Lorsque les Coyotes de l’Arizona vont monter à bord de leur avion Qantas 787-9 Dreamliner qui va les transporter de Los Angeles à Melbourne, en Australie, samedi soir, leurs mouvements, leur sommeil, leurs repas et leurs suppléments seront régis par une planification qui a été soigneusement mise au point afin que leurs performances et leur récupération soient optimales, et que ce vol transpacifique ait le moins de répercussions possible.
Les lumières seront tamisées à l’heure optimale. Les repas seront servis à l’heure de l’Est australienne.
Dans l’espoir que tout ça aide les joueurs.
Il n’existe aucune garantie, évidemment. Mais avec la perspective d’un vol de plus de 15 heures et d’un décalage horaire de 17 heures, les Coyotes – de même que leurs adversaires, les Kings de Los Angeles – cherchent par tous les moyens à rendre un voyage en Australie pas plus éreintant qu’un déplacement vers New York.
« Tout ce que nous pouvons faire afin de leur procurer une amélioration, ne serait-ce que d’un pour cent, je crois que nos joueurs y seront très ouverts », a avancé le directeur de la haute performance des Coyotes Devan McConnell.
Parce que même si les matchs préparatoires entre les Coyotes et les Kings en Australie dans le cadre de la Série globale – Melbourne de la LNH 2023, présentés au Rod Laver Arena les 23 et 24 septembre, génèrent beaucoup d’enthousiasme, ce périple n’est pas exempt de pièges.
Lorsque les Coyotes ont appris qu’ils allaient mettre le cap sur l’Australie, McConnell a demandé conseil aux autres directeurs sportifs et entraîneurs de performance de la LNH et des autres sports. Il souhaitait comprendre comment ils avaient géré ces longs déplacements, plus précisément ceux vers l’Australie.
Même dans la LNH, ce type de voyage n’est pas sans précédent, même s’il a plutôt été rare. Lorsque les Bruins se sont rendus en Chine pour les Matchs en Chine de la LNH 2018, ils ont quitté Boston pour un périple de 16 heures avec un décalage horaire de 12 heures.
« Ce qui se passe habituellement, c’est que chaque personne bâtit des schémas internes pour les moments où elle se lève, où elle mange, où elle commence à bouger, où elle est exposée à la lumière, où elle affiche le plus d’énergie, a expliqué l’entraîneur responsable de la performance des Bruins Kevin Neeld. À mesure que la journée progresse, on tombe en déficit de sommeil, et plus la nuit approche, plus on commence à être fatigué. Ces schémas forment un cycle d’environ 24 heures.
« Alors lorsque vous changez de fuseau horaire, votre corps est toujours habitué au cycle établi à son endroit de départ. Une règle générale est qu’il faut environ une journée par heure de décalage pour que votre corps s’acclimate au changement d’heure. Les voyages plus longs, où plusieurs fuseaux horaires sont traversés, peuvent rendre cette acclimatation plus difficile, puisque le jour et la nuit sont complètement inversés. »
C’est comme demander à quelqu’un qui travaille normalement de jour d’effectuer soudainement un quart de travail de nuit – et de fonctionner à plein rendement.
C’est pourquoi il est important de commencer à s’acclimater tôt. Mais pas trop tôt.
Comme la plupart de leurs joueurs se sont présentés à Phoenix avant la date officielle du début du camp, les Coyotes ont commencé à ajuster les horloges biologiques de leurs joueurs et des membres du personnel. Par exemple, les séances d’entraînement informelles ont été déplacées du matin vers l’après-midi à partir de jeudi. Elles ne se déroulent pas à l’heure de Melbourne – pas du tout en fait, avec les 17 heures de décalage qu’il y a entre Melbourne et Phoenix ainsi que Los Angeles – mais tous les subtils ajustements vers l’objectif ultime peuvent aider.
