Carnegie Gets Leafs Jersey

Herb Carnegie était un habitué du déjeuner mensuel d'anciens de la LNH à Toronto, même s'il n'a jamais joué une seule minute dans la Ligue.

« Nous avons tous eu la chance d'y participer, et Herbie a eu la même chance que chacun d'entre nous », a affirmé Pete Conacher, un ancien attaquant de la LNH entre 1951 et 1958. « Ce qui est arrivé à Herbie dans le hockey n'allait pas lui arriver au déjeuner des anciens, c'est certain. »
À LIRE AUSSI : L'incroyable parcours de Riikka Sallinen jusqu'au Temple de la renommée | Une complicité qui n'a pas qu'été un don du ciel | Luongo, dans la lignée des Roy et Brodeur
Carnegie était un joueur de centre offensif et dynamique des années 1930 aux années 1950. Il rêvait de jouer dans la LNH, mais il n'y est jamais parvenu en raison de sa couleur de peau.
Carnegie, considéré par plusieurs comme le meilleur joueur noir à n'avoir jamais atteint la LNH, aura finalement sa place parmi les grands de la Ligue lundi, quand il sera intronisé au Temple de la renommée du hockey à titre posthume dans la catégorie des bâtisseurs.
« Pendant que Jackie Robinson brisait les barrières raciales dans le baseball, ça ne se produisait pas dans notre sport », a déclaré le président du comité de sélection du Temple Mike Gartner sur les ondes de TSN en juin, après avoir annoncé l'intronisation de Carnegie. « Quand tu as quelqu'un comme Herb Carnegie, qui, en raison de la couleur de sa peau, n'a jamais pu jouer dans notre ligue parce que ça fonctionnait de cette façon-là à l'époque, il s'agit d'un problème. Nous nous penchons là-dessus et nous regardons l'héritage qu'il a laissé. »

HC_Hockey_Alumni_luncheon

L'intronisation de Carnegie est le point culminant d'une décennie d'efforts de la part de sa famille, d'historiens du hockey, d'actuels et anciens joueurs et de partisans pour faire une place au Temple à celui qui a été un pionnier comme joueur, innovateur et philanthrope.
« Mon père a de toute évidence marqué l'histoire et tenté de réussir une carrière qui n'était traditionnellement pas destinée aux hommes noirs, et il l'a bien fait », a déclaré sa fille, Bernice. « Il a fait face à des obstacles et à des défis. Mais ce que j'aime de mon père, c'est la manière dont il a continué à avancer malgré les difficultés pour devenir un gagnant dans la vie. »
Carnegie, qui est décédé le 9 mars 2012 à l'âge de 92 ans, deviendra la cinquième personne noire intronisée au Temple de la renommée, après Grant Fuhr (2003), Angela James (2010), Willie O'Ree (2018) et Jarome Iginla (2020).
O'Ree, qui est devenu le premier joueur noir de la LNH lorsqu'il a fait ses débuts avec les Bruins de Boston contre les Canadiens de Montréal au Forum de Montréal le 18 janvier 1958, a déjà dit que Carnegie aurait dû entrer dans la Ligue avant lui.
« Herb Carnegie était un excellent joueur de hockey, mais le plus important, c'est qu'il était un bel être humain », a dit O'Ree.
Fils d'immigrants jamaïcains au Canada, Carnegie a joué dans la Ligue provinciale de hockey du Québec (LPHQ), dans la Ligue de hockey sénior du Québec et dans la Ligue de hockey sénior A de l'Ontario de 1944 à 1954. Il s'est aligné pour les As de Québec de 1949 à 1953, où il a agi comme mentor pour son jeune coéquipier Jean Béliveau, qui allait éventuellement devenir une légende des Canadiens et être intronisé au Temple de la renommée en 1972.
Carnegie a fait partie du trio « Black Aces », le premier trio du hockey professionnel composé entièrement de joueurs noirs sur lequel évoluait aussi son frère, Ossie, et Manny McIntyre, avec les Buffalo Ankerites de Timmins en 1941.

Black aces

Il a remporté deux championnats des pointeurs et trois fois le titre de joueur le plus utile à son équipe dans la LPHQ de 1944 à 1948. Il a fait partie de quatre formations championnes de la coupe Allan dans les années 1940, en plus d'aider Québec à gagner la coupe Alexander à titre d'équipe championne dans les rangs semi-professionnels canadiens en 1952.
Dans son autobiographie, Béliveau a écrit que Carnegie avait le talent pour jouer dans la LNH, mais qu'une seule chose l'en empêchait : il était noir.
« Je crois que Herbie a été exclu de la LNH en raison de sa couleur de peau, a-t-il écrit. Il avait certainement le talent et il était très populaire auprès des partisans, qui récompensaient les jeux qu'il créait avec de longues ovations debout, tant à domicile qu'à l'étranger. »
Les équipes de la LNH étaient bien au fait du talent de Carnegie. Le propriétaire des Maple Leafs de Toronto Conn Smythe aurait même dit qu'il donnerait « 10 000$ à n'importe qui pouvant rendre blanc Herb Carnegie » après l'avoir vu jouer avec les Rangers juniors de Toronto en 1938.
Les Rangers de New York ont invité Carnegie à leur camp d'entraînement en septembre 1948, le moment où il a été le plus près de la LNH. Il a accepté l'invitation, mais rejeté trois offres de contrat, dont la dernière qui l'aurait fait jouer avec le club-école de la Ligue américaine de hockey (LAH) à New Haven, au Connecticut.

carnegie_letter1

Carnegie, qui avait 28 ans à l'époque avec une épouse, trois enfants et bientôt un quatrième, a refusé les offres parce qu'il aurait fait un salaire moindre que celui qu'il gagnait au Québec, a expliqué sa fille.
« On lui promettait qu'il allait être le premier rappelé, mais mon père leur répondait qu'il ne pouvait pas nourrir sa famille avec des promesses, a raconté Bernice Carnegie. Je dois féliciter mon père pour ses choix. Il a fait les bons choix pour sa famille. »
Carnegie n'a plus jamais eu la chance d'atteindre la LNH.
« Je suis encore marqué par cette expérience aujourd'hui », a écrit Carnegie dans son autobiographie parue en 1997. « Le camp des Rangers a représenté la fin de mon rêve de jouer dans la LNH. »

HHOF_Carnegie_Biography

Carnegie a pris sa retraite comme joueur en 1954 et a connu tout autant de succès à l'extérieur de la patinoire.
Il a mis sur pied l'École de hockey Future Aces, l'une des premières académies de hockey au Canada.
En 1987, il a cofondé la Fondation Futures Aces Herbert H. Carnegie avec son épouse, Audrey, et Bernice, avec comme mission d'inspirer confiance aux jeunes et de leur permettre de poursuivre l'excellence académique. Depuis sa fondation, cette organisation sans but lucratif a remis 900 000 $ en bourses d'études à des enfants partout au Canada.
Carnegie a développé le « Credo Future Aces », une philosophie en 12 points pour aider les jeunes à devenir des citoyens responsables. Il est aussi devenu un conseiller financier prospère en plus de devenir un champion de golf sénior.
Carnegie est devenu l'un des citoyens canadiens les plus décorés. Il a été intronisé dans 13 temples de la renommée et investi de l'Ordre du Canada, l'une des distinctions civiles les plus importantes. Une école publique ainsi qu'une patinoire dans la région de Toronto portent son nom.
Maintenant, il est sur le point d'entrer au Temple de la renommée du hockey.
Photos :Le studio du hockey/Temple de la renommée du hockey