SEATTLE- Ç'a été une visite très éclair pour le passage des Canadiens de Montréal et Seattle s'est révélée sous son côté tristounet, avec toute la pluie qui lui est tombée dessus pendant deux jours. On a tout de même été à même de constater que le nouveau mythique monstre marin, appelé Kraken, a déjà conquis le cœur des amateurs de sport.
Le carnet de voyage de Bob
Seattle, la feutrée
Réglons une chose, avant d'aller plus loin. La 32e équipe de la LNH n'a aucune génétique avec sa plus jeune sœur -- les Golden Knights de Vegas qui ont vu le jour en 2017 -- ni ne possède sa personnalité éclatée.
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À Seattle, vous ne verrez pas de danseuses à paillettes qui se déhanchent au son d'une musique tonitruante derrière le but de l'équipe visiteuse pendant la période d'échauffement. Vous ne verrez également pas de savantes mises en scène d'avant-match comme celles mettant en vedette le « chevalier doré » au T-Mobile Arena. Las Vegas est inégalable dans toute sa splendeur et sa flamboyance.
Le Kraken fait dans la sobriété. On croyait voir en débarquant de l'avion les couleurs de l'équipe être tapissées partout à l'aéroport, ou sur la route menant en ville. Or, il n'en est rien. En ville, une marche dans le quartier de l'amphithéâtre ne nous permet pas de deviner qu'une équipe de hockey professionnel vient de s'y implanter.
L'édifice lui-même n'annonce rien de spectaculaire, à première vue. Une structure peu élevée du genre pyramide et d'apparence vieillotte juchée au cœur du complexe de divertissement Seattle Center, à un jet de pierre de la tour Space Needle. Mais attention, sous cette structure se dissimule l'antre du Kraken, un chef-d'oeuvre architectural.
Le Climate Pledge Arena est en fait l'ancien Coliseum ou le Key Arena revampé à coups de centaines de millions de dollars, surpassant le milliard au total, dit-on. Le même Coliseum, construit en 1962, dans lequel j'ai couvert le tournoi de la Coupe Memorial en 1992, mettant en vedette de jeunes Scott Niedermayer, Darcy Tucker, Darryl Sydor et Chris Osgood, qui ont par après tous connu de belles carrières dans la LNH. (Ça ne nous rajeunit pas…)
L'aréna était classé monument historique en raison de son toit atypique, il fallait donc préserver le toit à tout prix. On l'a donc soulevé et suspendu pendant la durée des travaux qui se sont amorcés en décembre 2018. Imaginez le chantier! On a alors doublé la superficie de l'édifice en excavant. La patinoire et la majeure partie des gradins se trouvent sous la terre. C'est le seul amphithéâtre de la LNH où, du haut de la tribune de presse, on peut voir la circulation automobile au travers de majestueuses vitres qui ornent les deux extrémités. C'est de toute beauté!
Un palace vert
Son nom, Climate Pledge, n'est pas celui d'une entreprise, mais la mission environnementale que les propriétaires (Oak View Group) se sont donnée, en partenariat avec la compagnie Amazon, dont le siège social est à Seattle. Le Kraken se targue d'avoir construit l'amphithéâtre le plus écologique de la planète!
La récupération de l'eau de pluie pour la fabrication de la patinoire est un exemple parmi d'autres. En fait, toute l'eau utilisée à l'intérieur de l'édifice est de l'eau de pluie traitée. La clientèle peut s'abreuver gratuitement dans les nombreuses stations d'eau disponibles.
On dit que le système de filtration permet de faire une économie de 20 000 gallons d'eau (plus de 75 000 litres) par événement. En espérant que le modèle fasse des petits partout dans le monde.
Un engouement indéniable
Sur la glace, l'organisation verse également dans la sobriété. Elle a fait le choix de ne pas sélectionner des super-vedettes qu'on lui a tendues sous le nez lors du repêchage d'expansion.
On a préféré choisir les Jordan Eberle, Yanni Gourde, Jonas Donskoi, Jaden Schwartz, Brandon Tanev, Mark Giordano et Philipp Grubauer afin de forger une identité d'équipe vaillante et acharnée.
La recette plaît aux amateurs. Leur engouement est indéniable et ils affichent déjà très fièrement leurs couleurs.
Le Kraken clame avoir les partisans les plus bruyants de la LNH. Ça reste à prouver. Mais ce qu'on a pu constater sur place, c'est que ce sont des connaisseurs. On n'a pas besoin de leur expliquer ce qu'est un hors-jeu ou une infraction. Il faut dire que le hockey a un riche passé à Seattle. Le Kraken a d'ailleurs honoré la conquête de la Coupe Stanley des Metropolitans de Seattle en 1917, en hissant une bannière au plafond du Climate Pledge Arena à l'occasion de la visite des Canadiens, mardi. Les Metropolitans avaient vaincu les Canadiens en finale.
À n'en pas douter, l'organisation fait admirablement bien les choses. Sur le terrain, elle affiche déjà le professionnalisme d'une équipe des ligues majeures. La petite dernière fera rapidement sa place dans la famille de la LNH.