Holland au Temple de la renommée grâce à la persévérance et l'adaptation
L'ancien DG des Red Wings a remporté la Coupe malgré un roulement de joueurs important et l'arrivée du plafond salarial
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« Je me souviens avoir apporté la Coupe Stanley à la maison au cours de ma journée avec elle », a raconté celui qui était à l'époque, soit en juillet 1997, adjoint au directeur général des Red Wings de Detroit. « Chez moi pour déjeuner, il y avait ma mère, mon père et moi, avec la Coupe Stanley sur la table de la cuisine entre nous trois.
« Le sport occupe une place importante dans notre famille. La Coupe Stanley représentait la culmination d'une vie entière de travail. Je suis très chanceux d'avoir pu participer à quatre conquêtes. C'est difficile d'avoir son nom sur ce trophée. Alors de le voir trôner sur notre table de cuisine, avec tout ce que ça signifie dans le monde du hockey, c'était vraiment un moment spécial. »
La fierté et la gratitude ne sont que quelques-unes des émotions qu'a ressenties Holland en route vers le Temple de la renommée. Un sain mélange de passion, de concentration, de foi, de travail acharné et un appel qui l'a empêché de devenir un vendeur d'aspirateurs ont parsemé son parcours, un parcours qui s'est amorcé en tant que jeune athlète enthousiaste et qui s'est poursuivi en tant que gardien dans les rangs juniors et professionnels, dépisteur, adjoint au directeur général dans la LNH et directeur général dans la LNH. Le tout agrémenté de quatre conquêtes de la Coupe Stanley avec les Red Wings de Detroit.
Holland sera intronisé dans la catégorie des bâtisseurs, en compagnie des joueurs Marian Hossa, Jarome Iginla, Kevin Lowe, Kim St-Pierre et Doug Wilson au sein de la cuvée 2020.
Le dirigeant de 65 ans natif de Vernon, en Colombie-Britannique, est le directeur général des Oilers d'Edmonton depuis le 7 mai 2019. Auparavant, il a occupé le poste d'adjoint au directeur général de Detroit Jim Devellano pendant trois ans (1994-97) avant de devenir le DG des Red Wings pendant 22 ans, rôle dans lequel il a soulevé la Coupe à trois autres reprises.
Holland assure que ses aptitudes en gestion lui viennent de son père, Rienie. Ce dernier a pendant longtemps travaillé comme camionneur, mais s'est aussi illustré à titre d'administrateur, de responsable, de gérant et de coordonnateur dans des ligues sportives locales de toutes sortes.
« J'ai tellement appris de mon père, a affirmé Holland. Tout a commencé lorsque j'ai regardé mon père organiser des trucs. »
La mère de Holland, Adeline, que tout le monde appelait Lee, a donné à son fils ainé le soutien inconditionnel comme le font toutes les mères aimantes, et elle a joué un rôle central lorsqu'il s'est retrouvé à la croisée des chemins sur le plan professionnel en mai 1985. Cet événement s'est produit environ une semaine après que Devellano eut appelé Holland, qui était alors un gardien de 29 ans évoluant dans les rangs mineurs, pour lui dire que les Red Wings n'allaient pas renouveler son contrat de 30 000 $ par saison.
Holland, son épouse Cindy, ainsi que leurs trois enfants, tous âgés de moins de 4 ans, sont donc partis de Glens Falls, dans l'État de New York, où il avait terminé la saison dans la Ligue américaine de hockey avec Adirondack, pour retourner à Vernon. Ils ont habité dans le sous-sol de ses parents en attendant de trouver un endroit où s'installer.
Comme elle avait hâte que son fils planifie son avenir, Adeline lui a montré une offre d'emploi pour devenir vendeur d'aspirateurs.
« Depuis deux ans, je jonglais avec l'idée de retourner à l'école pour aller chercher un diplôme, a-t-il expliqué. Elle n'aimait pas trop cette idée, elle m'a dit que c'était ma responsabilité de mettre de la nourriture sur la table. J'ai donc appelé, et l'emploi était toujours disponible.
« Elle m'a dit : "Tu connais plein de gens à Vernon, tu es très doué pour parler aux gens et tu vas vendre un très bon produit". Avant que je puisse répondre, elle a dit qu'elle allait être celle qui me ferait faire ma première vente. Elle a ensuite parlé à grand-mère Eastbrecht, qui habitait à cinq maisons de chez elle sur la 23e rue. Elle allait m'acheter mon deuxième aspirateur.
