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Le hockey paraissait si facile en voyant les jumeaux Daniel et Henrik Sedin hacher menu les défenses adverses soir après soir. C'était comme de la poésie sur glace.
On aurait dit que les frangins étaient génétiquement programmés pour ne faire qu'un sur la glace. La communion qui existait entre eux n'était toutefois pas qu'un don du ciel.

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« Il y a sûrement à la base une transmission de pensées naturelle entre des jumeaux qui pratiquent la même activité, estime Alexandre Burrows. La cohésion entre eux s'est peaufinée au fil des années, mais laissez-moi vous dire qu'ils l'ont travaillée très fort tout au long de leur carrière dans la Ligue nationale.
« Ils ne l'ont pas eu facile à leur arrivée avec les Canucks de Vancouver. Ils ont dû apprendre à la dure, devenir des hommes », a repris Burrows.
Trevor Letowski a été un témoin privilégié de l'ascension en crescendo des jumeaux dans la LNH. L'attaquant de soutien s'est retrouvé chez les Canucks au cours de la deuxième saison des Sedin en 2001-02.
« Ça remonte à loin, mais j'ai le souvenir de deux frêles garçons bien à leur place et hautement respectés de leurs coéquipiers », commente Letowski en entrevue avec LNH.com. « On ne voyait pas ça de tous les jeunes qui avaient été des choix de repêchage élevés comme eux - deuxième et troisième au total en 1999. Vous n'auriez jamais deviné en les voyant aller au quotidien. Ils ne se plaignaient de rien et ils faisaient tout ce que les entraîneurs leur demandaient. Ils n'étaient pas appelés à jouer un grand rôle dans l'équipe, mais c'était correct pour eux. Ils n'avaient pas l'égo démesuré. Ils étaient d'excellents coéquipiers qui travaillaient fort pour faire leur place dans la Ligue. »
Comme Letowski le fait remarquer, ce n'est qu'à leur cinquième saison qu'ils ont véritablement pris leur envol.
« Ils étaient tellement travaillants. C'étaient des modèles pour leurs coéquipiers », indique Burrows, qui a justement fait ses débuts avec l'équipe cette saison-là, en 2005-06.
« Ils n'étaient jamais satisfaits, malgré tous les honneurs qu'ils remportaient, poursuit-il. Ils en voulaient toujours plus. D'une année à l'autre, ils se pointaient au camp d'entraînement en meilleure forme et en étant de meilleurs joueurs. Ils avaient des habitudes de travail exemplaires. Ils étaient de vrais pros, qui voyaient à contrôler tout ce qu'ils pouvaient. C'est juste normal qu'ils aient connu autant de succès. »
Dans l'entourage des Canucks, les Sedin n'étaient pas ceux qui déplaçaient le plus d'air, mais ils étaient - et demeurent - de bonnes personnes ayant le cœur à la bonne place.
« Ce sont des gars humbles, encore plus incroyables à l'extérieur de la glace par leur manière de se comporter avec les journalistes, le personnel hockey et leurs coéquipiers. Ils traitaient tout le monde comme ils voulaient qu'on les traite.
« Ils étaient également très impliqués dans la communauté. Le don de 1,5 million $ qu'ils ont fait à l'hôpital pour enfants de Vancouver, ce n'est pas n'importe qui qui aurait fait ça. Pour eux, c'était important. Ça montre à quel point ce sont de bonnes personnes. »
Sur une note légère, Burrows en était venu avec le temps à être un des rares membres de l'équipe à pouvoir les différencier.
« C'est rendu facile pour moi. Je peux même les différencier au téléphone, dit-il. Physiquement, Daniel a le visage moins arrondi que Henrik, qui a un plus grand front. »
Burrows raconte que les successeurs d'Alain Vigneault à la barre de l'équipe, John Tortorella et Willie Desjardins, s'arrachaient les cheveux pour les départager.
« Willie avait même fixé au mur dans son bureau des photos de face, de profils et de dos de chacun des deux pour pouvoir les distinguer. On trouvait ça drôle. »
Pas de chicane…
Les jumeaux étaient inséparables à longueur de journée. Quand on en voyait un, l'autre n'était jamais loin.
« Ils étaient tout le temps ensemble. Ils avaient bien sûr chacun leur famille, mais ils allaient à l'aréna ensemble, ils mangeaient ensemble, ils s'entraînaient ensemble et ils jouaient aux cartes ensemble. »
Après toutes ces années passées avec eux, Burrows dit n'avoir jamais assisté à une mésentente ou même à une discussion animée entre les deux.
« Je n'ai pas de frère, mais j'ai des amis qui en ont et je les vois se taquiner ou se crêper le chignon, mais eux, je ne les ai jamais vus se chicaner. J'aurais tellement aimé ça… », lance-t-il en riant.
Les Sedin ont représenté un phénomène unique dans l'histoire de la LNH. Avec le recul, ç'aurait été du gaspillage s'ils avaient été contraints de mener chacun une carrière en solo.
Il faut souligner l'audace du directeur général des Canucks de l'époque, Brian Burke. Il a réalisé un coup de maître pour les réunir, en complétant un échange au repêchage. Ayant en poche deux des cinq premiers choix au total, le DG à la cravate dénouée a manœuvré avec le Lightning de Tampa Bay et les Thrashers d'Atlanta afin d'obtenir les deuxième et troisième sélections, tout en ayant l'assurance que les Thrashers ne choisiraient pas un Sedin au tout premier rang.
« Il y a eu de célèbres frères dans la LNH, dont trois d'une même famille qui ont formé un fantastique trio - les Stastny, note Burrows. Il y a aussi eu les Sutter, qui ont été six au total. On a actuellement les trois frères Staal et les Hughes, avec un troisième membre qui graduera bientôt. Mais peut-être ne reverra-t-on jamais des jumeaux comme les Sedin… Quoique ce n'est pas impossible. »
Burrows, qui a tissé des liens indéfectibles avec Daniel et Henrik, affirme que leur intronisation au Temple de la renommée du hockey vient mettre un point d'exclamation à une carrière et à une vie doublement bien remplies.
« Ça boucle bien la boucle, je trouve », conclut-il.