031217Cournoyer7

Note de la rédaction: La Coupe Stanley aura 125 ans le 18 mars. Pour souligner cet anniversaire historique, LNH.com a discuté avec les joueurs et les entraîneurs qui ont consacré leurs vies à tenter de la remporter. Certains ont réussi, d'autres non, mais ils ont tous des histoires incroyables à raconter au sujet de leur quête pour soulever le trophée le plus convoité du hockey.
MONTRÉAL - Durant les années de son enfance qu'il a passées à Drummondville, au Québec, une centaine de kilomètres au nord-est du Forum de Montréal, Yvan Cournoyer rêvait à bien plus que de simplement remporter la Coupe Stanley.
Il avait l'ambition de devenir un membre des Canadiens de Montréal.

En 1979, le patineur plus rapide que le vent qu'on avait surnommé le « Roadrunner » a vu son nom être gravé sur le Saint Graal du hockey pour la 10e fois, alors qu'il a pris sa retraite ce printemps-là après avoir disputé chacun de ses 968 matchs dans la LNH avec les Canadiens en l'espace de 16 saisons.
« J'ai d'abord rêvé de jouer pour les Canadiens de Montréal, mon équipe, a indiqué Cournoyer. Une fois que c'était fait (à temps plein en 1964-65), le rêve est devenu de remporter la Coupe Stanley. J'ai appris que c'est bien de faire l'équipe, mais il faut travailler bien plus fort pour remporter la Coupe.
« Après avoir gagné, tu as l'impression d'être le meilleur au monde. C'est ce que toutes les équipes veulent. Regardez les Penguins de Pittsburgh (qui ont remporté deux championnats) dans les années 1990, les Islanders de New York et les Oilers d'Edmonton (quatre chacun) dans les années 1980. Tu as alors l'impression que tu vas la remporter plus qu'une fois. Alors c'est plaisant, c'est bien, l'été est tellement fantastique. Tu es fier d'être les meilleurs dans la LNH. »
Cournoyer s'est amené à Montréal avec les Canadiens Juniors au début des années 1960 et il a marqué quatre buts à ses cinq premiers matchs dans la LNH à titre de joueur rappelé en 1963-64. Il n'a joué qu'à temps partiel à ses premières années, alors que l'entraîneur Toe Blake l'a surtout utilisé en avantage numérique, mais au fil du temps il est devenu non seulement un brillant attaquant qui patinait comme une fusée, mais aussi le capitaine des Canadiens lors des quatre dernières saisons de sa carrière.
Jouant souvent malgré de graves blessures, Cournoyer a fait partie des équipes championnes de la Coupe Stanley en 1965, 1966, 1968 et 1969, puis de nouveau en 1971 et en 1973, pour finalement en remporter quatre de suite de 1976 à 1979 alors qu'il était capitaine. Après avoir subi une opération au dos en 1977, Cournoyer est revenu au jeu et a joué un rôle-clé dans la conquête de la Coupe en 1978, avant qu'une deuxième intervention chirurgicale au dos subie durant sa dernière saison le limite à 15 matchs et le force à prendre sa retraite, non sans graver son nom une dernière fois sur la Coupe Stanley.
Seul son ancien coéquipier Henri Richard, qui a décroché 11 championnats, a raflé plus de titres en tant que joueur que les 10 obtenus par Cournoyer et le regretté Jean Béliveau.
Chaque conquête de la Coupe, selon Cournoyer, a un cachet spécial. Mais celle qu'il n'oubliera jamais, c'est celle qui a échappé à Montréal en 1967, alors que les Canadiens, pourtant favoris, se sont fait surprendre en six matchs par les Maple Leafs de Toronto.

