Sa réaction : un haussement des épaules.

« Je ne sais pas. Tous les joueurs sont comme ça dans le hockey », a répondu Tanev.

« Les gars vivent pour ça. Certaines choses vont se produire au fil des matchs. Soit tu peux jouer, soit tu ne peux pas. Ça fait partie du sport. »

Se jeter la tête première devant des tirs à 100 mi/h fait peut-être partie de son jeu, mais pas de celui de la plupart des joueurs. En fait, sa volonté de sacrifier son corps suscite l’admiration à travers la Ligue.

Demandez à Brad Treliving, le directeur général des Maple Leafs, qui a fait de l’acquisition de Tanev une priorité durant l’entre-saison, après avoir été son patron avec les Flames de 2020 à 2023.

« Il est un joueur défensif qui appartient à l’élite, a souligné Treliving. On parle souvent des joueurs offensifs qui voient les jeux avant tout le monde. Il fait la même chose, mais en zone défensive.

« Il est un véritable guerrier. Il est un vecteur de la culture d’équipe à l’intérieur du vestiaire. Je connais son âge. Mais même dans la dernière année, il a montré qu’il est l’un des meilleurs défenseurs à caractère défensif de la Ligue. Et il est droitier. Il représente tout ce que tu veux d’un coéquipier. »

Tanev a terminé à égalité au troisième rang de la LNH la saison dernière avec 207 tirs bloqués, puis il a été le meneur de la Ligue en séries éliminatoires à ce chapitre (73). Cette volonté de sacrifier son corps pour le bien de l’équipe fait sourire le nouvel entraîneur des Maple Leafs Craig Berube.

« Il se donne cœur et âme », a affirmé Berube au sujet de Tanev. « Un joueur d’équipe. Il laisse tout sur la glace chaque soir, comme vous le savez. Regardez-le bien jouer. »

Tanev cumule 190 points (33 buts, 157 passes) en 792 matchs de saison régulière et 13 points (un but, 12 aides) en 60 rencontres des séries. Sans surprise, le principal intéressé vous dira que le jeu offensif n’est pas trop sa tasse de thé, comme en témoignent ses statistiques.

La mentalité de guerrier de Tanev lui a donné plusieurs ecchymoses et l’a laissé avec quelques dents en moins.

Prenez par exemple le match no 5 de la deuxième ronde entre les Stars et l’Avalanche du Colorado la saison dernière. Tanev a été frappé à la bouche par l’épaule de l’attaquant Nathan MacKinnon à sa première présence de la rencontre. Il est rapidement retourné au vestiaire avant de revenir après un bout de temps.

Après la partie, on a appris que lors de la mise en échec de MacKinnon, les dents de Tanev s’étaient enfoncées dans sa lèvre. Les thérapeutes ont donc dû replacer sa lèvre par-dessus ses dents et faire des points de suture.

« Il ne lui reste plus beaucoup de dents », a mentionné l’entraîneur des Stars Peter DeBoer en riant. « Il n’en avait pas beaucoup au départ. »

L’admiration de DeBoer pour le courage de Tanev a continué à grandir en finale de l’Association de l’Ouest contre les Oilers d’Edmonton. Atteint au pied droit par un tir de l’attaquant Evander Kane dans le match no 4, il a raté presque toutes les deux dernières périodes et quitté le Rogers Place dans une botte de marche. Il était pourtant à son poste deux jours plus tard pour le match no 5.

« Non seulement peut-il absorber énormément de douleur, il montre à ses coéquipiers ce que ça signifie de vouloir gagner à tout prix », a ajouté DeBoer.

Les Maple Leafs s’attendent à la même chose quand il jouera à Toronto, où il a patiné avec Morgan Rielly durant l’été. Les deux devraient former la première paire de l’équipe en défense.

« Il est un excellent ajout pour nous, a dit Rielly. N’importe quelle équipe dans la Ligue qui compte sur un Chris Tanev est instantanément meilleure.

« Il n’y a pas d’autre façon de le dire. Il a amélioré notre défensive. Il a amélioré nos unités d’infériorité numérique. Du jour au lendemain, il a rendu notre brigade défensive et notre équipe meilleure. Et ce qui est encourageant, c’est qu’il est emballé d’être ici. »

Pourquoi ne le serait-il pas? Après tout, il rentre à la maison.

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