ouellette

La cérémonie d’intronisation au Temple de la renommée du hockey aura lieu le 13 novembre. La cuvée 2023 inclut Henrik Lundqvist, Tom Barrasso, Pierre Turgeon, Mike Vernon, Caroline Ouellette, Ken Hitchcock et Pierre Lacroix. Le journaliste de NHL.com Tom Gulitti nous dresse aujourd'hui le portrait de Ouellette.

Caroline Ouellette regarde le parcours qui lui permettra de devenir la 10e joueuse à être intronisée au Temple de la renommée du hockey le 13 novembre et elle se considère chanceuse.

« C’est fou quand je pense à quel point j’ai commencé à jouer sur le tard et que je pense au parcours que j’ai pu connaître. C’est difficile de trouver les mots pour parler de cet honneur qu’on me fait, a affirmé Ouellette. Je suis vraiment chanceuse, je vois à quel point mes parents sont fiers et heureux. Et juste ça, c’est très, très spécial. »

Ouellette a grandi à Montréal en rêvant de jouer pour les Canadiens dans la LNH, mais ce n’est pas avant l’âge de 9 ans qu’elle s’est mise à jouer au hockey, puisque ses parents craignaient qu’elle se blesse. Ils ont éventuellement fini par accepter et sont devenus ses plus grands admirateurs. Sa mère Nicole lui a acheté sa première paire de patins et son père André l’a inscrite dans une équipe masculine, tout en devant son premier entraîneur.

Après avoir joué avec des garçons jusqu’à l’âge de 16 ans, Ouellette est devenue une attaquante de puissance pour qui la combinaison entre le gabarit (5 pieds 11 pouces, 172 livres) et le talent a fait d’elle un pilier de l’équipe nationale féminine du Canada. Elle a remporté quatre médailles d’or aux Jeux olympiques (2002, 2006, 2010, 2014), ainsi que six médailles d’or (1999, 2000, 2001, 2004, 2007, 2012) et six médailles d’argent (2005, 2008, 2009, 2011, 2013, 2015) au Championnat du monde de hockey féminin.

Dans ses quatre présences aux Jeux olympiques, Ouellette a récolté 26 points (neuf buts, 17 passes) en 20 matchs. En 12 championnats du monde, elle a inscrit 68 points (23 buts, 45 aides) en 59 parties. Elle a pris sa retraite en 2018 avec un total de 242 points (87 buts, 155 passes) en 220 rencontres avec l’équipe nationale féminine, au troisième rang de son histoire.

« Elle était dominante », a souligné Danielle Goyette, sa coéquipière sur les équipes olympiques championnes du Canada en 2002 et 2006. « Elle était une bonne patineuse pour sa taille. Elle dominait grâce à son gabarit. Elle était physique. Elle pouvait être employée n’importe où, du premier au quatrième trio, et ça ne l’affectait pas du tout. Elle accomplissait toujours le travail. »

La feuille de route gagnante de Ouellette inclut également la conquête de la Coupe Clarkson à quatre reprises avec les Canadiennes/Stars de Montréal (2009, 2011, 2012, 2017) de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) et un titre dans la division I de la NCAA avec l’Université du Minnesota-Duluth en 2003. Elle a disputé 179 matchs en neuf saisons dans la LCHF (2008-2018) et occupe le deuxième rang à égalité avec Jayna Hefford pour les buts (131), derrière son ancienne coéquipière chez les Canadiennes Noémie Marin (132).

Elle est toujours en troisième place dans l’histoire du Minnesota-Duluth avec 229 points (92 buts, 137 passes) en 97 rencontres, jouées pendant ses trois saisons là-bas (2002-2005).

Ouellette a été intronisée au Temple de la renommée de la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) et au Temple de la renommée athlétique du Minnesota-Duluth plus tôt cette année. À 44 ans, elle va rejoindre les Canadiennes Goyette (2017), Hefford (2018), Angela James (2010), Geraldine Heaney (2013), Hayley Wickenheiser (2019) et Kim St-Pierre (2020), les Américaines Cammi Granato (2010) et Angela Ruggiero (2014), et la Finlandaise Riikka Sallinen (2022), parmi les anciennes joueuses à avoir obtenu leur place au Temple de la renommée du hockey.