031217Cournoyer1

« On était certain qu'on allait gagner - on trouvait qu'on avait une meilleure équipe et on savait qu'ils étaient plus vieux que nous, s'est rappelé Cournoyer. Je ne me souviens pas de toutes les Coupes Stanley que j'ai gagnées année par année, mais je me souviens très bien de 1967.
« Quand tu as déjà gagné la Coupe (exploit que les Canadiens avaient réalisé à l'occasion des deux années précédentes), tu penses que tu vas la gagner encore. L'erreur qu'on a faite, c'est de ne pas respecter les Maple Leafs. Ç'a été une bonne leçon, où j'ai appris que tu as beau te penser capable de remporter la Coupe Stanley, tu vas devoir travailler plus fort que ça pour y arriver. »
Si le titre de 1967 a glissé entre les doigts de Cournoyer, ça n'a pas été le cas en 1976. Parmi les plus beaux souvenirs qu'a le membre du Temple de la renommée du hockey, il y a ce balayage de quatre matchs des Flyers de Philadelphie en Finale de la Coupe Stanley ce printemps-là - non seulement en raison du trophée qui était à l'enjeu, mais aussi pour ce que la victoire représentait aux yeux des joueurs du club montréalais.
Les rudes Flyers, qui ont conclu la saison régulière 1975-76 avec une récolte de 118 points, le deuxième total après les 127 amassés par Montréal, étaient les doubles champions en titre de la Ligue et ils avaient fièrement revendiqué leur surnom, les « Broad Street Bullies », durant leur parcours jusqu'en Finale.
« Je pense que la façon dont on les a battus a changé le hockey un peu, a noté Cournoyer. Il fallait absolument gagner contre eux. Ils avaient une équipe bâtie pour intimider et je pense que si on avait perdu, plusieurs équipes auraient pu essayer de les imiter, étant donné qu'ils avaient déjà gagné la Coupe en 1974 et en 1975 en jouant de cette façon.
« On avait l'impression que toutes les autres équipes de la LNH voulaient nous voir gagner. Tout le monde qui se présentait dans leur aréna savait qu'il allait y avoir de la rudesse et qu'il y aurait beaucoup de bagarres. »
Les rapides Canadiens ont défait les Flyers 4-3 et 2-1 à Montréal. Puis, avant les matchs no 3 et no 4 disputés à Philadelphie, ils ont effrontément chanté l'hymne national en compagnie de Kate Smith qui, lors des matchs importants, avait l'habitude de soulever la foule du Spectrum et les joueurs des Flyers avec son interprétation tonitruante de « God Bless America ».

031217Cournoyer6

Montréal a alors signé des victoires de 3-2 et 5-3 aux dépens des Flyers, dont les partisans ont déchanté quand ils ont constaté que personne n'a laissé tomber les gants durant les deux dernières rencontres, l'équipe locale écopant de seulement 12 punitions mineures contre 11 du côté des Canadiens.
« Jamais je n'avais vu une équipe aussi prête pour une série qu'à ce moment-là », a indiqué Cournoyer.
Lors des débuts de Cournoyer dans la LNH, une équipe avait besoin de remporter huit matchs éliminatoires pour mettre la main sur la Coupe Stanley. Ce total allait ensuite s'élever à 12 et à 14 dans le cadre de différents formats établis après 1967 et les expansions qui ont suivi, pour finalement s'établir à 16 comme c'est le cas aujourd'hui.
« Ce n'est pas juste une question de remporter 16 matchs, a souligné Cournoyer. Chaque match est le plus important, et chaque présence que tu obtiens durant un match donné est la plus importante. Et ensuite, tu fais ça 16 fois (et jusqu'à 28 fois). Les gens ne réalisent pas à quel point c'est difficile de remporter la Coupe Stanley. Tu souffres parce que tu joues malgré les blessures. »
Cournoyer en sait pas mal sur ce que ça veut dire de jouer blessé. Ses maux de dos l'ont obligé à quitter le hockey même s'il était encore au sommet de son art.
La Coupe Stanley, a-t-il dit, « est si belle », et sa beauté se trouve aussi dans ce qu'elle signifie pour le hockey et dans les efforts que font les hommes qui tentent de la remporter. La somme de travail qu'il faut investir pour atteindre ce niveau de perfection est incalculable ; mais la récompense est magique, surtout pour le capitaine, quand vient le moment de soulever cet énorme trophée.
« C'est le plus beau trophée au monde », a lancé Cournoyer, avant d'éclater de rire.
« Et je peux vous dire qu'à ce moment précis, peu importe à quel point tu es épuisé, ce n'est pas lourd du tout. »