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S'il s'agissait bel et bien du dernier de ses 125 buts - saison régulière et séries incluses - dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Alex Beaucage accepte son sort et il est décidément prêt à vivre avec ces images en tête pour le restant de ses jours.

Un souvenir légèrement altéré par l'intensité du moment, mais qui lui sera toujours rappelé par une bague soulignant la conquête de la Coupe du Président des Tigres de Victoriaville. Son but gagnant en deuxième prolongation a mis fin aux hostilités dans le match no 6 de la Finale contre les Foreurs de Val-d'Or, dimanche.

« Je commence à réaliser ce qui s'est passé », a déclaré l'attaquant de 19 ans, lundi. « Sur le coup, c'est difficile de réaliser l'ampleur de tout ça. […] J'ai vu le but plusieurs fois sur les réseaux sociaux et ça m'est revenu peu à peu. Je savais comment le jeu s'était déroulé, mais je n'aurais pas pu dire où j'avais lancé.
« Je ne peux pas imaginer comment tu peux inscrire un but aussi marquant que celui-là, en prolongation pour le championnat. Peut-être au tournoi de la Coupe Memorial ou dans un match no 7, mais encore. »
Acquis des Huskies de Rouyn-Noranda à la date limite des transactions, l'espoir de l'Avalanche du Colorado n'a pas joué un seul match devant les partisans des Tigres en raison des restrictions sanitaires, mais il y a fort à parier qu'ils se souviendront de lui pendant bien longtemps.
Avec son 10e but - son 25e point - en 16 matchs éliminatoires, Beaucage a permis à sa nouvelle équipe de mettre la main sur le deuxième titre de son histoire, un premier depuis 2002. Il est en plus venu concrétiser un exploit collectif que plusieurs croyaient impossible, celui de battre les puissants Foreurs.
La formation abitibienne avait sacrifié beaucoup, en cours de saison, pour faire l'acquisition de joueurs d'impact comme Samuel Poulin, Nathan Légaré et Jordan Spence. Ça n'aura pas été suffisant.
« Quand on est arrivés en séries, tout le monde parlait des Foreurs, s'est souvenu Beaucage. On s'est simplement dit que c'était une équipe qui jouait dans la même ligue que nous et que c'était possible de les battre, à condition de ne pas les regarder jouer. »
Les Tigres n'étaient effectivement pas là pour jouer les touristes.
Ils ont enlevé le premier match de la série pour envoyer un premier avertissement, avant de causer toute une surprise lors du troisième affrontement. Ils ont complété une remontée de trois buts dans les sept dernières minutes de jeu pour ensuite se sauver avec une victoire de 4-3 en prolongation.
À partir de ce moment, la confiance de la troupe de l'entraîneur Carl Mallette est devenue inébranlable.
« On était à sept minutes de tirer de l'arrière 2-1 dans la série », a souligné Beaucage, qui a créé l'égalité avec cinq secondes à faire dans ce match. « Ça nous a donné un énorme boost de confiance de réussir ça contre une aussi grosse équipe. Ç'a été un gros point tournant dans la série. »

Avec sa récolte de quatre buts et quatre aides en finale - et compte tenu du rôle qu'il a joué pendant plus de trois ans au coeur de la rivalité Foreurs-Huskies - le choix de troisième ronde en 2019 (78e au total) risque de retarder son prochain passage à Val-d'Or.
« Je ne pense pas que j'étais le bienvenu là-bas, même avant la finale, a-t-il lancé en riant. D'avoir eu la chance de retrouver les Foreurs dans un autre uniforme, c'était seulement la cerise sur le sundae. »
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Maintenant qu'il a quatre saisons, deux conquêtes de la Coupe du Président et une autre de la Coupe Memorial à son actif - il avait aidé les Huskies à triompher deux fois en 2019 - il est assez clair que le franc-tireur commence à avoir fait le tour du jardin dans le circuit junior québécois.
Il pourrait toujours revenir avec les Tigres l'an prochain, mais les indices commencent à pointer vers ses débuts professionnels. L'Avalanche lui a consenti un contrat de recrue à la veille du premier match de la finale, le 26 mai, signe qu'elle est sur le point de lui faire de la place dans ses rangs.
« Quand j'ai gagné la Coupe à 17 ans, j'étais jeune et je savais qu'il me restait encore quelques occasions d'aller jusqu'au bout, a-t-il observé. Maintenant que j'ai 19 ans, on dirait que je l'apprécie plus parce que je sais que c'était probablement ma dernière année.
« Mon but est de jouer chez les professionnels, l'an prochain. C'est plate de penser que ma carrière junior est terminée, mais en même temps, je ne pourrais demander mieux que ça comme conclusion. »
Photo : Denis Morin