New York Rangers Igor Shesterkin april 15

GREENBURGH, New York - Igor Shesterkin regardait droit devant lui, parlant à voix basse et avec peu de mots, certains d'entre eux inaudibles. Il ne riait pas comme il le fait habituellement quand il effectue des entrevues en anglais. Il ne souriait pas. Il n'y avait aucune autodérision, aucune blague.

Cette scène s'est déroulée samedi matin après une séance d'entraînement de presque une heure au complexe d'entraînement des Rangers de New York. À trois jours et demi du début du match no 1 de la série de première ronde dans l'Association de l'Est, opposant les Rangers aux Devils du New Jersey au Prudential Center (19 h HE; TVAS2, SN360, TBS), le gardien des New-Yorkais semblait déjà en mode séries.
« Tu peux voir la concentration dans ses yeux, a noté le défenseur K'Andre Miller. Il apporte cette intensité à la patinoire. Ça veut tout dire. C'est ce que tu veux voir de ton gardien partant.
« Franchement, c'est effrayant. Quand il entre dans ce mode, lorsqu'il est concentré à ce point, il est le meilleur gardien du monde. Ses aptitudes sont incroyables, et au cours du dernier mois, il est parvenu à élever son jeu à un tout autre niveau. Ça semble difficile à faire, mais il est spécial. »
Les Rangers font bien devant Shesterkin depuis un bon moment, mais la chose qui pourrait le plus les aider à connaître un autre long parcours en séries éliminatoires de la Coupe Stanley, c'est le fait qu'au cours des sept dernières semaines, leur gardien a excellé derrière eux.
Shesterkin amorcera les séries au sommet de son art, lui qui offre ses meilleures performances de la saison.
Il a entamé 16 des 23 derniers matchs des Rangers en saison régulière, compilant une fiche de 12-3-1 avec une moyenne de buts alloués de 1,98, un pourcentage d'arrêts de ,934 et deux blanchissages.
Depuis sept semaines, Shesterkin ressemble au Shesterkin de la saison dernière, quand il a remporté le trophée Vézina, remis au meilleur gardien dans la LNH, et quand il a fini troisième au scrutin pour le trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe, à la suite d'une campagne de 36-13-4 avec une moyenne de 2,07, un taux d'efficacité de ,935 et six jeux blancs.
Après cette fructueuse saison régulière, il a enchaîné avec une solide performance en séries éliminatoires, affichant un dossier de 10-9 avec une moyenne de 2,59 et un taux d'efficacité de ,929 pour mener les Rangers jusqu'au match no 6 de la finale de l'Association de l'Est avant de baisser pavillon devant le Lightning de Tampa Bay.
Shesterkin et les Rangers croient qu'ils peuvent aller plus loin cette saison.
« Au début de la saison, je ne jouais pas si mal, a affirmé Shesterkin. Au milieu de la saison, j'ai connu un passage à vide, puis j'ai tenté de retrouver mon jeu. Je crois l'avoir retrouvé et j'espère maintenir le rythme. »
Shesterkin connaît évidemment bien son jeu, parce que son auto-évaluation frappe en plein dans le mille.
Il présentait une fiche de 9-2-3 avec une moyenne de buts alloués de 2,34 et un pourcentage d'arrêts de ,917 en 14 départs en date du 19 novembre. Il était solide, mais les Rangers connaissaient des difficultés devant lui.
Puis Shesterkin a connu une période difficile.
Il a cédé 15 buts en quatre départs du 26 novembre au 5 décembre. Il a notamment assumé tout le blâme après une défaite de 5-3 aux mains des Devils au Madison Square Garden le 28 novembre.
« Le gardien a joué un autre match [pourri], a résumé Shesterkin ce soir-là. Je me sens tellement mal, et j'ai joué tellement mal joué. J'ai honte. »
Il n'a pas été demandé à Shesterkin de revivre ce moment, mais il lui a été demandé s'il savait comment tout ça avait pu arriver.
« Je me suis simplement perdu », a-t-il répliqué.
Il a ensuite accordé quatre buts lors des deux premières périodes contre les Blues de St. Louis au Garden le 5 décembre. Les Rangers sont venus de l'arrière en troisième période pour le sauver, signant une victoire de 6-4 qui aura été le tournant de leur saison.
Le gardien a connu une belle lancée par la suite. Et sans surprise, les Rangers ont aussi repris du poil de la bête.
Shesterkin a compilé une fiche de 10-4-3 avec une moyenne de 2,22 et un pourcentage d'arrêts de ,926 du 7 décembre jusqu'à la pause du Match des étoiles.
« Je ne crois pas que c'est surprenant qu'il ait élevé son jeu, et que notre nombre de victoires et de points aient fait de même, a commenté l'attaquant Jimmy Vesey. Nous sommes gâtés avec lui. »

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Shesterkin a toutefois connu des déboires après la pause. Il a conservé une fiche de 4-2-0 lors de ses six premiers départs, mais avec une moyenne de 4,00 et un taux d'efficacité de ,852.
Les Rangers ont entretemps apporté d'importants changements à leur formation, faisant l'acquisition de l'attaquant Vladimir Tarasenko et du défenseur Niko Mikkola des Blues de St. Louis, puis de l'attaquant Tyler Motte des Sénateurs d'Ottawa. Ils étaient aussi sur le point d'acquérir l'attaquant Patrick Kane des Blackhawks de Chicago.
Ils avaient besoin d'un meilleur rendement de Shesterkin, et il le savait.
« J'avais perdu mes moyens, alors je devais relaxer, a-t-il dit. J'ai laissé mon esprit se détendre et j'ai commencé à faire ce que je devais faire. C'est comme marcher, tu n'as pas besoin de penser à la jambe que tu dois bouger. »
Avec un Shesterkin qui réagit sans y réfléchir, qui réalise les arrêts qu'il doit faire en plus de plusieurs autres que d'autres cerbères auraient 50 pour cent des chances de réussir, les Rangers entament les séries avec la confiance nécessaire pour pouvoir réaliser quelque chose d'exceptionnel.
Il n'a pas cédé plus de trois buts dans 15 de ses 16 derniers départs, incluant 11 départs avec deux buts alloués ou moins.
« Il est sur une lancée récemment, a souligné le défenseur Ryan Lindgren. L'année dernière, il a affiché des statistiques historiques, et c'était très difficile de les reproduire. Mais il semble qu'au cours des deux derniers mois, il a élevé son jeu à un autre niveau. C'est évidemment une très bonne chose pour nous. »