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Presque trente ans se sont écoulés depuis la dernière visite de Marian Hossa au Temple de la renommée du hockey à Toronto.

« J'avais 13 ans », a indiqué Hossa en provenance de Trencin, en Slovaquie, le 2 novembre. « J'avais pris une photo avec la Coupe Stanley. »
L'ancien attaquant de la LNH y retournera maintenant en tant que membre de la cuvée 2020. Hossa, Jarome Iginla, Kevin Lowe, Doug Wilson, Ken Holland et Kim St-Pierre seront intronisés au Temple de la renommée lundi.
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Hossa a été élu à sa première année d'admissibilité.
« J'ai été surpris de la vitesse à laquelle ils m'ont choisi », a admis le Slovaque de 42 ans. « Je sais qu'il y a plusieurs grands noms qui attendent toujours, et ils ont préféré le mien. C'est vraiment tout un honneur pour moi, et je l'apprécie grandement. Je pense que je vais pleinement le réaliser quand je vais me rendre à (Toronto). »
Sélectionné au 12e rang par les Sénateurs d'Ottawa en 1997, Hossa a récolté 1134 points (525 buts, 609 passes) en 1309 matchs avec les Sénateurs, les Thrashers d'Atlanta, les Penguins de Pittsburgh, les Red Wings de Detroit et les Blackhawks de Chicago. Un trouble cutané progressif a mis fin à sa carrière de hockeyeur après la saison 2016-17.
Il a remporté la Coupe Stanley avec les Blackhawks en 2010, 2013 et 2015. Il a également atteint la finale de la Coupe Stanley avec les Penguins en 2008, puis avec les Red Wings en 2009. Il est d'ailleurs le seul joueur de l'histoire à avoir participé à la finale trois années de suite avec trois équipes différentes.
« C'est la constance, non? » a dit l'attaquant des Coyotes de l'Arizona Andrew Ladd, qui a remporté la Coupe avec Hossa en 2010. « Il a été un joueur tellement constant pendant plusieurs années; il devait l'être pour afficher de telles statistiques. C'est facile de regarder les statistiques d'un joueur et de dire qu'il a les chiffres offensifs pour être un membre du Temple de la renommée. Mais d'être capable d'avoir un impact défensivement et offensivement, et de le faire pendant autant d'années comme il l'a fait, c'est quelque chose. »
Hossa a fait ses débuts dans la LNH avec les Sénateurs à l'occasion d'un affrontement contre les Canadiens de Montréal le 1er octobre 1997. Il a inscrit son premier point dans la LNH 11 jours plus tard, quand il a obtenu une mention d'aide sur le but de Randy Cunneyworth dans une défaite de 7-4 contre les Kings de Los Angeles. Il a passé la majorité de la saison 1997-98 avec Portland, dans la Ligue de hockey de l'Ouest (WHL), où il a enregistré 85 points (45 buts, 40 passes) en 53 matchs. Puis, il est devenu un membre à temps plein des Sénateurs en 1998-99, alors qu'il a amassé 30 points (15 buts, 15 passes) en 60 rencontres.

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« Il avait ce petit quelque chose de spécial dès le début », a soutenu l'ancien des Sénateurs Daniel Alfredsson. « Nous avons des personnalités semblables, alors nous nous entendions vraiment bien. Il s'est créé une saine compétition entre nous deux, alors que nous étions deux ailiers droits et deux joueurs qui mettaient l'équipe en avant-plan. Nous nous poussions à nous dépasser quand on évoluait ensemble et nous tentions toujours de nous comparer à savoir lequel serait dans une meilleure forme physique pour le début du camp d'entraînement. Nous avions cette petite compétition, mais nous étions heureux lorsque l'autre connaissait du succès.
