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LAVAL – Il y avait la même musique jazz, le même décor avec le splendide terrain de golf de Laval-sur-le-Lac, la même surabondance de journalistes et les mêmes intervenants, de Geoff Molson à Samuel Montembeault. S’il y avait un changement, il se retrouvait dans le ton des discours des différents dirigeants ou joueurs des Canadiens de Montréal.

Au tournoi de golf de l’an dernier, Jeff Gorton avait refusé de parler du mot en P (playoffs). Un an plus tard, le vice-président principal des opérations hockey n’a pas prononcé le mot tabou, mais il a ouvert la porte à cette possibilité.

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Invités au podium les uns après les autres en cette magnifique matinée ensoleillée pour le tournoi de golf annuel, Geoff Molson, Gorton, Kent Hughes et Martin St-Louis ont tous frappé sur le même clou, celui de voir l’équipe « être dans le mix ».

Le CH a donc l’intention de se battre pour une participation aux séries après trois exclusions d’affilée. À l’instar de la conférence de presse en fin de saison, Hughes et Gorton ont répété qu’il y aura de plus grandes attentes sans toutefois bousculer tous les plans.

« Je dirais que pour les attentes, Jeff et Kent ont réalisé un très bon boulot pour enraciner notre noyau de jeunes joueurs avec des contrats à long terme (Juraj Slafkovsky et Kaiden Guhle), a affirmé Molson. Nous avons aussi ajouté une touche de marqueur à l’équipe (Patrik Laine). Je m’attends à voir une meilleure équipe. Nous en sommes à la troisième année de notre reconstruction. Les joueurs ont aussi de plus grandes attentes. Il y a toutes les raisons de croire que nous pouvons être dans le mix et nous battre pour une participation aux séries. »

Le slogan « être dans le mix » n’apparaît pas dans le dictionnaire. On pourrait le traduire par une équipe qui désire se retrouver dans le coup pour une place en séries.

Encerclé par une dizaine de scribes, Molson a offert sa traduction de cette expression qui circule depuis le bilan de la dernière saison.

« Il y a plusieurs bonnes équipes dans la LNH, a rappelé le propriétaire du CH. C’est très difficile de participer aux séries, on l’a vu encore l’an dernier. Il y a de bonnes équipes qui ne rentrent pas. Quand on dit dans le mix, c’est de se retrouver dans ce groupe. Nous désirons voir encore plus de progrès et de développement. Je pense que c’est clair que nous comptons sur un noyau de jeunes joueurs qui sera très bon dans le futur. Nous voulons voir l’équipe progresser encore, ce serait une réussite. »

Gorton y est aussi allé de sa propre définition.

« Quand la saison progressera, comme après la date limite des transactions, nous aimerions jouer encore des matchs symboliques, a-t-il dit. Nous voulons nous battre pour une place. Nous souhaitons voir une évolution. Nous avons parlé deux fois au cinquième rang et une fois au premier rang dans les trois dernières années (au repêchage). Au mois d’avril, nous espérons jouer des matchs importants.

« J’aimerais participer aux séries et je crois que nous pourrions y arriver, mais nous ne le savons pas. J’ai déjà vécu de telles expériences où nous reconstruisons une équipe. Tu souhaites voir une progression. Les joueurs auront la réponse. Je ne pense pas que nous devons imposer des objectifs précis aux joueurs et leur dire que s’ils ne sont pas atteints, c’est une déception. Nous comptons sur encore plusieurs jeunes joueurs. Certains n'ont toujours pas atteint leur plafond. Je ne veux pas y aller d’une promesse. À l’intérieur de notre vestiaire, nous avons confiance. »

Canadiens team photo on golf course

Des attentes modérées

Le CH n’a pas terminé sa reconstruction. Avec 76 points la saison dernière, le Tricolore a terminé à 15 points d’une place en séries. En 2022-2023, le fossé était encore plus gros avec 24 points qui séparaient l’équipe du huitième et dernier billet pour le tournoi printanier dans l’Association de l’Est.

« Le plus important est la patience, a insisté Molson. Il ne faut pas nécessairement essayer d’accélérer trop rapidement, il faut choisir le bon moment. Comme je disais, la patience et l’expérience de Jeff Gorton avec une reconstruction nous aideront beaucoup. »

Relancé par un collègue à savoir si le nouveau mot en P pouvait devenir la patience cette saison, le proprio des Canadiens a souri avant d’y aller d’une réponse.

« Il n’y a pas de mot en P. L’important est que nous ferons tout pour être dans le mix cette année. Je pense que nous avons une équipe améliorée. J’ai hâte de les voir sur la glace. »

Hughes a regardé en direction d’une bonne vieille maxime.

« Rome ne s’est pas construite en une seule journée », a-t-il affirmé.

Le DG du CH a toutefois le sentiment qu’il a placé des pierres à la bonne place au cours des dernières semaines.

« Nous savions que nous devions travailler sur encore plusieurs éléments, a rappelé Hughes. Nous savions que nous devions améliorer notre offensive. Nous voulons aussi récompenser nos joueurs. Ce n’est pas facile quand tu as une émission qui s’intitule La reconstruction, mais que les joueurs veulent gagner le prochain match. Je peux me placer dans leurs souliers.

« Patrik reste un jeune joueur et nous voulons offrir de l’aide à nos joueurs. Il ne débarquera pas ici comme un sauveur. Nous savons d’où il vient. Il sort d’une saison difficile sur la glace, mais aussi à l’extérieur. Nous désirions simplement le placer dans un bon environnement et l’aider le plus possible. »

Un entraîneur plus exigeant

Aux yeux de St-Louis, le progrès ne se calculera pas uniquement en fonction des victoires et des défaites.

« Ça dépend comment tu vois ça. Tu n’as pas de résultat si tu ne te concentres pas sur le processus, a-t-il mentionné. Je vois ça de cette façon. Je ne me fixe pas un objectif avec un nombre de victoires à obtenir. Je reste sur le processus. »

À l’aube de sa troisième saison complète derrière le banc de l’équipe, St-Louis gardera la même philosophie même s’il se retrouvera dans un contexte différent. À ses premiers pas avec l’équipe, il avait surtout comme mission de développer ses jeunes joueurs, plaçant parfois le progrès individuel avant le progrès collectif.

Questionné à savoir s’il pourrait avoir la mèche plus courte cette année, St-Louis a offert une réponse à son image.

« Je ne sais pas si la patience est le bon mot. Mais je serai plus exigeant. Nous sommes à une étape où il faut rentrer encore plus dans les détails. Nous évoluons comme équipe. C’est comme un enfant. Tu changes tes demandes avec un jeune de 12 ou 15 ans, comparativement à un jeune de 6 ou 7 ans. Tu t’attends à plus. Je ne veux pas être impatient ou sévère, mais juste et calculé. »

Après le quatuor de la direction, Nick Suzuki a rencontré les médias. Le capitaine espère que le CH mêlera les cartes cette saison.

« Depuis quelques années, nous n’avons pas gagné beaucoup de matchs et nous avons profité de gros choix au repêchage, a affirmé Suzuki. Nous avons échangé des joueurs à la date limite pour des espoirs et des choix. Nous avons maintenant un coffre rempli de choix et d’espoirs. Nous voulons maintenant démontrer que nous pouvons atteindre les séries.

« Je crois que nous sommes une équipe sous-estimée par plusieurs personnes. Les gars voudront se nourrir de cela. »