« Je savais qu'il n'y avait pas vraiment de demande pour un gardien des rangs mineurs de 29 ans mesurant 5 pieds 8 pouces. J'ai toutefois songé que j'allais devoir commencer à faire du porte-à-porte, et je ne savais pas si j'étais vraiment fait pour ça. »
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Le sérieux de Holland et ses relations dans le monde du hockey l'ont sauvé d'une vie passée à faire du porte-à-porte, quelques jours plus tard.
Devellano l'a rappelé avec une question, plutôt qu'avec une offre. Est-ce que Holland serait ouvert à l'idée de prendre sa retraite comme joueur pour devenir dépisteur pour Detroit dans l'Ouest canadien, même s'il n'avait jamais agi comme dépisteur auparavant?
« Nous avions besoin de quelqu'un, et le dernier gars à qui j'aurais pensé était le gardien que je venais tout juste de libérer, a raconté Devellano. Mais [l'entraîneur d'Adirondack] Bill Dineen m'a appelé pour me dire "J'ai la personne qu'il te faut, Ken Holland". J'ai été poli, mais j'avais des doutes. Bill a assuré qu'il allait accepter le poste en raison de son intérêt. Je devais toutefois l'entendre de la bouche de Ken, qu'il comprenait les exigences de ce poste, qu'il allait devoir conduire un peu partout dans l'Ouest loin de sa jeune famille pendant de longues périodes. »
Holland a accepté l'emploi. Devellano lui a dit qu'il allait être à l'essai pendant un an, mais il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour se rendre compte que Holland était un naturel.
« J'ai commencé à appeler Ken un peu plus souvent, a noté Devellano. Je pouvais dire qu'il était un homme de hockey. Ça se sentait dans nos conversations. Il était à jour sur tous ses dossiers, il était très bon avec les gens, et c'est encore le cas aujourd'hui. Je dirais qu'à sa deuxième ou sa troisième année avec nous, je savais qu'il avait du potentiel, et je n'ai pas hésité à lui donner une promotion lorsque Neil (Smith) a rejoint les Rangers (à titre de DG en 1989). Je lui ai dit qu'il pouvait encore grimper les échelons. Je ne voulais pas lui imposer de limite. »
Holland a été promu directeur du dépistage lorsque Smith est parti, puis adjoint au directeur général en 1994. Deux ans après son entrée en poste dans ces fonctions, Devellano a expliqué avoir reçu des appels en très peu de temps de la part des Blues de St. Louis et des Panthers de la Floride afin d'avoir la permission de discuter avec Holland au sujet de leur poste de DG. Il ne voulait pas que les Red Wings perdent Holland, alors il a mis en place le plan de sa propre succession et Holland a été promu directeur général après la conquête de la Coupe Stanley de l'équipe en 1997.
L'ère gagnante de Detroit s'est poursuivie sans interruption. Les Red Wings ont remporté une deuxième Coupe en 1998. Deux autres ont suivi en 2002 et en 2008 et les succès de l'équipe n'ont pas été affectés par les nombreux changements au sein de la formation. Seulement cinq joueurs ont fait partie des quatre éditions championnes entre 1997 et 2008 : Niklas Lidstrom, Kris Draper, Tomas Holmstrom, Darren McCarty et Kirk Maltby.
Les Red Wings ont gagné avec une liste de joueurs chèrement payés. Ils ont réduit la somme des salaires de 80 à 39 millions $ après que la LNH eut instauré le plafond salarial en 2005 et ont tout de même continué à gagner. Quand ils ont finalement raté les séries éliminatoires en 2017, ils étaient à la dernière équipe à ne pas se qualifier pour le tournoi printanier depuis l'introduction du plafond salarial. Cette élimination a mis fin à une séquence de 25 présences consécutives en séries - les 19 dernières avec Holland à titre de directeur général. Lorsqu'il a quitté pour rejoindre les Oilers, Holland avait passé 36 ans dans l'organisation des Red Wings.
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Quand les Oilers ont défait les Ducks d'Anaheim 6-5 le 19 octobre, il est devenu le cinquième DG de l'histoire à obtenir 1000 victoires en saison régulière après David Poile (1,453), Lou Lamoriello (1,330), Glen Sather (1,319) et Harry Sinden (1,170). (en date du 5 novembre)
« Je pense que Kenny est un des meilleurs dirigeants de tous les temps », a estimé Poile, qui est le directeur général des Predators depuis 1997. « Il a une superbe personnalité, il est quelqu'un d'optimiste, amusant en tout temps, honnête, et c'est facile de faire affaire avec lui. Il va droit au but. Il n'y a pas de demi-mesure ou d'horaire. J'aime chaque conversation que j'ai avec lui.
