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OTTAWA – Le Canada devra souhaiter que le passage à la nouvelle année apporte son lot de buts et des résolutions de discipline, sans quoi ce Championnat mondial junior pourrait se terminer abruptement.

Les États-Unis ont marqué trois buts avec l’avantage d’un homme et la panne sèche de la troupe de Dave Cameron s’est poursuivie dans une défaite de 4-1, mardi. Ses rivaux ont ainsi pris la première place du groupe A, et le Canada, troisième, aura un dur rendez-vous avec la Tchéquie en quarts de finale.

Cette même Tchéquie qui l’avait éliminé à la même étape du tournoi l’an dernier. La nation de l’Europe de l’Est a pris la deuxième place dans le groupe B après une défaite de 4-2 contre la Suède.

« Il n’y a pas grand-chose à retenir de l’an dernier, a débité le capitaine Brayden Yager. On va avoir l’aide de nos entraîneurs pour nous préparer et savoir ce qu’il faut faire pour l’emporter contre eux. »

Rester loin du cachot serait un bon départ. Marquer des buts serait une bonne idée.

Les Canadiens ont offert pas moins de sept jeux de puissances aux Américains dans le match le plus important de la ronde préliminaire. Après quatre rencontres, ils sont les plus punis du tournoi avec 29 pénalités mineures – le signe d’une formation qui joue peu en possession de rondelle.

« Ça ruine notre rythme », a résumé le défenseur Sam Dickinson, coupable de deux infractions. « On travaille bien à forces égales, on a des chances, on crée des occasions de marquer. Et ensuite, le momentum qu’on a bâti en travaillant fort s’envole en fumée. »

Si un jeu résume à la perfection le déroulement de cette soirée, c’est la punition dont a écopé l’attaquant Easton Cowan avec moins de huit minutes à faire au match. L’espoir des Maple Leafs de Toronto a projeté Aram Minnetian dans la bande après le jeu, ouvrant la porte aux Américains pour la septième fois du match.

Un geste complètement égoïste.

À ce moment, malgré une incapacité chronique à trouver le fond du filet, le Canada tirait de l’arrière 2-1 et était encore dans le coup. Mais Cole Eiserman a fait payer Cowan pour doubler l’avance des siens, et Ryan Leonard a complété la marque dans un filet désert avec 1:52 à écouler.

« Je ne peux pas me mettre à clouer au banc tous ceux qui prennent des pénalités, a argué Cameron. Le tournoi est trop court pour ça. C’est à eux de décider. C’est une décision individuelle. Une preuve de caractère. Je suis plutôt certain qu’ils vont le faire. Ils se sont brûlés ce soir. La leçon a été apprise. »

De toute façon, les chances de remontée étaient presque nulles pour une attaque anémique, surtout face à un Trey Augustine en pleine possession de ses moyens. Le portier américain, ordinaire depuis le début du tournoi, a été le meilleur joueur des siens, repoussant 38 rondelles pour signer la victoire.

« Il a été excellent. Il a tout simplement été Trey Augustine, a résumé Eiserman. C’est pourquoi tout le monde sait qu’il est l’homme de la situation et qu’il est celui qui va nous aider à remporter la médaille d’or. Il est la colonne vertébrale de notre équipe. Il a été d’une importance énorme. »

Le Canada n’a inscrit que 10 buts en quatre matchs au cours de la ronde préliminaire. S’il y a un aspect positif à retenir de cette rencontre, c’est que les locaux ont généré plus de chances dangereuses. Il reste maintenant à trouver un moyen d’en profiter. Et ça presse.

La guerre des unités spéciales

Cole Hutson – le frère de l’autre – a ouvert la marque sur le premier jeu de puissance des Américains avec 6:58 à faire au premier tiers. Après s’être complètement moqué de la brigade canadienne, il s’est retourné vers la foule en portant ses gants vers ses oreilles. Il venait de la réduire au silence.

« J’y avais pensé avant que ça se produise, a rigolé Hutson. Il y avait 18 000 partisans contre nous. C’est une célébration classique que je me devais d’utiliser dans cette situation. »

Il s’agissait du premier but accordé par Carter George en trois départs, sur le 60e tir dirigé vers lui. Sa séquence parfaite a pris fin après 133:02, et il a conclu la soirée avec 24 arrêts.

Les Américains ont eu pas moins de trois occasions de doubler leur avance en avantage numérique en deuxième période, le résultat de l’indiscipline crasse de leurs adversaires. Ils ont eu quelques bonnes chances, mais n’ont pas réussi à le faire. C’est venu les hanter dès le début de la troisième.

Bradly Nadeau a inscrit son premier de la compétition d’un boulet sur réception alors qu’il n’y avait que deux secondes à écouler à la pénalité du capitaine Leonard. On pensait que le Canada allait se servir de l’énergie de la foule pour accentuer la pression avec la marque égale, mais il a fait tout le contraire.

Sawyer Mynio a écopé d’une punition stupide, 38 secondes plus tard. Cette fois, les visiteurs n’ont pas laissé passer leur chance. Danny Nelson a redonné les devants aux siens avec un tir précis de l’enclave, et ce fut tout ce dont ils avaient besoin contre une attaque en manque d’inspiration.

Des souhaits de bonne année

Ça n’a pas pris trop de temps pour que les vieux rivaux lancent les hostilités et démontrent de l’émotion. Dès le premier engagement, les échauffourées après le sifflet ont été légion et les conversations se sont souvent poursuivies jusqu’au banc des pénalités.

Cowan et Leonard se sont d’abord invités à réveillonner en criant par-dessus la tête des pauvres marqueurs, puis Luca Pinelli et Zeev Buium se sont échangé des souhaits de bonne année pendant de longues secondes d’un bord à l’autre des bancs de pénalité.

La première s’est conclue alors que Cole Beaudoin et Drew Fortescue ont échangé des coups en gardant leurs gants – les règles internationales prévoyant une expulsion en cas de bagarre.

« On a joué pour le chandail ce soir », a fait valoir l’entraîneur américain David Carle. « Ç’a transpiré dans notre jeu de plusieurs façons. Ce sont les émotions du sport. Ç’a été très émotif par moments, pour moi aussi, et nous nous en sommes servis. On a joué pour l’équipe, et c’était un énorme pas en avant pour nous. »

Cette intensité avait manqué aux Canadiens depuis le début du tournoi. Ça nous a permis de voir qu’ils avaient un pouls… Ça ne s’est toutefois pas transposé sur la feuille de match.