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ST. PAUL, Minnesota – Frédérick Gaudreau sourit dans le vestiaire du centre d’entraînement du Wild du Minnesota en détachant ses patins avec Marc-André Fleury qui range son masque et ses jambières à ses côtés. Les deux Québécois parlent dans leur langue maternelle sous le regard de quelques journalistes du Minnesota qui ne comprennent pas un seul mot. 

La scène reste bien légère. Il s’agit de deux coéquipiers qui ont du plaisir à la sortie d’un entraînement d’une soixantaine de minutes à St. Paul, au Minnesota, où à l’extérieur de l’édifice l’hiver a choisi de se repointer le nez avec un froid glacial et une petite bordée de neige. 

Gaudreau n’a pas toujours eu le sourire dans le visage cette saison. À sa première saison d’un pacte de cinq ans et 10,5 millions $, le numéro 89 n’est pas l’ombre de lui-même. Du moins sur le plan des statistiques offensives. 

Après deux saisons de 44 et 38 points avec le Wild, il n’a que 14 points (quatre buts, 10 passes) en 58 matchs à son compteur. 

« Oui, c’est une saison plus difficile à vivre pour moi, a reconnu Gaudreau en entrevue à LNH.com. Je ne m’en cacherai pas. Mais il y a aussi des opportunités dans des moments plus pénibles. Je peux découvrir encore plus profondément quel genre d’individu je suis. Pour moi, ma mentalité ne change pas. J’ai toujours adoré jouer au hockey et c’est toujours le cas. Je fais face à de l’adversité. Il s’est passé un paquet de petites choses. J’ai manqué des matchs. J’ai traîné une blessure pratiquement toute la saison. Il y a eu le congédiement de Dean Evason. Ça reste des choses qui arrivent au hockey. Je ne veux pas m’en servir comme des excuses. » 

Âgé de 30 ans, Gaudreau sait qu’il aura le temps de remonter la pente. 

« Une carrière de joueur ne peut pas se dérouler toujours en ascension, a-t-il répliqué. Quand il y a des moments plus difficiles, tu dois apprendre à vivre avec et en retirer des leçons. Je dois trouver des façons de m’améliorer. Les gens regardent juste les statistiques. Ça devient plus facile de juger. Mais j’analyse une saison sur plusieurs aspects. Je veux garder un esprit positif et oublier les distractions même si je fais face à de l’adversité. Oui, c’est difficile. Mais il en ressortira aussi de bonnes choses. »

Une blessure aux côtes

S’il y a un joueur au sein du vestiaire du Wild qui peut lui remonter le moral, c’est bien Fleury. Avec plus de 1000 matchs derrière la cravate, le gardien de 39 ans a déjà frappé son lot d’obstacles et il peut partager ses expériences avec son bon ami. 

« Fred prend l’équipe à cœur, a souligné Fleury. Il veut bien faire, il veut aider l’équipe et bien jouer. Je sais qu’il trouve ça dur. Ça lui fait mal. Il y a des joueurs qui peuvent s’en soucier moins, mais pas un gars comme Fred. Il est un bon joueur et un bon coéquipier. Il aimerait recommencer à jouer comme il le désire. Il a eu des blessures. Il avait mal aux côtes. Ce n’est pas une blessure facile puisque tu as toujours le sentiment de manquer de souffle. » 

« Je me doute qu’il ne veut pas se servir de cette blessure comme une excuse, a-t-il continué. Il a son orgueil et c’est normal. Il rebondira. Je ne suis pas inquiet pour lui. Fred est un gars qui lit bien le jeu, il travaille fort et il se sacrifie pour le bien de l’équipe. Il s’en sortira. »

Fleury connaît bien son coéquipier. En entrevue, Gaudreau a refusé de ressortir l’incident contre Ryan Reaves au deuxième match de la saison contre les Maple Leafs de Toronto. Reaves l’avait frappé dans son angle mort alors qu’il décochait un tir au but. 

« Non, je n’ai pas réussi à être en parfaite santé cette saison, a timidement répliqué l’attaquant du Wild. Mais comme je le dis, ça fait partie du hockey. Il n’y a personne qui passe une saison au complet sans se blesser. »

Gaudreau avait joué les quatre matchs suivants du Wild après la violente mise en échec de Reaves, mais il avait fini par s’absenter pour dix rencontres entre le 26 octobre et le 18 novembre.

À l’instar de Fleury, John Hynes garde un œil sur la santé de son joueur pour expliquer son rendement. 

« C’est vrai qu’il s’agit d’une saison difficile pour lui, a expliqué l’entraîneur-chef. Mais les blessures font aussi partie de l’équation. Il a joué plusieurs matchs malgré différents bobos. Je sais qu’il aimerait revenir à son niveau de jeu des dernières années. J’aime le fait qu’il travaille très fort pour se relever. Il cherche des solutions. C’est important. Je m’attends à voir de belles choses pour lui dans le futur en raison de son caractère et son dévouement. Il y a parfois des saisons pénibles dans une carrière. »

Sur le plan contractuel, Gaudreau n’a pas à convaincre son directeur général, Bill Guerin. Il a déjà cette assurance avec quatre autres saisons en poche. 

« Ça représente une distraction en moins, a-t-il convenu. Mais contrat ou pas de contrat, tu dois bien jouer dans la LNH. C’est une ligue de performance. L’organisation reste aussi consciente de ma réalité. Les stats sont un X ou un Y, mais il y a d’autres éléments à regarder. Pour gagner un match, il y a un paquet de détails à l’extérieur des buts et des passes. Je désire être un joueur qui peut aider un peu partout au sein de la formation. Je me promène à l’aile et au centre cette saison. L’équipe voit ça aussi en moi. »

À ses deux dernières saisons au Minnesota où il a marqué 19 et 14 buts, Gaudreau avait conservé un taux de réussite de 13,8 pour cent et 10,6 pour cent sur ses tirs. Cette année, il est à 4,2 pour cent avec quatre buts en 95 tirs. Il y a dans cette statistique une partie de la réponse pour expliquer baisse de sa production. Mais encore une fois, le joueur originaire de Bromont s’éloigne des excuses faciles.

« C’est une question de confiance. Je n’ai pas toujours des tirs du bon endroit, je ne regarde pas trop cela. Mais quand tu marques plus régulièrement, tu es envahi par une énergie positive. Ce n’est pas mon cas cette année. Moins tu marques, plus tu t’éloignes. C’est à moi de regagner cette confiance. »