Aatos-Koivu-badge-Lepage

PLYMOUTH, Michigan – Aatos Koivu semblait surpris de voir qu’autant de journalistes l’attendaient dans les couloirs du USA Hockey Arena mardi, au terme du premier match de la Finlande au Tournoi des cinq nations des moins de 18 ans (M18).

Soyons clairs, ça n’avait absolument rien à voir avec les mêlées de presse auxquelles avait droit son père Saku à l’époque à laquelle il était capitaine des Canadiens de Montréal. Reste que ça démontre que son nom de famille résonne encore fort dans le monde du hockey. 

Mais l’intérêt ne s’explique pas seulement par ça. Aatos n’est pas que le « fils de ». Il est en pleine ascension depuis le début de la campagne, et sa valeur ne fait que grimper en vue du repêchage.

« Quand la saison s’est amorcée, je savais que j’étais admissible au repêchage, mais je ne pensais pas que les gens allaient vraiment parler de moi ou me voir (comme un espoir d’intérêt), a-t-il admis. Je savais que c’était possible, mais je ne me faisais pas trop d’attentes. J’espère que ça arrivera, mais je n’en sais rien. »

S’il poursuit sur sa lancée, les choses risquent de tourner en sa faveur. Sur la liste des patineurs internationaux du Bureau central de dépistage de la LNH, publiée en janvier, il était répertorié au 30e échelon.

En l’espace d’à peine sept mois, il est passé d’un joueur boudé par la sélection nationale à la Coupe Hlinka-Gretzky à un joueur qui occupe le centre du premier trio au tournoi fort couru par les dépisteurs de la LNH cette semaine. Il y a quelques absents de taille, dont Konsta Helenius, mais ça illustre bien sa progression.

« Il a du talent et il peut générer beaucoup d’attaque, alors pourquoi pas? », a rétorqué l’entraîneur Marko Kauppinen quand on lui a demandé pourquoi il avait décidé de confier autant de responsabilités à Koivu.

« C’est un rôle auquel je suis habitué maintenant, a affirmé le principal intéressé. Et je crois que c’est la meilleure chaise pour moi parce que je suis ce type de joueur. C’est bon pour moi. »

Le jeune homme de 17 ans l’a prouvé à maintes reprises, à plusieurs niveaux.

Il a amorcé la saison avec l’équipe M18 du TPS Turku, récoltant 17 points à ses 16 premiers matchs, ce qui lui a valu une promotion au sein de la formation M20. C’est là-bas qu’il a passé la majorité de son temps depuis, amassant au passage 27 points, dont 15 buts, en 21 rencontres.

Il a même disputé ses quatre premiers matchs dans la Liiga, la ligue professionnelle finlandaise, un rappel qui était loin d’être sur sa carte de bingo en début d’année.

« Je pensais demeurer avec les M18 toute la saison, a-t-il admis. Je me suis vite senti à l'aise, je me suis amélioré et j’ai eu la chance de monter avec les M20. La même chose s’est produite à ce niveau, et des blessures m’ont ouvert la porte au plus haut niveau. Ç’a été la plus grande surprise de ma carrière. »

« Ç’a été une énorme marche pour lui, a confirmé Kauppinen. Très peu de joueurs peuvent s’ajuster à différents niveaux comme il l’a fait. Il est plus grand et plus imposant que l’an dernier. Il a toujours eu le talent et la vision du jeu, mais je crois qu’il est maintenant plus prêt physiquement. »

aatos Koivu

Koivu, encore un peu frêle (163 livres) malgré ses 6 pieds 1 pouce, attribue aussi ses récents succès à son été d’entraînement, mais surtout au fait qu’il a repris confiance après une campagne marquée par une blessure subie dès les premiers matchs.

« Cette blessure a miné le reste de ma saison parce que j’avais perdu tout mon synchronisme à mon retour, a-t-il avoué. J’ai lentement retrouvé mes repères en séries et je savais que je pourrais bâtir là-dessus cette année. »

Peu de souvenirs

Ne demandez pas à Aatos ce qu’il retient du passage de son père dans la LNH, il n’en a plus beaucoup de souvenirs. Il est né en 2006, alors que Saku évoluait encore avec le Tricolore, et n’avait que huit ans quand il a pris sa retraite dans l’uniforme des Ducks d’Anaheim.

« J’étais trop jeune, a-t-il rigolé. Ça m’attriste un peu parce que j’aurais dû regarder ses matchs quand j’en avais l’occasion, mais je préférais jouer dans les couloirs de l’aréna avec mes amis. Je me souviens donc de l’aréna, mais pas trop des matchs. »

Il est toutefois bien conscient du statut de son père en Finlande et à Montréal, notamment. Il se le fait rappeler assez souvent, lui qui évolue dans la ville natale du paternel. Saku occupe d’ailleurs toujours un rôle de conseiller spécial au sein du TPS.

« Il fait quelque chose, je ne sais pas trop quoi pour être honnête », a blagué l’adolescent aux traits bien reconnaissables. « Il ne me dirige plus, mais il me donne beaucoup de conseils si j’en ai besoin. »

Ça lui sera sans doute bien utile. Il a beau se démarquer par ses habiletés offensives, il compte bien démontrer qu’il est un joueur complet sur lequel on peut compter dans les trois zones. De quoi rappeler l’identité familiale des Koivu.

« Pour nous, il est simplement Aatos, a conclu Kauppinen. Bien sûr, les gens aiment parler et le comparer à (son oncle) Mikko ou à Saku, mais il veut tracer son propre chemin. Il veut être Aatos. »