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MONTRÉAL – Les sourires aux quatre coins du vestiaire, l’ambiance festive et le toujours excellent succès « Live Is Life » qui résonnait en provenance de la salle d’entraînement; on aurait pu croire que les Canadiens de Montréal sont en plein cœur de la course aux séries éliminatoires. 

Or, les joueurs du Tricolore ne faisaient que célébrer le fait d’avoir finalement réussi à aligner un troisième gain de suite pour la première fois de la saison, le dernier par la marque de 4-1 face aux Flyers de Philadelphie, jeudi. Il n’y a pas de petite victoire.

« C’est un bon sentiment », a lancé le capitaine Nick Suzuki, devant son casier. « On a battu trois bonnes équipes. C’est évidemment beaucoup plus plaisant quand on gagne. Vous pouvez le voir; l’énergie et l’ambiance sont bien meilleures dans le vestiaire au cours des derniers jours. »

Même si l’idée d’un printemps enivrant n’est plus d’actualité depuis un bon moment dans la métropole, les Canadiens font « comme si ». Sur la glace, ils ont affiché plus de combativité et de sentiment d’urgence que les Flyers, qui, pourtant, se battent réellement pour leur place en séries.

« Tu veux toujours voir une progression dans le jeu de ton équipe, a fait valoir l’entraîneur Martin St-Louis. Ces matchs contre des équipes de séries, ce sont des répétitions que tu ne peux pas répliquer à l’entraînement. Ce sont de gros défis qui permettent de nous mesurer. Je suis content de ce que je vois. »

Le contraste était surtout frappant au cours des deux premières périodes. La troupe de John Tortorella n’a à peu près rien généré devant le filet de Cayden Primeau. Ça ne ressemblait pas à une équipe en danger d’être exclue du portrait des séries du jour au lendemain.

Le CH, lui, avait l’air d’une équipe qui veut continuer de bâtir sur du solide et qui n’a pas encore plié bagage malgré sa piètre position au classement général – il est 27e. 

« On veut encore être ici et travailler, a souligné Suzuki. On ne veut pas simplement finir la saison et rentrer à la maison. Quand on gagne et que l’on connaît du succès, ça ajoute à l’énergie et à la passion. On ne veut pas être une équipe qui abandonne avant la fin. »

Si le capitaine l’explique verbalement aux médias, jour après jour, il n’a probablement pas besoin d’y aller de discours enflammés dans le vestiaire. Son jeu parle de lui-même. 

Suzuki a profité du passage des Flyers pour atteindre le plateau des 30 buts pour la première fois de sa carrière. Il a aussi amassé une aide et s’est fait refuser une 31e réussite en fin de match pour bâton élevé. Il totalise tout de même 69 points en 72 matchs, son plus haut total dans la LNH.

« Je suis vraiment heureux pour lui et je suis content de faire partie de ses succès », a dit Juraj Slafkovsky, qui a amassé un point dans un neuvième match de suite. « C’est vraiment plaisant de voir son niveau de confiance. Nick est notre meilleur joueur et j’aime voir ça. »

Par son implication aux deux bouts de la patinoire et les missions qu’il remplit avec succès, Suzuki montre la voie à suivre à ses jeunes coéquipiers. Il leur prouve qu’il peut monter la garde contre des adversaires de qualité, un bon signe pour une équipe qui semble avoir de grandes ambitions pour les années à venir.

« Ce soir, c’était la guerre sur la glace, a constaté un Slafkovsky émerveillé. Tout le monde se frappait tout le temps. On bâtit notre jeu pour être une équipe qui connaîtra du succès en séries quand nous y parviendrons. On a juste besoin de plus de matchs comme celui-ci. »

Le Slovaque et ses comparses seront servis dans les prochains jours, puisque leurs cinq prochains adversaires ont pas mal tous leur billet en poche pour la danse du printemps, à commencer par les Hurricanes de la Caroline, qui seront en ville samedi.

Fin de soirée gâchée

Les partisans scandaient le nom de « Primeau! Primeau! » et l’avaient ovationné pendant la dernière pause publicitaire. Ils étaient prêts à célébrer le troisième jeu blanc consécutif du jeune gardien au Centre Bell quand le malheur a frappé.

Owen Tippett a jeté un léger froid dans l’amphithéâtre en le déjouant avec 1:01 à faire au match, l’empêchant de réussir cet exploit. Il faut dire qu’après deux buts refusés et un poteau en troisième, les Flyers étaient dus.

« Les Dieux du hockey étaient de mon côté un peu », a rigolé l’Américain, qui ne semblait pas trop déçu après ses 29 arrêts. « Je ne me suis pas laissé déranger par les reprises vidéo. Ils sont difficiles à affronter et les gars ont fait du bon travail devant moi pour réduire leurs chances. »

Point positif, ç’aura permis à Jesse Ylönen d’être crédité du but gagnant. Le Finlandais n’avait pas marqué depuis le 16 novembre, une disette de 44 matchs.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 9

Avec une aide sur le but de Suzuki, Slafkovsky a amélioré le record qu’il détenait déjà en prolongeant à neuf sa série de matchs avec au moins un point. Il est le seul à avoir connu une séquence du genre dans la glorieuse histoire du CH avant l’âge de 20 ans.

« Je ne fais que m’échauffer », a-t-il lancé avec sa candeur habituelle au sujet de sa progression.

Sans la technologie…

Désespérément en quête d’un but pour réduire l’écart en troisième période, les Flyers ne se sont pas butés à Primeau, mais à la technologie. Ils ont réussi à déjouer le gardien à deux reprises en un peu plus de quatre minutes, chaque fois pour voir les officiels refuser leur but à l’aide de la reprise vidéo.

Garnet Hathaway a poussé la rondelle au fond du filet avec son patin à la première occasion, puis les Canadiens ont contesté leur deuxième « but » pour hors-jeu, ce qui a été confirmé. « Je suis sûr que la patience de Torts a été testée, mais ce sont les règles », a lâché St-Louis avec un sourire en coin.

Les Dieux du hockey ont rééquilibré les choses avant la fin du match, puisque Suzuki s’est fait refuser un but marqué avec le bâton plus haut que la hauteur permise.

Toujours parfaits

Depuis le but gagnant inscrit par Leon Draisaitl en prolongation, mardi dernier, l’unité de désavantage numérique des Canadiens a été parfaite en 14 déploiements. Face aux Flyers, elle a écoulé quatre pénalités sans trop de problèmes malgré les craintes exprimées par Jake Evans en matinée.

« Vous allez nous lancer un mauvais sort, avait-il lancé aux journalistes à la blague. Nous sommes heureux de notre tenue. Ç’a été un problème frustrant en début de saison et nous avons beaucoup travaillé là-dessus. On a appris sur le tas, mais on est plus déterminés à bloquer des tirs et à coupe les lignes de passes. »

Des fleurs à la Torts

John Tortorella est heureux de la progression de l’ancien du CH Ryan Poehling, et il lui a lancé des fleurs à sa façon lors de son point de presse matinal. À sa première saison avec les Flyers, l’attaquant américain a disputé 69 matchs, inscrit 10 buts et récolté 25 points – tous des sommets personnels.

« Son jeu s’est amélioré au cours de la saison, a amorcé le pilote. J’aime sa vitesse. Il ne fait rien d’excellent sur la glace. Il n’est pas excellent en échec-avant, mais il peut le faire. Il n’est pas un excellent marqueur, mais il peut marquer. J’aime la constance dans son jeu. »