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La cérémonie d’intronisation au Temple de la renommée du hockey aura lieu le 13 novembre. La cuvée 2023 inclut Henrik Lundqvist, Tom Barrasso, Pierre Turgeon, Mike Vernon, Caroline Ouellette, Ken Hitchcock et Pierre Lacroix. Le chroniqueur de NHL.com Dave Stubbs dresse aujourd’hui le portrait de Hitchcock.

Cette histoire, Ken Hitchcock se la fait rappeler depuis toujours. Celle selon laquelle il aurait aiguisé des centaines et des centaines de paires de patins dans un magasin d’équipements sportifs d’Edmonton, où il travaillait, et que sa carrière dans le hockey s’est amorcée avec des flammèches, des vraies.

Cette fois, Hitchcock veut que la vérité sorte. Il n’a jamais été très bon dans cette tâche.

« Les seules fois où j’aiguisais des patins, c’était les samedis parce que le magasin était rempli, a-t-il raconté dans une entrevue récemment. « C’était pour donner aux gars qui s’occupaient de la machine une pause. »

C’est fort possiblement la seule tâche reliée au hockey où Hitchcock n’a pas excellé.

Entraîneur, conseiller, confident, motivateur, enseignant, champion.

Hitchcock_2012_JackAdams

Hitchcock fera son entrée dans la section des bâtisseurs du Temple de la renommée du hockey lundi, avec comme réputation celle d’un homme humble, extrêmement populaire et dont l’impact dans le monde du hockey s’est fait sentir à presque tous les niveaux.

« C’est un magnifique honneur », a lancé Hitchcock en juin après avoir reçu l’appel du président du Temple, Lanny McDonald, et du président du comité de sélection, Mike Gartner.

« C’est incroyable de recevoir un tel honneur pour un gars qui a commencé sa carrière en dirigeant des enfants. »

Après avoir amorcé sa carrière au niveau junior B et au hockey féminin à Edmonton, Hitchcock a fait le saut dans le midget AAA, puis avec les Blazers de Kamloops de la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL), où il a connu beaucoup de succès dans les années 1980.

Il a par la suite parfait son art dans la Ligue internationale de hockey, avant de passer 22 saisons dans la LNH, avec cinq équipes différentes, de 1995 à 2019. Le pilote de 71 ans a remporté 849 matchs, au quatrième rang de l’histoire, au cours d’une carrière de 1598 parties. Ses plus grands moments ont été lorsqu’il a remporté la Coupe Stanley avec les Stars de Dallas en 1999 ainsi que lorsqu’il a obtenu le trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur-chef de l’année dans la LNH, avec les Blues de St. Louis en 2011-12.

Il a participé aux séries éliminatoires 14 fois.

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Hitchcock a aussi agi comme entraîneur-chef ou entraîneur associé au niveau international pour le Canada au Championnat du monde de la FIHG, au Championnat mondial junior, à la Coupe du monde de hockey ainsi que pour quatre Jeux olympiques. Il a remporté la médaille d’or lors des Jeux de 2002, 2010 et 2014.

Le premier modèle de Hitchcock a été son père Ray, qui est décédé du cancer alors que son fils avait seulement 14 ans. En plus de travailler pour la Imperial Oil, Ray s’occupait du hockey mineur à Edmonton, et a dirigé les équipes de niveau midget et juvénile dans les quartiers Ottewell et Holyrood.

À titre de responsable de la patinoire extérieure, Ray devait s’occuper d’un peu tout, et il avait son enthousiaste fils qui le suivait de près.

« C’est à ce moment que j’ai appris tout le travail qui est nécessaire pour jouer au hockey, s’est souvenu Hitchcock. Les règlements du sport, comment fabriquer la glace, la nettoyer, organiser des entraînements et diriger des équipes.

« Je suivais mon père partout et tout le temps, a-t-il raconté. Quand je repense à ces heures et à l’éthique de travail qui était nécessaire d’avoir, ça m’a vraiment aidé à comprendre à quel point il faut être impliqué pour diriger une patinoire et une équipe, et à quel point c’est prenant. Ça m’a fait comprendre qu’il fallait beaucoup travailler si tu veux connaître du succès.

