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HALIFAX - « Welcome to the Connor Bedard show! »
La spectatrice qui tenait cette pancarte dans les gradins du Scotiabank Centre a compris entièrement ce qu'était le concept des matchs du Canada au Championnat mondial junior : c'est le spectacle de Connor Bedard, et rien d'autre. Ou à peu près.

La vedette a pris les choses en main en déjouant les trois joueurs de la Slovaquie ainsi que le gardien pour procurer une victoire de 4-3 en prolongation aux siens face à la Slovaquie, lundi. Le but était tellement spectaculaire que la foule a réagi aussi fortement à chaque reprise en entonnant les « MVP! MVP! MVP! ».
MONDIAL JUNIOR : Connor Bedard a finalement son moment | Résumé des matchs, jour 7
« J'ai vu le premier gars aller dans une direction, et j'ai vu une ligne vers le filet, a expliqué le héros de la soirée. Le deuxième gars a tenté de venir vers moi, alors j'ai feinté et ç'a fonctionné. C'était instinctif. »
Bedard avait auparavant récolté un but et une aide pour fracasser pas moins de cinq records et aider le Canada à décrocher de peine et de misère son billet pour une demi-finale contre les États-Unis, mercredi.
La jeune sensation a inscrit son premier but de la soirée en échappée, alors qu'il n'y avait que 6:07 d'écoulées à la rencontre, et a récolté une aide sur le deuxième filet des siens - celui de Dylan Guenther en avantage numérique, qui a doublé l'avance canadienne en début de deuxième.
Avec ces deux buts et cette aide, il a battu quatre records canadiens; pour les buts en carrière (16), les points en carrière (34), le plus de points en un seul tournoi (21) et le nombre de passes en un tournoi (13). Il est aussi devenu le joueur de moins de 18 ans le plus productif en un tournoi, devant Jaromir Jagr.
« Pour moi, ça n'a pas vraiment d'importance, a-t-il déclaré. Je n'y pense pas quand je saute sur la glace. C'est sûr que c'est cool, mais tout ce qui compte pour moi c'est la victoire. Je veux une autre médaille d'or. »
Il a réussi tout ça malgré le fait que les Slovaques ont fait tout leur possible pour entrer dans sa tête et tenter de le déranger. Ça incluait des coups d'épaule, bien sûr, mais aussi des coups de bâton après le sifflet et des petites discussions cordiales dans les arrêts de jeu.
« Nous avons fait exactement ce que nous voulions, a commenté le capitaine slovaque, Simon Nemec. Nous avons joué de façon physique, et je crois que le Canada a parfois eu peur de nos gros gars. Malheureusement, ça n'a pas été suffisant pour nous. »

Guenther et Zack Ostapchuk ont été les autres marqueurs de la formation canadienne, qui a trouvé chaussure à son pied contre des Slovaques arrogants et affamés. Ce duel de quarts de finale est loin d'avoir été la promenade dans le parc espérée.
Libor Nemec, en avantage numérique, et Robert Baco ont réduit l'écart à un seul but chaque fois que les favoris de la foule se sont bâti une priorité de deux buts, en deuxième période. Jusqu'à ce que Nemec n'enfile son deuxième du match pour ramener les deux équipes à la case départ à 11:25 de la troisième.
« Ça n'a pas été suffisant, a ajouté Simon Nemec. C'est bien d'avoir créé l'égalité. Je pense que nous avons joué notre meilleur match du tournoi. Je vous avais dit que nous pouvions battre le Canada, hier, et probablement que personne ne me croyait. C'est ça, le hockey. »
Pour la première fois du tournoi, Thomas Milic a eu son mot à dire dans la victoire. Un gros mot, d'ailleurs.
Le portier s'est dressé devant les attaques répétées des Slovaques en début de match - ils menaient 5-0 aux tirs après six minutes - et a réservé le meilleur pour la fin. Il a volé un but certain à Adam Sykora avant que Tyson Hinds ne lui vienne en aide en jouant au gardien, en fin de troisième.
Il a aussi empêché Servac Petrovsky de donner la victoire à la Slovaquie, quelques instants avant le but héroïque de Bedard, pour conclure la rencontre avec 24 arrêts.
« Je pensais que la rondelle était rentrée, a avoué Bedard. J'ai failli me mettre à pleurer sur le banc. Je ne savais pas ce qui s'était produit jusqu'à ce que la foule réagisse. Milic a été incroyable. »
À l'autre bout, Adam Gajan a aussi été époustouflant devant le barrage de 56 lancers auxquels il a fait face. Le gardien slovaque a d'ailleurs reçu une chaleureuse ovation de la foule quand il a été nommé l'un des trois meilleurs joueurs de son équipe pendant le tournoi.
Dans le coup
Dominés au chapitre des tirs au but, les Slovaques ont trouvé le moyen de demeurer dans le coup jusqu'à la toute fin, surtout grâce au brio de Gajan devant sa cage.
Ils ne s'en sont pas laissés imposer par le style de jeu canadien et ont refusé d'abdiquer. Cette combativité a semblé ébranler le Canada, peu habitué à ce genre d'acharnement. Ç'a paru au deuxième engagement quand la troupe de Dennis Williams a obtenu un avantage numérique, et qu'elle n'a à peu près rien fait de bon à part enfiler les mauvaises passes et les cafouillages - sans dommage.
« J'ai trouvé qu'on était un peu plus stressés avec la rondelle, a observé l'entraîneur adjoint Stéphane Julien. J'ai quand même aimé la façon dont on a continué d'attaquer. On a manqué beaucoup de buts. J'ai senti une certaine nervosité. Les joueurs voulaient simplement bien faire. »
Le point positif pour les Canadiens, c'est qu'ils ont pu voir que leur gardien Milic était capable de conserver son calme dans des moments de haute tension. Il a confirmé que les entraîneurs avaient fait le bon choix en lui confiant le poste de numéro un.
Ils auront aussi vécu pas mal d'adversité. Plus que les Américains, en tout cas, eux qui ont détruit l'Allemagne 11-1 dans l'autre duel de quarts de finale.
« C'est bon d'avoir vécu ça devant la foule bruyante, a conclu l'attaquant Joshua Roy. On va s'habituer à ça. On aura de l'adversité au prochain match, et on sera prêts pour ça. On va essayer de finir ça avant la prolongation, cette fois-là. »