Peut-être par pur optimisme ou par simple naïveté, Tristan Luneau croyait être de retour sur patins au début du mois de février. Il se voyait terminer la saison dans la LHJMQ après le Championnat mondial junior – c’était le plan établi – et disputer les séries éliminatoires avec son équipe d’enfance, les Tigres de Victoriaville.
Près de deux mois plus tard, le défenseur québécois est toujours à Anaheim et n’a pas touché à la glace depuis la mi-décembre. L’infection au genou qui le tient à l’écart du jeu depuis le CMJ n’est pas encore tout à fait chose du passé, et l’a obligé à faire une croix sur sa saison.
« Il me reste encore du travail à faire au chapitre de la récupération, a expliqué la recrue des Ducks en entrevue avec LNH.com. On veut s’assurer de ne pas forcer les choses. Je n’ai pas à me plaindre; je suis en Californie, et il y a tout un personnel médical qui me donne tout ce dont j’ai besoin. »
Pour la petite histoire, rappelons qu’une bactérie s’était logée dans l’articulation de son genou à son arrivée en Suède pour le Mondial, ce qui l’avait empêché de prendre part à la compétition. Il a ensuite dû prendre des antibiotiques pendant deux mois pour éliminer le mal – une étape importante de sa réadaptation.
Pendant cette période, Luneau n’a pu s’entraîner et était limité dans ses mouvements : « Quand il y a beaucoup d’inflammation, le cartilage ramollit et l’articulation est moins stable », justifie le jeune homme de 20 ans, qui en a appris beaucoup au chapitre médical, ces derniers mois.
Il reçoit désormais des injections hebdomadaires « pour aider son genou à guérir », et investit les efforts dans le gymnase pour rebâtir la force musculaire et la mobilité qu’il a perdues durant sa période d’inactivité.
« Je dois atteindre certaines cibles dans le gym avant de recommencer à patiner, et les injections se terminent dans deux semaines, a-t-il précisé. Après ça, ça ne devrait pas être long avant que je puisse sauter sur la glace. Je ne mentirai pas, j’ai vraiment hâte de recevoir le feu vert. »
Parce qu’au-delà de la déception de ne pas pouvoir rejouer cette saison, il y a ce manque du hockey. Luneau n’a disputé que sept matchs avec les Ducks alors qu’il suivait le plan de développement de la formation californienne. Il en a joué six autres avec le club-école de San Diego dans la Ligue américaine.
Rien, évidemment, depuis décembre. C’est ce qui résume sa campagne sur le plan des matchs joués.
« C’est certain que j’aurais voulu revenir au jeu le plus vite possible, a-t-il évoqué. Mais ce n’est pas comme une blessure normale. Il n’y a pas d’échéancier comme il y en aurait un pour une déchirure d’un ligament, par exemple. On doit s’assurer que tout soit guéri pour que ça ne vienne pas me hanter plus tard.
« Je ne dirais pas que c’est une déception. C’est plus que je m’ennuie de la game. La compétition, ça devient un peu une drogue, une dépendance. Tu veux te mesurer aux autres, aller sur la glace et continuer de t’améliorer, surtout dans mon cas. Je suis un jeune joueur et je veux montrer que j’ai ma place.
« Je comprends que la route vers la LNH, c’est un marathon, et je fais confiance aux médecins de l’équipe. C’est une bataille entre ma tête et mon cœur. »
De la progression malgré tout
Dans ces circonstances, le natif de Victoriaville fait tout en son pouvoir pour maximiser son temps. Il doit composer avec la main qui lui a été donnée. Sa routine est la même. Il continue de se présenter à l’aréna tous les jours et il assiste aux rencontres d’équipe avec ses coéquipiers des Ducks.
Le temps qu’il a passé à l’entraînement en première moitié de saison a fait de lui un meilleur joueur. Il a pu le constater dans les quelques matchs qu’il a joués ainsi qu’au camp de sélection d’Équipe Canada junior, où il était clairement l’un des joueurs les plus dominants.
« Ç’a été une saison d’apprentissage, a-t-il observé. J’ai amélioré ma condition physique en première moitié, je me sentais plus rapide et plus solide. J’ai vu une amélioration exponentielle de ma game. Quand je suis arrivé en Suède, je me sentais vraiment au sommet de mon art.
« Je ne contrôle pas ce qui m’est arrivé. Je prends chaque occasion de m’améliorer en regardant les matchs des gradins, même si ce n’est pas la même chose que de jouer ou de pratiquer. »
D’ici à son retour sur patins, Luneau jette les bases de son entraînement estival. Si tout se déroule comme prévu, il pourra y aller à fond de train et être fin prêt à se battre pour un poste, l’automne prochain.