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L'ancien gardien étoile Tony Esposito, un des pionniers du style papillon, est décédé mardi, à la suite d'une bataille contre le cancer du pancréas, à l'âge de 78 ans.

Plus introverti et cérébral que son frère Phil Esposito, l'ancien joueur de centre vedette qui était son aîné d'un peu plus d'un an, Tony « O », comme on le surnommait, a créé son propre style grâce à ses qualités athlétiques.
En 16 saisons dans la LNH, il a savouré 423 victoires en 886 rencontres. Il a subi 306 revers, tout en montrant 151 matchs nuls. Sa moyenne de buts accordés par match s'est élevée à 2,93. En 1983-84, il était le seul joueur âgé dans la quarantaine dans la LNH. Il a pris sa retraite au terme de la saison, avec 76 jeux blancs et 418 gains à son palmarès - deux marques des Blackhawks.
C'était un fin analyste du jeu : il scrutait à la loupe les tendances des tireurs, en plus d'être un féroce compétiteur qu'il ne fallait surtout pas déranger la journée des matchs.
« En nous rendant à l'aréna un jour, je l'ai déjà vu éviter un accident sans broncher ni dire un mot », a déjà raconté son fils Jason dans un documentaire sur les frères Esposito. « Il a fait toute une manoeuvre sur la route enneigée rendue glissante, avec une seule main sur le volant. Il a poursuivi son chemin comme si de rien n'était, avec ses parents qui étaient assis à l'arrière! Il était tout simplement dans sa bulle. »
Ses coéquipiers savaient qu'ils ne devaient surtout pas lui adresser la parole avant les matchs. Esposito était tout autant intense devant son filet et il se montrait très dur à son endroit, prenant le blâme pour tous les buts qu'il cédait même s'il n'y pouvait rien.
Esposito a été admis au Temple de la renommée du hockey en 1988. Personnalité très populaire à Chicago, les Blackhawks ont retiré son chandail no 35 la même année. Depuis 2007, Esposito agissait comme ambassadeur de l'organisation. En 2017, dans le cadre du centenaire de la LNH, il a été nommé au sein des 100 plus grands joueurs de l'histoire.
« Pour les Blackhawks et la Ligue nationale de hockey, Tony Esposito était un gardien du Temple de la renommée. Pour nous, il était un mari, un père et un grand-père digne du Temple de la renommée », a écrit la famille Esposito dans un communiqué.
« Tony s'est senti à la maison dès son arrivée à Chicago en 1969. Merci à la famille Wirtz et à ces 18 000 partisans des Blackhawks qui l'ont traité comme s'il faisait partie de la famille chaque soir au Stadium, dans la victoire, la défaite ou les matchs nuls. Alors que nous sommes en deuil à la suite du décès de Tony, nous chérissons les souvenirs et l'affection du temps où il était joueur et plus tard ambassadeur. Nous serons éternellement reconnaissants envers votre soutien, et nous nous sentons chanceux d'avoir vos prières en ces moments difficiles. Tony était une personne réservée, mais il ressentait votre amour et il vous aimait en retour. »
Membre de la formation championne des Canadiens en 1969, Esposito a participé à deux Finales de la Coupe Stanley avec les Black Hawks en 1971 et en 1973, se retrouvant du côté des perdants les deux fois face à son ancienne équipe. En 99 sorties en séries, il a conservé un dossier de 45-53, avec une moyenne de 3,09.
Un 25 000$ bien investi
Né le 23 avril 1943, Anthony James Esposito grandit à Sault Ste. Marie, en Ontario. Il sert rapidement de cible pour son grand frère Phil, en enfilant les jambières de gardien. Il délaisse le hockey à l'adolescence afin de s'adonner au football, avant de revenir au hockey.
À l'université américaine Michigan Tech, il aide les Huskies à gagner un championnat national, tout en étant choisi à trois reprises au sein de l'équipe d'étoiles « All-American ». On doute toutefois qu'il puisse atteindre les grandes ligues parce qu'il doit porter des verres de contact et en raison de son style qu'on dit trop échevelé.
Esposito joint les Canadiens de Montréal à titre de joueur autonome, le 29 septembre 1967. Il fait le saut chez les professionnels, avec les Canucks de Vancouver dans la Ligue de l'Ouest. Il amorce la saison 1968-69 avec les Apollos de Houston dans la Ligue centrale, avant de faire ses débuts dans la LNH, le 19 novembre 1968, contre les Seals d'Oakland, en remplacement de Rogatien Vachon. Il effectue son premier départ une semaine plus tard, le 5 décembre, contre les Bruins de Boston et son frère Phil qui réussit les deux buts des siens dans un verdict nul de 2-2.
Esposito dispute 13 matchs avec le CH, montrant un dossier de 5-4-4, incluant deux blanchissages. Comme les Canadiens misent déjà sur les Gump Worsley, Vachon et un jeune gardien prometteur nommé Ken Dryden, Esposito est mis en disponibilité pour le repêchage intraligue et les Black Hawks, comme ils s'appelaient à l'époque, le choisissent le 11 juin 1969.
L'investissement de 25 000$ du directeur général Tommy Ivan, requis afin de procéder à la sélection, allait rapporter gros. Esposito fait tôt de prouver qu'il appartient à l'élite des gardiens. Il remporte les trophées Calder et Vézina à sa première saison complète, en établissant un nombre record de 15 blanchissages qui résiste au temps.
En 15 saisons chez les Blackhawks, il gagne le trophée Vézina deux autres fois et il prend part à six matchs des étoiles.
En 1972, Esposito est sélectionné pour représenter le Canada en vue de la Série du siècle contre l'Union soviétique. Ken Dryden des Canadiens et lui partagent la tâche. Le Canada l'emporte in extremis avec Dryden devant le but, à l'issue du huitième duel de la série joué à Moscou.
Après sa carrière, en 1988, Esposito est nommé directeur général des Penguins de Pittsburgh. Les Penguins terminent au deuxième rang de la section Patrick, prenant part aux séries éliminatoires pour la première fois en six ans en 1988-89. Il perd son poste en décembre 1989, mais on donne du mérite pour l'acquisition du gardien Tom Barrasso, qui a été un grand contributeur des conquêtes de la Coupe Stanley des Penguins en 1991 et en 1992.
Tony et son frère Phil vont prendre les choses en main dans la mise en place de l'organisation naissante du Lightning de Tampa Bay en 1992. Tony agit officiellement comme directeur du recrutement, mais il est en quelque sorte le bras droit de Phil, qui cumule les tâches de président et de directeur général de l'équipe.
Tony insiste beaucoup pour que le Lightning repêche l'attaquant Brad Richards, ce que l'équipe fait au troisième tour (64e au total) en 1998. Richards remporte le trophée Conn-Smythe à la suite de la conquête du Lightning en 2004.
« Mon frère a vu à beaucoup de choses, a déjà dit Phil. Après tout, c'est lui qui a fait des études universitaires, pas moi! »