« Nous jouions un style très défensif lorsqu'il est arrivé avec nous. Je ne suis pas certain qu'il aimait toujours ça, mais il ne s'en est jamais plaint. Nous n'avions pas une très bonne équipe à son arrivée, mais il nous a aidés à devenir une des meilleures équipes de la Ligue. S'il avait atterri dans une bonne équipe offensive dès le début, ses statistiques auraient été encore plus impressionnantes. Mais il ne s'est jamais plaint, il savait que le succès collectif faisait bien paraître tout le monde et il a simplement fait ce qu'il avait à faire. »
Bien que la production de Hossa soit demeurée constante avec 80 points (45 buts, 35 passes) en 80 matchs en 2002-03 et 82 points (36 buts, 46 aides) en 81 parties en 2003-04, l'ancien gardien des Sénateurs Patrick Lalime a dit avoir apprécié son dévouement envers le jeu défensif.
« Si je pouvais trouver 20 joueurs comme ça, je le ferais », a dit Lalime, analyste des matchs de la LNH pour TVA Sports. « Il avait un très bon sens du hockey, il pouvait lire les jeux. Même dans notre territoire, il était fort le long des rampes. Il sortait toujours avec la rondelle. Il faisait toutes ces petites choses qui faisaient de lui un joueur apprécié, tous ces petits détails auxquels tout le monde ne porte pas attention. Il était bon à ce point-là. »
D'anciens coéquipiers ont dit se souvenir de certains jeux qui faisaient la marque de commerce de Hossa. Entre autres, sa façon de créer une séparation avec les défenseurs adverses.
« Il patinait vers le défenseur et lui mettait la rondelle directement dans les pieds, puis au moment où le défenseur baissait la tête pour une seconde, boum, il était parti et il était seul, a relaté Lalime. Il m'impressionnait beaucoup. […] Il avait un très bon tir des poignets, mais pas un très bon tir frappé. Mais il avait d'excellentes mains et sa vitesse était incroyable selon moi. Quand il arrivait au centre de la glace en pleine accélération, tu ne pouvais pas l'arrêter. »
Un autre des talents de Hossa était de garder la rondelle loin des défenseurs, que ce soit contre ses propres coéquipiers dans les exercices ou contre l'adversaire. L'ancien défenseur de la LNH Shane Hnidy, qui a joué avec Hossa avec les Sénateurs et les Thrashers, se souvient de la force de Hossa en possession de la rondelle.

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« Il était un de ces joueurs qui sont capables de faire beaucoup de choses avec une seule main sur leur bâton », a dit Hnidy, commentateur pour les Golden Knights de Vegas. « Je ne sais pas si ç'a du sens de dire ça, mais quand on le regardait jouer, il n'avait pas besoin de ses deux mains, une seule était nécessaire sur son bâton. […] Il avait besoin d'une main et de son corps comme bouclier pour protéger la rondelle. Vous ne pouviez tout simplement pas la lui enlever. »
Les Sénateurs ont échangé Hossa et le défenseur Greg de Vries aux Thrashers en retour de Dany Heatley le 23 août 2005. Hossa a connu ses meilleures saisons avec Atlanta, récoltant 92 points (39 buts, 53 passes) en 80 matchs en 2005-06 et 100 points, un sommet personnel en carrière, en 82 matchs en 2006-07. Cette année-là, les Thrashers ont participé aux séries éliminatoires pour la seule fois de leur histoire avant le déménagement de l'équipe vers Winnipeg en 2011.
Bob Hartley, l'entraîneur de l'Avangard d'Omsk dans la Ligue continentale de hockey (KHL), a dirigé Hossa avec les Thrashers pendant cinq saisons. Il a noté que le degré de maturité du jeune homme à l'époque l'avait aidé à faire la transition d'Ottawa à Atlanta.
« Il était un de nos trois meilleurs attaquants et il jouait en désavantage numérique, à 5-contre-5, en avantage numérique, tout en étant responsable offensivement et défensivement, s'est souvenu Hartley. Quand on parle du mot fiabilité, je pense qu'il faut immédiatement penser à Marian Hossa.