« Il a eu de très bons mentors en cours de route. Quelqu'un qui avait fait ce qu'il fait. Et ça peut paraître stupide à dire, mais je pense qu'il a porté attention à cela en cours de route. »
Holland est le premier à le reconnaître.
Il surnommait cela « le Harvard du hockey », travaillant sous la direction de Devellano et l'entraîneur Scotty Bowman lorsqu'il est devenu adjoint au DG et a déménagé à Detroit en 1994.
« Ces gens ont eu le plus gros impact sur ma carrière », a-t-il précisé.
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Mais il y en a une multitude d'autres et Holland a compilé une liste de noms à qui envoyer des mots de remerciements et de personnes à appeler.
« Pendant deux ans, si Jack [Shupe, son entraîneur dans le junior à Medicine Hat] n'avait pas cru en moi, je n'aurais jamais eu de carrière professionnelle, a dit Holland. Si Bill Dineen n'avait pas cru en moi, je n'aurais pas eu de carrière de dépisteur. Si Neil Smith et Jim Devellano n'avaient pas cru en moi, je ne serais jamais devenu directeur général des Red Wings de Detroit. Alors quand je regarde ma carrière, je réalise que grâce à ces gens qui ont cru en moi, j'ai pu avoir l'occasion de connaître du succès. C'est ma mentalité en tant que directeur général, croire aux gens. »
Holland était âgé de 19 ans lorsqu'il a été sélectionné au 188e rang par les Maple Leafs de Toronto en 1975. Il a joué neuf saisons dans les rangs professionnels dans les organisations des Whalers de Hartord et de Detroit et a disputé quatre matchs dans la LNH, un avec les Whalers en 1980 et trois avec les Red Wings en 1984.
Il avait besoin de cette force de conviction pour continuer après avoir disputé son premier match dans la LNH contre les Rangers au Madison Square Garden le 16 novembre 1980, une journée marquée par des hauts et des bas.
L'attaquant des Rangers Anders Hedberg a marqué trois buts contre lui, un à chaque période, et les Whalers se sont inclinés 7-3.
« Après la première période, c'est 1-0 pour les Rangers, j'avais fait quelques bons arrêts et je me sentais bien, s'est souvenu Holland. Je suis assis dans le vestiaire durant l'entracte et je me dis "Ken, tu as enfin [atteint ton but]". Je me sentais comme un gardien de la LNH. En deuxième période, les Rangers ont décoché 21 lancers et ont marqué quatre buts. C'est 5-1 pour les Rangers après deux périodes et je me souviens m'être dit "Ken, tu ne joueras plus jamais dans la LNH alors savoure et apprécie le moment en troisième période". »
Le gardien réserviste des Whalers ce soir-là, John Garrett, se souvient de s'être dit que Holland avait été jeté dans la gueule du loup. Hartford, qui a montré une fiche 21-41-18 cette saison-là, avait perdu 8-4 à domicile contre les Capitals de Washington la veille.
« Chaque fois qu'une rondelle rentrait, il avait un regard désespéré, a dit Garrett. En réalité, il a été incroyable, mais nous n'étions pas vraiment bons. Ils pensaient que c'était en raison de la situation devant le filet, mais même Turk Broda à son apogée n'aurait pas pu aider cette équipe. »
L'intronisation de Holland au Temple de la renommée surviendra une journée après le 41e anniversaire de ce match.
« Ça part de ce match et maintenant vous me demandez de faire mon entrée au Temple de la renommée. Il y a beaucoup d'émotions alors que je me remémore les gens qui ont contribué à tout cela, a-t-il lancé. Tellement de gens impliqués sur la glace comme en dehors, sans qui rien de tout ça n'est possible. Je pourrais nommer des gens sans arrêt. Pour être reconnu comme bâtisseur, tu dois être entouré de personnes talentueuses sur la glace et en dehors de la glace. Je ne suis pas plus intelligent qu'un autre. Je ne suis qu'un petit gars de Vernon, en Colombie-Britannique, qui a vécu de sa passion et qui s'est fait offrir des occasions grâce aux gens qui ont cru en lui.
« Et ça prend un peu de chance en cours de route. »