Sherry Bassin n’a pu s’empêcher de rire en repensant à un moment où Kris Knoblauch avait Connor McDavid comme joueur.
C’était avec les Otters d’Erie de la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL), en quelque part entre 2012 et 2015. Bassin était alors le propriétaire et directeur général de l’équipe, alors que Knoblauch était derrière le banc. Quant à McDavid, il s’apprêtait à devenir une super-vedette de la LNH.
Mais lors d’un match à Windsor, Knoblauch a décidé de clouer McDavid au banc pendant une partie de la troisième période.
« Je me suis dit : ‘Oh mon dieu!’ », a lancé Bassin.
Ce dernier a décidé d’aller dans le vestiaire après la rencontre afin de connaître la réaction de McDavid.
« Je lui ai demandé comment il se sentait. Il m’a répondu qu’il le méritait », a raconté Bassin.
Knoblauch tentera d’allumer un feu sous les Oilers d’Edmonton après avoir été embauché comme nouvel entraîneur-chef, dimanche. Mais s’il décide de laisser un joueur sur le banc, peut-être même McDavid, ce ne sera pas pour jouer les durs.
« Il tente de rendre tout le monde imputable, mais il ne le fait pas pour [donner un spectacle] a expliqué Bassin. Ça ne l’intéresse pas de répondre aux questions de la presse à ce sujet par la suite. Il en aurait discuté souvent par après avec Connor. Il ne l’aurait pas fait, puis ne plus en parler par la suite. »
Bassin a affirmé que Knoblauch n’est pas du genre à devoir crier pour se faire comprendre.
« Il va y avoir beaucoup à apprendre, a dit Bassin. Ses qualités de communicateur sont très bonnes. Il s’attend à ce que les gens prennent leurs responsabilités, et non pas qu’il doive déléguer. Il va intégrer les gens et en discuter. »
Des paroles qui ont trouvé écho chez Dave Hakstol.
Knoblauch venait de gagner au moins 50 matchs sur une possibilité de 68 pour une quatrième saison de suite, en plus de mener les Otters au titre de la OHL en 2016-17, quand Hakstol lui a fait signe afin de l’avoir comme adjoint chez les Flyers de Philadelphie.
Knoblauch s’est occupé des attaquants de l’équipe et du jeu de puissance sous la gouverne de Hakstol, de 2017 à 2019. Il s’agit de sa seule expérience dans la LNH en carrière, mis à part une séquence de six matchs en 2020-21 lorsque les Rangers de New York l’ont rappelé de la Ligue américaine de hockey pour remplacer David Quinn, qui souffrait de la COVID-19. Sa fiche a été de 4-2-0 durant cette période.
« Je dirais que c’est un gars extrêmement calme », a dit Hakstol, qui dirige maintenant le Kraken de Seattle. « Il a une personnalité équilibrée. C’est un bon communicateur. Comme tout le monde, il a un petit côté émotif, et ça sort parfois de diverses façons, mais en général, son approche est réfléchie et bien communiquée. »
Les Oilers espèrent qu’il sera la solution à leurs déboires. Le président et chef de la direction des opérations hockey Jeff Jackson ainsi que le directeur général Ken Holland ont été assez clairs durant la conférence de presse qu’ils s’attendent à ce que l’équipe soit dans la course pour remporter la Coupe Stanley. Ils sont en mode victoire. Avec une fiche de 3-9-1, ils sont plutôt à l’avant-dernier rang du classement général de la LNH. Ils ne pouvaient se permettre d’attendre de voir si Woodcroft allait pouvoir faire tourner le vent.
Jackson, qui a été l’agent de McDavid, a affirmé que le joueur de centre des Oilers n’avait rien à voir dans la décision, mis à part le fait qu’il sait que Knoblauch est un bon entraîneur. Plusieurs autres anciens clients de Jackson ont joué sous les ordres de Knoblauch, dont les attaquants des Oilers Connor Brown et Warren Foegele.
« Il ressent bien ce qui se passe avec ses joueurs, a dit Jackson. Il sait comment motiver les joueurs étoiles à être encore meilleurs, mais surtout, il donne un rôle à tout le monde, et ils savent ce qu’est leur rôle, ce qui fait qu’au final, il y a de l’imputabilité. C’est ce que j’ai constaté au fil des années avec Kris. »
Knoblauch n’aura que quelques heures pour apprendre à connaître tout le monde. Les Oilers accueillent les Islanders de New York lundi (20h30 HE; TVAS, SN, MSGSN) et le Kraken mercredi.
« Qu’est-ce que tu peux réussir à établir en 48 heures? Très peu », a souligné Hakstol. « Mais je suis certain qu’il va avoir un plan afin de s’assurer que les joueurs ont du rythme et la même mentalité que lui. C’est la chose que je peux garantir. Il va y avoir bien réfléchi et il aura un plan pour mettre tout en place. »
Knoblauch a utilisé le mot réinitialisation pour ce qui vient de se passer chez les Oilers. Revenir à l’essentiel pourrait en effet en aider quelques-uns, dont McDavid, qui a été aux prises avec une blessure au haut du corps cette saison et qui a 10 points (deux buts, huit passes) en 11 matchs.
« Je veux que Connor et tout le monde prennent une profonde respiration, qu’ils relaxent, qu’ils jouent au hockey et qu’ils y trouvent du plaisir, parce qu’en ce moment, je pense qu’il y a trop de pression, et ils la ressentent », a affirmé Knoblauch.
Clouer des joueurs au banc ne sera pas une solution, sauf s’ils sont paresseux ou font des erreurs à répétition.
« Ce qui est probablement la chose la plus difficile pour un entraîneur, c’est de demander de l’imputabilité de la part des joueurs, parce que tu ne veux pas qu’ils jouent avec la peur, a souligné le pilote. Tu ne veux pas que chaque fois qu’ils sautent sur la glace, ils se disent ‘est-ce que ce sera la présence où je vais faire une gaffe qui va me sortir de la formation? Est-ce que je vais être laissé sur le banc?’ »
Ils devront apprendre de leurs erreurs, et Knoblauch est un candidat parfait pour les aider, selon Bassin.
« C’est un enseignant, a-t-il dit. Je n’aime pas voir un entraîneur perdre son boulot, mais puisqu’ils ont pris cette décision, je dirais qu’ils ont trouvé un remplaçant phénoménal. »
Avec la collaboration de Mike Zeisberger, journaliste NHL.com