« Il comprenait la game. Dans les séances vidéo, tu peux analyser le jeu de la façon que tu veux. Tu peux faire pause pendant 10 minutes et ça semble facile. Mais quand tu es sur la glace, il n'y a pas de boutons pour faire pause ou pour revenir en arrière. C'est de l'action-réaction, et son sens du hockey, sa façon de lire le jeu, ça faisait de lui un joueur étoile. Plus qu'un joueur étoile, en fait. Pour moi, il était un joueur de concession. »
Le 26 février 2008, les Thrashers ont échangé Hossa et l'attaquant Pascal Dupuis aux Penguins en retour des attaquants Erik Christensen et Angelo Esposito ainsi que d'un choix de première ronde en 2008. Hossa a atteint la finale de la Coupe Stanley avec les Penguins, qui se sont inclinés en six matchs contre les Red Wings. Il a refusé de signer un nouveau contrat avec Pittsburgh et s'est plutôt entendu avec Detroit le 2 juillet 2008. La saison suivante, il a de nouveau accédé à la grande finale, qui opposait les deux mêmes équipes. Mais il s'est encore retrouvé du mauvais côté, alors que ce sont les Penguins qui ont triomphé en sept matchs pour soulever la Coupe en 2009.
« Les circonstances auraient pu être différentes si j'avais signé un contrat avec Pittsburgh. Ils n'auraient probablement pas embauché d'autres joueurs et l'équipe aurait été différente », avait commenté Hossa après le match no 7 en 2009. « On pourrait en discuter pendant des heures, mais au final, tout aurait pu être différent, alors je ne regrette pas ma décision. »

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Les Blackhawks ont mis Hossa sous contrat pour 12 ans le 1er juillet 2009. Ceux-ci avaient baissé pavillon en finale de l'Association de l'Ouest la saison précédente et leur équipe était remplie de jeunes joueurs talentueux comme Jonathan Toews, Patrick Kane, Duncan Keith et Brent Seabrook. Ils étaient prêts à franchir la prochaine étape.
« Il était un joueur spécial. On dit qu'on ne voit que chaque 10 ans des joueurs générationnels. J'ai l'impression qu'il était très proche d'en être un, si ce n'était pas le cas, a mentionné Toews. J'ai eu la chance de jouer sur le même trio que lui pendant longtemps. J'en garde de bons souvenirs. C'était tellement amusant et facile de jouer avec lui. Il me soutenait de plusieurs façons différentes.
« Tout ceci étant dit, en tant que joueur, il était une bonne personne et un excellent coéquipier. Il était ce genre de joueur plus vieux vers qui des gars comme moi et 'Kaner' se tournaient. Il ne semblait jamais être déstabilisé ou frustré. Il était toujours calme et avait ce leadership rassurant. Il était lui-même chaque jour et il montrait l'exemple. »
La troisième présence consécutive en finale a finalement été la bonne pour Hossa, alors que les Blackhawks ont défait les Flyers de Philadelphie en six matchs en 2010 pour mettre la main sur un premier titre en 49 ans. Pour ceux qui avaient vu Hossa rater sa chance lors des deux saisons précédentes, c'était un soulagement.
« Tu veux voir ces joueurs gagner, car quand ils sont dans ton équipe, tu sais qu'ils donnent tout ce qu'ils ont. Et c'était le cas pour lui chaque jour avec les Thrashers, a dit Hartley. Quand je regarde sa carrière et les succès qu'il a connus à Chicago, je considère que c'est amplement mérité. C'est comme si les dieux du hockey s'étaient dit : "Nous devons récompenser ce joueur." Il y a tellement de bons joueurs qui ont mis un terme à leur carrière sans avoir gagné la Coupe. Pour 'Hoss', je pense que ce n'était qu'une question de temps. Tout est tombé en place et il a été un élément très important chez les Blackhawks de Chicago. »
Hossa va jouer pour les Légendes internationales lors de la Classique des légendes du panthéon adidas au Scotiabank Arena de Toronto, le 14 novembre. Il enfilera son équipement de hockey pour la première fois depuis qu'il a dû accrocher ses patins il y a quatre ans. Il aura ainsi la chance de mettre en valeur les habiletés qui lui ont permis d'être intronisé au Temple.
« J'ai commencé à me préparer sur la glace avec mon frère (Marcel Hossa). Nous avons fait trois séances de 40 minutes, et j'ai retrouvé le bonheur de tout ça, a mentionné Hossa. C'était étrange pour moi de rechausser les patins après une aussi longue période. Je dois dire que les bottes de ski sont plus confortables. Mais j'ai retrouvé mes sensations assez rapidement. »