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OTTAWA – La question a été posée à Easton Cowan au lendemain de la défaite surprise en tirs de barrage du Canada contre la Lettonie.

Y avait-il un quelconque rapprochement à faire entre cette édition de la formation unifoliée et celle de l’an dernier, qui a vivement déçu avant d’être éliminée en quarts de finale contre la Tchéquie?

« Non », avait sèchement répondu l’attaquant, qui était du voyage en Suède. « Pas du tout. »

Cinq jours plus tard, la question est d’autant plus légitime. La troupe de Dave Cameron a pris la troisième place de son groupe à la suite de sa deuxième défaite de la ronde préliminaire – une de 4-1 face aux États-Unis, mardi. Elle a maintenant rendez-vous avec cette même Tchéquie en quarts.

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Et la possibilité d’une élimination hâtive est fort plausible de la façon dont cette équipe joue depuis le début de la compétition. L’état-major avait pourtant promis que cette formation serait mieux préparée et plus compétitive que celle qui avait pris la cinquième place au dernier tournoi.

La preuve reste encore à faire.

Après quatre matchs, elle n’a inscrit que 10 buts – seulement deux de plus que la Lettonie, l’Allemagne… et le Kazakhstan. L’attaque est en panne sèche et aucun joueur canadien n’apparaît dans la liste des 30 meilleurs pointeurs du tournoi. Cowan domine le reste de la troupe au chapitre des buts (1) et des points (3).

Le défenseur Matthew Schaefer, blessé avec moins de cinq minutes d’écoulées au deuxième match, est toujours à égalité au deuxième rang des pointeurs canadiens avec deux points. Ça en dit long.

Ce qui est le plus frappant, c’est que, comme l’an dernier, la recherche de solutions semble infructueuse. Cameron a attribué les insuccès offensifs de son équipe à de la malchance. Il a défendu ses joueurs en arguant qu’ils tiraient beaucoup et qu’ils s’étaient frottés à des gardiens en pleine forme.

Les principaux intéressés promettent que ça finira par débloquer. Peut-être essaient-ils de se convaincre.

La vérité, c’est que trop peu de ces attaquants sont prêts à se salir le nez, et que les lancers viennent surtout de la périphérie. Les Canadiens ont tiré davantage (173 lancers) que toutes les autres équipes du tournoi, mais ils présentent le pire taux de conversion à 5,78. C’est signe que les chances de qualité se font rares.

Il est vrai que la formation canadienne a davantage bourdonné autour du filet contre les États-Unis, sa meilleure prestation à ce chapitre, mais elle attend toujours qu’un leader offensif se lève.

Depuis les trois buts qu’ils ont inscrits à forces égales en lever de rideau contre la Finlande, les hommes de Cameron n’en ont marqué qu’un en trois matchs. Il aura d’ailleurs fallu que le tir hors cible de Caden Price ricoche contre la bande, puis sur le patin du gardien allemand, pour que ça se produise.

Pour tenter de régler le problème, le vétéran pilote a jonglé avec ses trios entre les matchs – sans succès. L’entraîneur a rarement tenté de générer l’étincelle pendant les rencontres, conservant ses unités presque intactes.

Il a inséré Carson Rehkopf, un marqueur de 52 buts l’an dernier, dans sa formation seulement après le deuxième match. Il l’a fait au détriment de Porter Martone, qui en a inscrit 21 en 26 matchs cette saison, dans la Ligue de l’Ontario. La jeune sensation Gavin McKenna est limitée à un rôle secondaire.

Les joueurs qui ont de l’expérience chez les professionnels – Bradly Nadeau, Calum Ritchie et Jett Luchanko – n’ont pas l’impact auquel on s’attendait. L’attaque en général semble déconnectée et le manque de gabarit se fait sentir dans les batailles pour la rondelle.

Ce n’est pas fini

Ajoutez à cela l’indiscipline crasse dont font preuve la grande majorité des joueurs de l’équipe. Le Canada a offert sept jeux de puissance aux États-Unis, mardi – leurs rivaux en ont profité trois fois. L’élément « papier sablé » que l’on recherchait tant au camp de sélection se retourne finalement contre l’équipe.

La formation unifoliée est la plus punie du tournoi jusqu’à maintenant avec 29 pénalités mineures à son actif. En quatre matchs, rappelons-le. C’est le signe d’une troupe immature qui coure souvent après la rondelle.

« On peut en parler autant qu’on veut, a dit le capitaine Brayden Yager au sujet de l’indiscipline. Ça ne changera rien à moins qu’on passe de la parole aux actes. On sera bien meilleurs à l’avenir. »

Il aurait peut-être fallu prioriser le talent brut, finalement.

Les attaquants Beckett Senecke et Andrew Cristall dominent offensivement dans leur ligue respective, tout comme le défenseur Zayne Parekh, et ils ont tous été retranchés au camp de sélection. Les attaquants Michael Misa et Michael Hage connaissent des saisons du tonnerre et n’ont même pas reçu d’invitation au camp. Même chose pour l’arrière Carter Yakemchuk, un spécialiste offensif.

Mais que connaît-on à tout cela? Le Canada peut encore nous faire mentir, mais ce ne sera pas facile.

S’il parvient à battre la Tchéquie, qui n’a perdu qu’un match en dominant ses adversaires 25-9 au chapitre des buts, et que la logique est respectée dans les autres quarts de finale, le Canada trouvera la Suède sur son chemin en demi-finale. Et potentiellement les États-Unis dans le match pour l’or.

Pour une équipe loin d’être convaincante, il s’agit d’une lourde commande. Probablement même trop lourde.