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VANCOUVER – Brock Boeser a fait la paix avec le hockey. Résultat, il est de retour en force chez les Canucks de Vancouver. 

Mais le processus n'a pas été facile pour l’attaquant de 26 ans, qui a passé beaucoup de temps loin de sa famille, alors que son père Duke était aux prises avec divers problèmes de santé. Celui-ci a rendu l’âme le 27 mai 2022. 

« C’était vraiment difficile dans les dernières années. Je n’étais pas à la maison, mis à part pendant l’été, alors je pense que ç’a restreint mon amour pour le hockey, a admis Boeser à LNH.com. Le hockey n’était pas plaisant. J’ai dû me rappeler ce qu’était mon rêve quand j’étais jeune, soit jouer dans la LNH. Ce n’est pas la faute du hockey si ces embûches sont arrivées en cours de route. » 

Cette prise de conscience a permis à Boeser de retrouver la forme. 

Il occupe présentement le troisième rang à égalité dans la LNH avec 13 buts en 20 matchs, un rythme de 53 buts sur une saison complète, ce qui lui permettrait de largement surpasser son sommet personnel de 29 buts établi en 2017-18 à sa saison recrue. Il s’agirait également d’environ le triple de sa production de l’an dernier (18 buts en 74 matchs). 

Boeser est aussi 15e à égalité dans la Ligue pour les points (22) et il affiche un différentiel de plus-8 (moins-20 la saison dernière). Et tout ça, alors qu’il évolue avec J.T. Miller et Phillip Di Giuseppe, un trio qui est fréquemment confronté aux meilleurs éléments adverses cette saison. 

Ce n’est pas un rôle que Boeser envisageait d’avoir plus tôt dans sa carrière. 

« Je ne sais pas si je vous aurais cru, mais j’en tire beaucoup de fierté, a-t-il lancé. Je suis vraiment motivé lorsque notre trio joue contre les meilleurs trios de l’autre côté et que notre rôle est de les empêcher de marquer et d’être meilleurs qu’eux. »

Boeser louange Rick Tocchet, qui a été embauché à titre d’entraîneur des Canucks le 22 janvier, pour lui avoir conféré ces responsabilités défensives. Le rôle lui a été confié peu de temps après la date limite des transactions 2023, avant laquelle il avait fait l'objet de plusieurs rumeurs. 

« En jouant sous les ordres de [Tocchet] et en obtenant ce rôle à la fin de l’année, j’ai commencé à retrouver cette détermination et à me sentir à nouveau comme un bon joueur de hockey, a dit Boeser. À ce moment, j’ai commencé à plus me sentir moi-même, et c’est là qu’est survenu le déclic. »

Ce « déclic » a aussi poussé Boeser à vouloir demeurer à Vancouver, un état d’âme qu’il a partagé avec les entraîneurs, l’état-major et les médias après la conclusion de la dernière saison, au moment où son agent aurait reçu l’autorisation de discuter avec différents partis pour faciliter un échange.

« Il est en paix dans sa tête, et ça se voit dans sa façon de jouer, dans sa façon de s’entraîner, a mentionné Tocchet. Je ne savais pas qu’il possédait un aussi grand sens du hockey. Il est vraiment très intelligent. Mais quand on tient compte de ce qu’il a vécu sur le plan personnel dans les huit derniers mois, je vois maintenant un gars heureux qui a du plaisir. »

L’ajustement n’a cependant pas été si simple.

Boeser a parlé de demander de l’aide pour apprendre à gérer sa peine après la perte de son père, qui a livré des luttes contre le Parkinson, le cancer et la démence. Mais ce processus a été retardé – comme ce l’est pour plusieurs personnes qui passent par là – par Boeser, qui tentait de se maintenir occupé, « distrait », a-t-il dit, pendant six mois, « jusqu’à ce que soudainement, ça frappe ».

« Il a surmonté des moments très difficiles dans sa vie, je suis vraiment fier de lui, a souligné Miller. Il a travaillé fort mentalement pour tenter de traverser les moments difficiles, et c’est génial de le voir jouer à ce niveau, de le voir travailler fort et de vraiment tenter d’apporter son jeu à un autre niveau. Honnêtement, je pense qu’il joue son meilleur hockey en tant que membre des Canucks, et de loin. »

Et il le fait en faisant évoluer son jeu.

En plus de ses responsabilités défensives, Boeser passe plus de temps dans le bas de la zone en avantage numérique, que ce soit dans la position de pivot (bumper) ou devant le filet, où il est devenu excellent pour forcer les gardiens à se déplacer quand un tir est tenté. C’est un changement marqué par rapport à ses saisons précédentes dans la LNH, alors qu’il était principalement utilisé comme franc-tireur du côté gauche.

« On n’aurait jamais pu le voir voiler la vue d’un gardien il y a quatre ans, et maintenant il adore jouer dans le centre près du filet parce qu’il sait que c’est un élément très important du jeu de puissance, a noté Miller. Il s’investit vraiment. »

Six des 13 buts de Boeser cette saison ont été inscrits en avantage numérique, mais seulement deux ont été marqués avec ce tir pour lequel il était reconnu à son arrivée dans la Ligue, il y a six ans. Un a été l’œuvre d’une déviation sur son patin, un a été le résultat d’un retour de lancer, et deux ont été des passes redirigées alors qu’il s’était démarqué près du poteau.

« Quand on le regarde jouer en ce moment, il est partout », a analysé Tocchet.

Il est même employé pour préserver des avances tard dans les matchs – ce qui a mené à deux buts dans des filets déserts.

« Je veux être l’un des gars en qui ils peuvent avoir confiance à la fin des matchs, a dit Boeser. Le hockey est beaucoup plus plaisant maintenant que nous comprenons la façon dont nous devons jouer pour gagner des matchs soir après soir dans cette Ligue. »

Pendant près d’un an, Boeser a eu du mal à se sentir bien à titre de joueur de hockey.

Ce n’est pas une coïncidence si le succès le rattrape.