« Les autres femmes qui ont été honorées ont toutes été des joueuses de hockey incroyables, des personnes incroyables, a mentionné Ouellette. Même pendant ma carrière, je n’ai jamais vraiment cru que c’était possible, et ce n’est pas quelque chose à quoi je pensais. J’étais tellement dans le moment présent, à la quête du prochain championnat. Je voulais autant gagner les matchs des camps de l’équipe nationale que les matchs contre les États-Unis. Même chose dans la LCHF. C’était mon 'focus', et j’ai adoré chaque seconde que j’ai pu jouer. Mais tu ne penses pas vraiment à ce qui pourrait survenir ensuite. »

La compétitivité de Ouellette l’a motivée tout au long de sa carrière. Sa femme, Julie Chu, a pu le constater en tant qu’adversaire et en tant que coéquipière. Elle l’a affrontée avec les États-Unis dans quatre tournois olympiques et dans de nombreuses compétitions internationales, puis elle a joué avec elle pendant sept saisons à Montréal dans la LCHF.

« La principale chose que j’ai remarquée en jouant contre elle ou avec elle, c’était son degré de compétitivité, a noté Chu. Elle est ce genre de personne qui, dans tout ce qu’elle fait, tente de faire de son mieux. Alors, que ce soit dans un entraînement hors glace, ou dans les aspects où elle avait des faiblesses, elle donnait tout. Ce n’était pas son genre d’hésiter à tenter quelque chose même si elle savait que ce n’était pas sa force.

« Je pense que c’était une de ses grandes qualités, car ça lui a permis de continuer à grandir et à se développer tout au long de sa carrière. »

Ouellette fait mention d’une conversation qu’elle a eue avec la vétérane de l’équipe nationale canadienne France St-Louis à la suite du Championnat du monde 1999 comme du tournant de sa carrière. Elle parlait très peu l’anglais à l’époque et elle s’est tournée vers St-Louis, qui était également québécoise.

« C’était mon premier championnat du monde. Il s’agissait de son dernier et elle était ma co-chambreuse, a raconté Ouellette. Je l’ai plus tard remerciée d’avoir eu le courage de me dire que ma condition physique n’était pas suffisamment bonne. Elle avait raison. »

Motivée par cette conversation, Ouellette a travaillé d’arrache-pied pour devenir l’une des joueuses les plus en forme du Canada, ce qui a établi les standards pour plusieurs de ses coéquipières.

« Je pense que Caroline comprenait que si elle voulait jouer, elle devait travailler un peu plus fort. C’est à ce moment qu’elle est devenue une athlète et c’est pour cette raison qu'elle a joué autant d’années au niveau national », a souligné l’entraîneuse de l’équipe olympique de 2002, Danièle Sauvageau, qui a dirigé Ouellette pour la première fois avec l’équipe des moins de 19 ans du Canada en 1996. « […] Elle a apporté son talent à un autre niveau en travaillant fort, particulièrement en s’assurant d’être en bonne condition physique, plus que n’importe qui d’autre. »

Ouellette n’a pas été sélectionnée pour les Olympiques de Nagano en 1998, quand le Canada s’est incliné en finale contre les États-Unis. Son gabarit, sa force et son talent ont été des facteurs dans la revanche qu’ont prise les Canadiennes aux dépens des Américaines quatre ans plus tard, aux Jeux de Salt Lake City.

Avant cette victoire, le Canada avait perdu huit duels consécutifs contre les États-Unis. Ouellette a rapidement donné le ton en marquant le premier but de la rencontre à 1:45 de la première période dans le gain de 3-2.

« Les États-Unis avaient une grosse équipe, [les filles] étaient physiques. Ce cycle de quatre ans entre 1998 et 2002 avait mis en lumière leur force, et ça expliquait pourquoi elles nous avaient battues en 1998 », a soulevé Cassie Campbell-Pascall, une défenseuse du Canada de 1994 à 2006 qui est aujourd’hui analyste à Sportsnet et à ESPN. « Alors c’était important d’amener des joueuses comme Caro qui étaient des attaquantes de puissance et qui pouvaient composer avec la robustesse du jeu des Américaines. Ç’a joué un rôle important dans ses succès, elle dominait en bas de zone et elle excellait pour mettre de la pression sur leur défensive. »

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