« Quand j’ai commencé à diriger, je sentais que, parce que je n’avais jamais joué dans la LNH, je devais tout faire en mon possible pour convaincre les joueurs que je connaissais mon affaire. Je voulais toujours m’éduquer, et parfois, il m’arrivait de me faufiler (dans l’aréna) afin d’assister aux séances d’entraînement des Oilers d’Edmonton à leurs débuts. »

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Après deux années avec l’équipe junior B de Sherwood Park, Hitchcock a gradué avec l’équipe midget AAA du programme. Il a remporté 575 matchs et n’en a perdu que 69 durant cette période.

Des succès qui ont retenu l’attention jusqu’en Colombie-Britannique. Les Blazers étaient à la recherche d’un entraîneur, et ils ont invité Hitchcock à venir passer une entrevue.

« Apporte ton curriculum vitae », lui a-t-on dit.

Chose que Hitchcock n’avait pas. Il s’est donc rendu dans un magasin de l’aéroport d’Edmonton afin d’acheter du papier, et il a par la suite écrit cinq pages à la main sur le vol, en utilisant des statistiques qui avaient été compilées par un membre du programme de Sherwood Park.

Ken Hitchcock resume

Il a finalement été embauché. Il se croyait prêt à faire le saut dans les rangs juniors majeurs. Du moins, il le pensait.

« J’étais vraiment prêt pour ce qui est du coaching, mais je ne l’étais absolument pas pour le style de jeu de la WHL et le fonctionnement de la ligue. Je ne connaissais rien, s’est souvenu Hitchcock. J’ai été chanceux de pouvoir compter sur un groupe de joueurs expérimentés, dont plusieurs sont encore mes amis aujourd’hui, qui m’a guidé lors des deux ou trois premiers mois de la saison.

« J’avais dirigé pendant 12 ans au niveau midget, et durant cette période, mon équipe avait eu un combat. Lors de mon premier match préparatoire à Kamloops, après le premier 10 minutes du match, il ne restait qu’un joueur, le gardien auxiliaire et moi sur le banc. Ça m’a ouvert les yeux. Je me demandais dans quoi je venais de m’embarquer.

« Tout ce que nous avons fait durant ces six années à Kamloops, c’est gagner (291 victoires, 125 défaites, 15 nulles). Nous avions un excellent DG en Bob Brown et un groupe incroyable de dépisteurs. Au niveau junior, nous étions une coche au-dessus de tout le monde. »

Hitchcock a permis aux Blazers de gagner le championnat de la WHL en 1985-86 et en 1989-90. Il a été nommé l’entraîneur-chef par excellence de la WHL en 1987 et 1990, année où il a gagné le même honneur au niveau canadien.

La LNH a cogné à la porte. Il s’est joint aux Flyers de Philadelphie en 1990 à titre d’entraîneur adjoint. Après trois saisons, il a obtenu son premier poste en chef chez les professionnels, quand le directeur général des North Stars du Minnesota Bob Gainey lui a offert le rôle avec le club-école de la Ligue internationale de hockey, à Kalamazoo au Michigan. Puis au milieu de sa troisième saison dans les rangs mineurs, Gainey lui a fait signe pour qu’il dirige les Stars, qui avaient depuis déménagé à Dallas.

Hitchcock explique que Gainey a été la figure ayant eu le plus d’influence sur sa philosophie comme entraîneur.

« La plus grande force de Bob, c’est qu’il voyait l’ensemble des choses, a-t-il dit. Il m’a permis de penser à long terme, et ça m’a vraiment aidé comme entraîneur. »

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Hitchcock a mené les Stars à la Coupe Stanley en 1999, à sa troisième saison complète derrière le banc. L’équipe est retournée en finale l’année suivante, s’inclinant en six matchs contre les Devils du New Jersey.

De 2002 à 2019, il a trainé son baluchon chez les Flyers, les Blue Jackets de Columbus, les Blues de St. Louis, les Stars à nouveau pour une saison, avant de compléter son parcours chez les Oilers en 2018-19.

Le hockey est un sport où les statistiques pleuvent, mais Hitchcock est capable d’en repérer une qui veut dire beaucoup pour lui : 22. C’est le nombre d’années où il a été entraîneur dans la LNH. Environ le même nombre de proches l’accompagneront ce week-end lors des festivités du Temple de la renommée.

« Nous sommes dans un sport où on t’engage pour te congédier. C’est comme ça », a-t-il souligné. « Mais j’ai toujours réussi à me trouver un nouvel emploi après avoir été congédié. J’en suis fier. Tu n’es jamais heureux quand on te montre la porte, mais je suis heureux d’avoir pu continuer à trouver du travail et faire ce que j’aime. Il faut croire que pour ces gens, j’étais capable de faire une différence. »

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