Une amitié qui survit à la rivalité

LAS VEGAS – Zeev Buium ne rate jamais une occasion de décocher des flèches en direction de Macklin Celebrini. Ce n’est rien de méchant, les deux jeunes hommes se connaissent depuis quelques années déjà, mais le défenseur sait piquer là où ça fait mal.

« Comment se sent-on quand on ne gagne jamais rien? »

C’est la question que le défenseur américain avait lancée à son complice lors d’une simulation de conférence de presse quand les deux ont passé une journée en finale de la Coupe Stanley, il y a quelques semaines. La séquence a été captée par des caméras et elle est devenue virale depuis.

« Je ne savais pas que ç’allait se retrouver partout sur le Web », a lancé Buium, mercredi, à deux jours de la première ronde du repêchage de la LNH. « C’est très drôle. Je lui rappelle tout le temps. Tous les tournois que j’ai gagnés, il les a perdus. Mais on a une belle amitié, il n’y a pas d’animosité. »

Vous aurez donc compris que Buium a connu une année de rêve.

Dans les 15 derniers mois, il a remporté la médaille d’or au Championnat mondial des moins de 18 ans et au Championnat mondial junior. Il a aussi gagné le Championnat de la NCAA avec l’Université de Denver, battant au passage Celebrini et l’Université de Boston en demi-finale du Frozen Four.

« Je m'estime très chanceux d’avoir joué au sein de ces trois équipes, a indiqué celui qui fait partie des meilleurs défenseurs de cette cuvée. J’ai rencontré beaucoup de bons gars. J’ai appris comment gagner et j’ai grandi dans une culture gagnante. Je suis content d’avoir vécu ces expériences. »

Pendant ce temps, l’attaquant canadien devait se contenter du bronze au Mondial des moins de 18 ans, d’une cinquième place au CMJ et d’une élimination hâtive au Frozen Four. Il pourra se consoler quand il entendra son nom être prononcé avant celui de Buium, au premier tour.

Celebrini, faut-il le rappeler, devrait être le premier choix au total du repêchage, qui aura lieu vendredi.

« Zeev se trouve bien drôle, a répondu Celebrini avec le sourire. Il est toujours en train de blaguer. On s’est toujours bien entendu depuis qu’on a fait connaissance à Shattuck St. Mary’s. Je dois lui donner, il peut parfois être drôle. »

Les deux jeunes hommes ont passé une saison dans le même environnement à la réputée école préparatoire du Minnesota, en 2020-21. Celebrini détruisait tout avec la formation des moins de 14 ans – il a récolté 51 buts et 141 points en 50 matchs – pendant que Buium évoluait avec les moins de 15 ans.

Ils vivaient toutefois sur des étages différents du même dortoir et passaient du temps ensemble sur la glace chaque fois qu’elle était disponible pour des séances libres.

« Ç’a tout de suite cliqué, s’est souvenu Buium. Il est sympathique et très humble. Évidemment, il est un excellent joueur de hockey. Ç’a commencé là et ça s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. »

Des fleurs

Buium range d’ailleurs ses flèches quand vient le temps de parler du talent sur glace de son complice. Disons qu’il est difficile d’attaquer Celebrini sur le plan hockey. Heureusement pour lui, Buium n’a eu à le freiner qu’une seule fois dans la dernière année.

« C’est difficile, il n’y a pas de solution magique contre lui, a analysé Buium. Il est tellement évasif. Il est tellement intelligent. Il faut être alerte quand il est sur la glace et connaître ses tendances. Il est dans une classe à part. C’est un joueur spécial. S’il ne marque pas, il va te frapper. Il faut l’avoir à l’œil en tout temps. »

Lorsque mis au courant des compliments de son ami, Celebrini lui a rendu la pareille.

« C’est presque impossible de passer de son côté, a-t-il répondu. C’est un très bon patineur, avec un bon bâton et une excellente intelligence au jeu. Ça le rend très difficile à contourner. Il est toujours en train de tenter de générer des choses. »

La bonne nouvelle pour les deux, c’est qu’ils devraient être en mesure de s’éviter pour quelques années si Celebrini fait le saut dans la LNH dès l’an prochain. Leur prochain duel aura lieu au plus haut niveau.