« Toutes les recherches, toute la littérature disent que vous pouvez modifier votre horloge biologique et votre rythme circadien, et que la fenêtre idéale est de deux à trois jours, a mentionné McConnell. Commencer plus tôt n’est pas nécessaire, mais commencer plus tard ne servirait pas à grand-chose. »
L’équipe mise aussi sur une application soutenue par l’intelligence artificielle. À partir de samedi matin, les Coyotes vont commencer à surveiller leur application FlyKitt, qui va leur servir de guide pour les prochaines 36 heures.
Elle comprend un plan pour l’horaire de sommeil, ainsi qu’un horaire de nutrition et de suppléments conçu afin de combattre l’inflammation et la fatigue mentale qui peut être causée par les longs voyages et le décalage horaire.
Et tout ça avant même que l’équipe n’atterrisse en Australie. Mais les Coyotes ont aussi un plan à partir de leur arrivée à Melbourne.
L’idée est d’être actif toute la journée, d’étirer leurs jambes et de chasser les courbatures, de consommer un peu de caféine et beaucoup de soleil, puis de bien manger et de s’hydrater.
Pour y parvenir, les Coyotes ont prévu deux itinéraires, en fonction du temps qu’il faudra à leur équipement pour traverser les douanes. Ils pourraient tenir un entraînement léger en après-midi, ou encore se diriger vers un stade de rugby local, ce qui donnerait la chance aux joueurs de visiter un peu, d’observer leur entraînement, puis de s’entraîner à leur tour.
« Dès que vous le pouvez, vous devez vous lever en fonction du fuseau horaire dans lequel vous vous trouvez, même si vous n’avez dormi que deux heures et que vous êtes complètement épuisés, se réveiller à l’heure où vous devez le faire dans ce fuseau horaire et s’exposer à la lumière immédiatement va aider à régler votre rythme circadien à ce fuseau horaire », a souligné Neeld.
« Si vous vous réveillez, allez dehors, allez marcher. Si le gymnase de votre hôtel est pourvu de plusieurs fenêtres, utilisez-le. Vous allez ainsi pouvoir faire de l’exercice et vous exposer à la lumière, ce qui peut vous aider à reprogrammer votre horloge interne au fuseau horaire dans lequel vous êtes. »
Il n’y a pas que l’aller à considérer. Il y a aussi le retour.
Les Coyotes ont fait appel au Dr Michael Grandner, directeur du programme de recherche sur le sommeil et la santé de l’Université de l’Arizona. Avant le départ de l’équipe, Grandner va parler aux joueurs et au membre du personnel des meilleures pratiques par rapport au sommeil, surtout en ce qui concerne le voyage du retour, qui est reconnu pour être plus difficile.
Les deux équipes auront deux jours de congé obligatoires à leur retour, suivis d’un entraînement optionnel. Les Coyotes vont suggérer à leurs joueurs des plans d’entraînement personnalisés, mais ils pourraient aussi simplement aller faire une randonnée ou jouer une ronde de golf pour bouger un peu.
« En bout de compte, la réponse de chaque personne sera un peu différente, a prévenu Neeld. Dans un environnement d’équipe, si vous pouvez avoir la majorité des gens qui font la plupart des choses de la bonne manière, ce sera un gain pour l’organisation. »
Rien ne garantit que les joueurs des Coyotes et des Kings ne resteront pas réveillés toute la nuit, à regarder leur téléphone, télécharger encore plus de contenu sur Netflix, ou encore à fixer le vide en espérant trouver le sommeil. Il sera impossible de prévenir tous les petits maux et les torticolis qui découlent de plus de 15 heures passées dans un siège d’avion.
Les équipes font toutefois tout ce qu’elles peuvent afin de prévenir le décalage horaire, la déshydratation et l’enflure.
« Nous misons sur un groupe super qui est très ouvert, et ils sont enthousiastes à l’idée d’aller un peu plus loin que l’approche traditionnelle, a conclu McConnell. Les joueurs sont très heureux de tirer avantage de ce que nous avons tenté de mettre en place, et nous souhaitons que tout fonctionne comme prévu et que nous allons bien nous en sortir. »