DESNOYERS BADGE LEPAGE

Il est rare qu’une discussion avec un espoir au sujet de son année d’admissibilité au repêchage de la LNH prenne des allures de grande réflexion philosophique. Avec Caleb Desnoyers au bout du fil, c’est différent.

Dès ses premières réponses, l’attaquant des Wildcats de Moncton fait référence à la loi de l’attraction, une théorie selon laquelle la pensée positive attire les résultats positifs. Le jeune homme de 17 ans explique qu’il s’agit depuis longtemps de la philosophie qui règne dans sa famille.

« Tout ça part de l’esprit. Je suis quelqu’un qui fait beaucoup de visualisation, a-t-il expliqué dans une conversation d’une vingtaine de minutes avec LNH.com. Dans ma famille, on aime se dire que si tu es capable de visualiser quelque chose dans ton esprit, tu vas pouvoir le tenir dans tes mains. »

Il y a moyen d’illustrer cette théorie de façon moins abstraite avec les exemples suivants.

Avant même le début de la Coupe Hlinka-Gretzky, à l’été, un joueur X déclare qu’il n’a aucun doute que son équipe terminera le tournoi avec le sourire accroché aux lèvres. Ou mieux encore. La veille de la finale dudit tournoi, il assure la victoire : « Je suis un gagnant. […] Je vais gagner demain aussi. »

Ces exemples, bien loin de la langue de bois habituelle, sont bien réels. Le joueur X, c’est Caleb Desnoyers. Et c’est lui qui a marqué le but gagnant dans une victoire de 2-1 du Canada face à la Tchéquie en finale, au lendemain de sa déclaration fracassante.

« C’est une chose de le visualiser, mais être capable d’avoir assez confiance pour le verbaliser, ç’en est une autre, a-t-il poursuivi. J’avais confiance en mes moyens et en ceux de l’équipe. Je voyais dans quelle direction on s’en allait. Je ne voyais aucune possibilité qu’on perde ce match. Je ne regrette rien.

« Le prochain objectif que je vise, c’est de gagner la Coupe Memorial avec les Wildcats. »

Voilà qui a le mérite d’être clair. À son année de repêchage, et alors qu’il est l’un des espoirs les plus en vue dans la LHJMQ, Desnoyers pourrait légitimement ajouter quelques trophées à son palmarès déjà bien garni.

En l’espace de neuf mois, la saison dernière, il a décroché l’or au Défi mondial des moins de 17 ans, au Championnat mondial des moins de 18 ans et à la Coupe Hlinka-Gretzky – l’un des trois premiers joueurs à réaliser l’exploit avec ses coéquipiers Matthew Schaefer et Jack Ivankovic.

« C’est difficile de trouver un joueur qui a gagné autant que Caleb dans sa jeune carrière, a souligné son entraîneur Gardiner MacDougall, qui l’a aussi dirigé au Mondial des moins de 18 ans. Il est jeune, mais il a déjà tellement vécu d’expériences. Dans chaque conquête, il a appris des choses qui l’aideront dans le futur.

« Avec sa feuille de route, il a un impact sur l’équipe avant même de mettre les patins. Quand il saute sur la glace, il dégage beaucoup de confiance. Il sait ce qu’il est capable de faire. »

Cette confiance inébranlable – celle qui a fait de lui le premier choix du repêchage de la LHJMQ en 2023, et qui devrait lui permettre d’être un choix de premier tour dans la grande ligue – il l’a probablement développée dans le nid familial, à Saint-Hyacinthe, en grandissant avec deux frères plus âgés.

« Il a tout le temps dû se battre pour prendre sa place, a expliqué son aîné Elliot, un espoir des Flyers de Philadelphie. Le fait de grandir avec nous dans un environnement de hockey, ç’a forgé son caractère et sa confiance. C’est ce qui lui a permis de se rendre où il est. Les joueurs exceptionnels ont tous ça. »

Le principal intéressé confirme cette théorie.

« Mes deux frères sont comme mes deux meilleurs amis, a-t-il dit. En grandissant, il y a toujours eu un peu d’animosité dans la maison (rires). C’était souvent moi qui perdais, mais j’étais toujours le premier à revenir à la charge pour avoir ma revanche. C’est à l’origine de ma volonté de toujours vouloir gagner.

« Je sais ce que je veux. Chaque soir, je veux arriver avec la mentalité de vouloir tout démolir ce qui se dresse devant moi et tout faire pour gagner. »

Plus qu’une passion

Le cadet ne se gêne pas pour le dire : maintenant qu’il mesure 6 pieds 2 pouces et qu’il pèse 173 livres, il ressort un peu plus souvent gagnant des duels fraternels. C’est le résultat d’une génétique avantageuse, certes, mais aussi des heures et des heures de travail investies au fil des années.

Le temps supplémentaire a commencé très jeune pour Caleb. Dès que son père David, un ancien défenseur du Laser de Saint-Hyacinthe notamment, est devenu directeur d’un complexe sportif de trois glaces à un jet de pierres du domicile familial.

« Depuis qu’il est jeune, il veut toujours aller patiner ou lancer des rondelles, même seul, s’est souvenu Elliot. Il n’y a jamais personne qui l’a forcé à faire ça. J’ai l’impression que dès son plus jeune âge, il a mis dans l’univers qu’il voulait devenir un joueur de hockey, et on voit maintenant le résultat. »

« Je dis toujours que la première langue que j’ai apprise, c’est la langue du hockey, a renchéri Caleb. Autant ma mère (Martine Laliberté) que mon père sont des passionnés de hockey. C’était très gros dans les deux familles. Ça n’a jamais été un fardeau. Ce n’est pas juste une passion pour nous, c’est presque notre vie.

« J’ai toujours dit que je voulais jouer dans la LNH. Je ne me suis jamais vu faire autre chose de ma vie. »

On le sait désormais : quand Caleb Desnoyers visualise quelque chose, il en récolte habituellement les fruits.

Contenu associé